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EAN : 9782072953958
312 pages
Verticales (07/10/2021)
3.94/5   8 notes
Résumé :
« Vous voulez travailler avant ou après la mort ? m’a demandé sans sourciller la dame du bilan de compétences, et moi, comme un con, j’ai répondu : Après. C’est comme ça que je me suis retrouvé à œuvrer pendant trois ans dans les pompes funèbres. Bizarrement, ce métier m’a remis dans le mouvement de la vie. Lent dégel. Comme si j’étais venu me réchauffer auprès des familles endeuillées. »

François Durif imagine une narration itinérante à la manière d’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
François Durif présente, avec "Vide sanitaire, un texte autobiographie aux sujets graves et solennels, au discours acéré et sans détour. Des digressions sont présentes, alimentant la réflexion profonde de l'auteur, mais le ton, la parole, est toujours direct et à vif.

François Durif revient sur les années qu'il a passées en tant que conseiller funéraire aux pompes funèbres L'Autre Rive. Artiste de profession, et après avoir assisté un grand nom du milieu pour des expositions et performance artistiques, il quitte le domaine de l'Art . A Pôle Emploi, sa conseillère après plusieurs entretiens de discussion lui propose de travailler aux pompes funèbre et il accepte, intégrant ce milieu pour le moins particulier.

Le récit qu'il fait de son travail auprès des familles des défunts est intense et riche d'anecdotes et de philosophie. On est confronté à la mort, qui est omniprésente dans ce livre, qui en est le sujet principal, au deuil, aux problématiques matérielles et pratiques qui surviennent après le décès d'une personne. Cérémonies, enterrements, cimetières...

J'ai été particulièrement touchée par l'empathie de l'auteur pour les proches des morts, et pour les personnes faisant appel à ses service de pompes funèbres, son empathie et sa bienveillance. Il porte un regard lucide sur la mort, et sur la vie en général, et un regard sévère et sincère sur sa vie à lui en particulier, plein d'émotions.

J'ai été frappée par l'aisance qu'il semblait avoir dans l'accomplissement de son métier, en lien avec des sujets, des questions, si sombres, lourds et difficiles. Il faisait son travail bien, très bien même, et s'accomplissait à travers lui. Ce sont ces années aux pompes funèbres qui l'ont réconcilié avec l'art, avec son envie d'écrire, son ambition dans le domaine artistique. Comme si l'omniprésence de la mort avait bien mis en évidence l'importance de donner la priorité à la vie, et à la création. Ce que j'approuve totalement.

Enfin, François Durif se confie également dans ce livre sur son homosexualité, sa façon de la vivre dans les années 90, les ravages du Sida, récurrence d'un thème passionnant et fort, qui m'a aussi beaucoup intéressée. Ce livre parle donc de la mort et de l'amour, physique et métaphysique.
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Diplômé des Beaux-Arts, François Durif décide après une expérience mitigée dans le milieu artistique, de passer à autre chose. Il se voit alors poser une drôle de question de la part de la personne qui s'occupe de son bilan de compétences : « Vous voulez travailler avant ou après la mort ? ». Suite à cela, notre homme se retrouve finalement embauché dans une société de pompes funèbres au nom bien poétique : L'autre rive. Durant trois ans, entre 2005 et 2008, il va découvrir ce drôle métier sous toutes ses coutures.

Au fil des pages, l'auteur évoque les visites qu'il organise de temps en temps au cimetière du Père-Lachaise, tout en se souvenant de ses débuts dans le métier, mais aussi des rencontres qu'il a pu faire durant ces trois années, de cette manière si particulière d'aborder la mort avec ses clients, dans un récit qui prend par moment une dimension quasi-philosophique.

Un livre dans lequel on apprend beaucoup de choses sur la question mortuaire, sur la thanatopraxie notamment, ou sur le marché de la mort et tout ce qu'il représente. François Durif nous confie moult anecdotes sur la profession, sur comment il est devenu assistant mortuaire, comment, un jour, il a du gérer un cercueil que l'on n'arrivait pas à fermer, ou encore cette rencontre avec une vielle dame qui a choisi elle-même son cercueil avant de mourir.

Il s'autorise ici et là quelques digressions, sur le monde de l'art ou sur son quotidien, expliquant comment les réseaux sociaux et internet ont changé la manière dont on peut faire le deuil de nos proches… et surtout, il cite régulièrement des artistes ou intellectuels qui comptent pour lui : Michel Foucault, Francis Ponge, Alain Tanner, Chantal Akerman, Pierre Fédida, Franz Kafka et d'autres encore…

Vide sanitaire” un mot qui revient comme un leitmotiv tout au long de ce récit très dense et assez singulier dans sa construction, où il s'adresse parfois à des proches, à des chers disparus, comme cet ami mort du sida, pédé, comme lui… et c'est peut-être quand il évoque son homosexualité et sa fréquentation des lieux de drague gay dans le Paris des années 90, au moment où le SIDA fait des ravages, que sa prose devient la plusieurs passionnante, quand il met de côté ses multiples références – parfois un peu écrasantes – avec un style plus direct, plus cru, plus neveux, aux accents presque “céliniens”.

