Je remercie Babelio et Onlit Editions pour le premier roman ‘'
Anna, ici et là'' de
Luc Dupont. J'en profite également pour remercier Onlit Editions d'avoir ajouté à l'envoi un autre roman. Cela fait toujours plaisir ce genre de surprises.
Les critiques du roman, même peu nombreuses, m'avaient intriguées tant elles faisaient le grand écart en termes d'appréciation. le Prix ‘'Fintro Écriture Noires - Mention spéciale du jury'' reçu pour ce premier roman (Jury présidé par
Paul Colize) avait fini par me convaincre d'en découvrir un peu plus.
Anna, jeune auxiliaire de police, est nommée dans un petit village de Toscane. Elle apprécie les grandes marches et est de nature assez curieuse des autres. Elle va devenir notamment amie de Matilda, riche propriétaire et personnage assez énigmatique. Et la terre est souvent sujet de convoitise, que ce soit dans un petit village italien ou ailleurs. Durant la période d'affectation d'Anna, des meurtres vont avoir lieu et son amie Matilda et ses terres pourraient être au centre de l'affaire.
Durant ma lecture, j'ai pu comprendre les avis opposés des précédents lecteurs. Il est vrai que dans ce roman noir (que je ne peux classer comme « roman policier » de par sa nature même) il ne se passe pas grand-chose. Juste quelques morts mais, même cela est narré avec une certaine lenteur et distance, comme un évènement du village parmi tant d'autres (encore que, il est un peu rapide de prétendre qu'il y a beaucoup d'effervescence et d'évènements dans ce petit village).
C'est un de ces romans que je proscrirai aux inconditionnels de l'action et innombrables rebondissements. Pour ma part, cela ne me gêne pas qu'il ne « se passe rien », de ressentir une certaine lenteur à la condition d'y trouver des personnages denses, une bonne part ‘'psychologique'' ou encore des descriptions des paysages, de l'environnement de qualité (poétiques, sociales, etc.).
L'écriture de ce roman peut paraitre un peu déroutante. Plus d'une fois j'ai eu l'impression de me perdre par ces ellipses volontaires. Ce n'était pas tant -selon moi-dans le but de garder un mystère autour de l'énigme policière mais plus pour l'ambiance que cela conférait au roman. J'avais effectivement l'impression de suivre Anna dans ses balades dans la forêt en pleine Toscane ou encore dans ce village avec ses habitants, plus ou moins bourrus ou sociables, ayant tous leurs petits secrets ou leurs petites histoires. Un peu comme on arrive au hasard dans un endroit inconnu, un petit port de pêche par exemple, qu'on se pose à la terrasse du seul bistrot à dix kilomètres à la ronde et qu'on observe avec une certaine curiosité les mouvements et discussions des autochtones.
L'écriture n'était pas déplaisante, une fois les premières pages passées. J'ai d'ailleurs trouvé de la poésie à certaines descriptions. J'aurais cependant aimé que les discussions soient un peu moins embrumées (brumeuses). (Ma très fâcheuse habitude de lire plusieurs romans en même temps est vraiment contrindiquée avec un roman comme celui-là).
Il m'est arrivé de relire plusieurs fois certains passages sans en avoir plus compris le sujet de discussion. Pour ce style d'écriture si particulier, c'est là toute la difficulté : rester dans une ambiance mystérieuse sans pour autant tomber dans le travers du ‘'trop''. Aux yeux de certains lecteurs, complètement perdus, cette lecture pourrait devenir plus fastidieuse que plaisante et ils finiront par lâcher l'affaire (policière ou non). A mes yeux, certains échanges entre Anna et les habitants auraient mérité un peu plus de clarté sans que cela brise cette ambiance.
La dernière partie du roman renoue avec l'énigme policière plus traditionnelle et le dénouement pourrait surprendre les lecteurs qui n'ont pas abandonné en route. Ce serait presque dommage, la Toscane est si belle.