Tel qu'en lui-même marque la fin du cycle romanesque Vie et aventures de Salavin. C'est le cinquième volet de l'histoire de notre anti-héros, qui aura connu bien des déboires, bien des échecs, bien des désillusions.
Pourtant le livre s'ouvre sur un espoir, Simon Chavegrand - c'est notre Salavin détrompez-vous – dans une de ces actions, qu'il a tant attendu et recherché, provoqué même, d'offrande de soi et de complet désintéressement, se jette sous un train pour sauver la jeune fille du coupe Dargoult, dont il vient à peine de faire la connaissance. Des sentiments de gratitude, de reconnaissance, d'amitié se forment chez les Dargoult, que Salavin, esprit torturé et paradoxal, ne semble pas, c'est le moins que l'on puisse dire, chercher à provoquer et à conforter. Dans
Tel qu'en lui-même, Salavin a tout tenté dans un ultime sursaut : il a changé de personnalité, de nom, de séjour, d'habitudes et mêmes d'aspect; rien n'y fait, l'homme reste désespérément seul avec ses démons. Et c'est sur une ultime phrase, de renoncement et d'acceptation, que notre Salavin, ombre de lui-même, amputé d'une jambe, et tellement léger que sa femme le porte dans les escaliers, rend le dernier-souffle, le souffle libérateur, sur ce canapé-lit, témoin de tant de rêveries, divagations et projet fous, voués inexorablement à l'échec.
Un dernier volume de la série, navrant tout de même par son dénouement, et où l'on sent une certaine lassitude chez Duhamel pour ce grand oeuvre qui l'aura occupé douze années.