François Durif présente, avec "
Vide sanitaire, un texte autobiographie aux sujets graves et solennels, au discours acéré et sans détour. Des digressions sont présentes, alimentant la réflexion profonde de l'auteur, mais le ton, la parole, est toujours direct et à vif.
François Durif revient sur les années qu'il a passées en tant que conseiller funéraire aux pompes funèbres L'Autre Rive. Artiste de profession, et après avoir assisté un grand nom du milieu pour des expositions et performance artistiques, il quitte le domaine de l'Art . A Pôle Emploi, sa conseillère après plusieurs entretiens de discussion lui propose de travailler aux pompes funèbre et il accepte, intégrant ce milieu pour le moins particulier.
Le récit qu'il fait de son travail auprès des familles des défunts est intense et riche d'anecdotes et de philosophie. On est confronté à la mort, qui est omniprésente dans ce livre, qui en est le sujet principal, au deuil, aux problématiques matérielles et pratiques qui surviennent après le décès d'une personne. Cérémonies, enterrements, cimetières...
J'ai été particulièrement touchée par l'empathie de l'auteur pour les proches des morts, et pour les personnes faisant appel à ses service de pompes funèbres, son empathie et sa bienveillance. Il porte un regard lucide sur la mort, et sur la vie en général, et un regard sévère et sincère sur sa vie à lui en particulier, plein d'émotions.
J'ai été frappée par l'aisance qu'il semblait avoir dans l'accomplissement de son métier, en lien avec des sujets, des questions, si sombres, lourds et difficiles. Il faisait son travail bien, très bien même, et s'accomplissait à travers lui. Ce sont ces années aux pompes funèbres qui l'ont réconcilié avec l'art, avec son envie d'écrire, son ambition dans le domaine artistique. Comme si l'omniprésence de la mort avait bien mis en évidence l'importance de donner la priorité à la vie, et à la création. Ce que j'approuve totalement.
Enfin,
François Durif se confie également dans ce livre sur son homosexualité, sa façon de la vivre dans les années 90, les ravages du Sida, récurrence d'un thème passionnant et fort, qui m'a aussi beaucoup intéressée. Ce livre parle donc de la mort et de l'amour, physique et métaphysique.