Un premier roman pas banal, autant par sa forme que par son sujet, pour un auteur qui, a plus de 50 ans, fait des premiers remarqués dans la littérature actuelle.
Lien : https://www.benzinemag.net/2..
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Aujourd'hui je vais évoquer Vide sanitaire récit autobiographique de François Durif. C'est le premier livre de l'auteur qui a une cinquantaine d'années, a été assistant auprès de l'artiste Thomas Hirschhorn, puis croque-mort dans la société L'Autre Rive et enfin organisateur de promenades dans les cimetières. Il est pédé, a traversé les années sida, il évoque dans quelques pages sages ses expériences sexuelles ; ces éléments biographiques sont liés à cette oeuvre iconoclaste et originale.
Le titre Vide sanitaire est une expression qui revient à plusieurs reprises dans le récit à travers diverses acceptions. le texte est une promenade imaginaire, une déambulation dans le monde de la mort. le propos n'est pas morbide ou sombre, François Durif dans cet exercice d'autofiction impudique se balade entre art et littérature. Il débute en évoquant son bilan de compétences réalisé avec Mme Consenza. C'est elle qui lui suggère de suivre une formation dans le domaine funéraire. Pendant plusieurs années il travaille comme croque-mort et organisateur d'obsèques. Il rapporte des anecdotes et raconte son quotidien comme soutien de ceux qui sont affligés de chagrin. Sans préavis il faut décider entre inhumation et crémation, cérémonie religieuse ou laïque, fleurs ou pas. le rôle de l'auteur est de conseiller les clients. C'est à cette occasion qu'il arpente le Père-Lachaise et d'autres cimetières. Dans son récit il écrit se tutoyant : « pendant cette virée au Père-Lachaise, tu voudrais être le plus sincère possible, sans pour autant donner le sentiment de tout déballer. En embarquant cette petite assemblée venue t'écouter, tu n'as pas l'intention d'arranger la réalité, plutôt l'envie de laisser sourdre les forces contraires qui te traversent. » La déambulation littéraire, sous l'égide d'oeuvres connues ou confidentielles, rassemble une poignée de visiteurs qui écoutent attentivement la narration de François Durif. L'homme est profondément humain et attachant ; il n'a pas un ego démesuré, il accepte son sort et met plusieurs années avant d'écrire et de publier Vide sanitaire. Son expérience professionnelle d'employé de pompes funèbres est au coeur de son récit où il raconte les rites funéraires contemporains, les douleurs et les tracasseries. Dans son rôle d'accompagnateur il se révèle proche des familles, il les conseille et les épaule dans les démarches administratives, les met en confiance et noue de ténus liens éphémères. François Durif est un maitre de cérémonie attentionné qui fait preuve d'empathie dans ces moments singuliers. Son contact avec la mort le réconcilie avec la vie. Après quelques années il décide d'abandonner cette profession et revient vers l'art. le ton de Vide sanitaire évolue au fil des chapitres mais l'auteur interpelle le lecteur avec une forte oralité. Au fil de la lecture c'est comme si la progression du récit suivait un parcours sinueux à l'intérieur du cimetière.
Vide sanitaire est un récit surprenant et envoutant. L'omniprésence de la mort n'est pas lugubre, l'artiste réussit une formidable performance en digressant pour construire un texte fort et cohérent.
Voilà, je vous ai donc parlé de Vide sanitaire de François Durif paru aux éditions Verticales.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Un récit détonnant plein d'amour et de grâce et de trivialité parfois. Une compagnie précieuse et douce pour qui a perdu un être aimé (ou mal aimé). Cette promenade littéraire et mortuaire au Père Lachaise est un vrai bonheur d érudition et de sensations, on sent la mousse du temps se déposer sur les tombes
François Durif est un compagnon avec qui l on aimerait faire un bout de chemin littéraire. Puisse t il faire paraître prochainement un nouveau récit.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les jours où j’avais surmonté une intense trouille, j’étais aussitôt parcouru, le soir même, en rentrant chez moi, par une vague de chaleur dans tout le corps, qui m’obligeait à relever la tête et à brûler les émotions de la journée écoulée. J’avais faim, j’avais soif, je n’avais pas besoin d’allumer la télé, j’étais seul, j’étais vide, j’étais plein – à craquer, tout au bord, à côté. Je me disais alors à moi-même : C’est comme si tu te shootais aux obsèques. Je ne sais pas si c’est une drogue dure, mais, à un moment donné, j’ai senti qu’il fallait que j’arrête, c’était trop fort.
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C’est sûr, quand je débarque dans une soirée avec mes histoires de croque-mort, ça détonne, ça fait un appel d’air, mon récit agrippe toujours deux-trois personnes, le récit enfle à la mesure de l’intérêt qu’elles me prêtent, les questions ne tardent pas, les langues se délient, les zones d’ombre s’éclaircissent, je me sens à nouveau ragaillardi. Parler de mort, c’est un peu comme parler de cul, ça intéresse tout le monde, surtout en fin de soirée.
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Video de François Durif (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Durif
« Ce n'est pas le rêve d'une vie, ce sont des moments de vie qui, une fois montés, font récit et expulsent celui qui en est l'auteur. C'est l'histoire d'un ex-croque-mort mis au jour par ses déblais, même. »

À partir de ses notes prises au cours de ses activités funéraires (2005-2008), François Durif agence son récit sous la forme d'une promenade dans les méandres de la partie la plus ancienne du cimetière du Père-Lachaise. Parmi les habits endossés au sortir des Beaux-Arts de Paris, c'est finalement celui du croque-mort qui lui a permis d'éprouver une façon autre d'être artiste sans avoir besoin de revendiquer le beau statut. Un vide nécessaire pour recouvrer sa vitalité et répondre à la question qui le taraudait alors : Y a-t-il une vie après l'art ?
À lire – François Durif, Vide sanitaire, coll. «Verticales », Gallimard, 2021.
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