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3,63

sur 388 notes
...Et si ça arrivait?
Beau graphisme, ton et propos justes et extrêmement bien documentés , un scénario plausible.
Une BD de grande qualité à lire !
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Un roman graphique très dense nous parle de politique fiction.
Pour départ, les élections présidentielles dans notre pays qui décident de l'avenir de notre pays pendant cinq ans.
Partant de la définition du terme « uchronie », « récit imaginaire prenant comme base de départ une évolution alternative de l'Histoire » on peut constater que notre constitution qui fixe les règles de cette élection, qui elle même constitue un point de départ historique pour construire une fiction imaginant une reconstruction historique des événements.
Il s'agit donc bien d'une uchronie destinée à nous faire réfléchir s'il en était encore besoin sur les dangers d'une idéologie malsaine flirtant avec le populisme destinée à séduire les laissés pour compte de notre société.
Le scénario est très bien construit et malheureusement crédible …
Les dessins rendent le propos fluide et l'intègre dans notre quotidien avec les grandes planches nous offrant des panoramas complets de l'actualité.
« La présidente » a pour base l'élection de 2017,
« Elyzée » nous parlera de 2022,
En cette fin d'année 2022, nous sommes passés à côté de ces périls mais qu'en sera-t-il pour 2027 ?
Le péril reste à notre porte, on entend toujours « Bon, et si le Pen l'emporte, ça fera quoi ? Ça peut pas être pire que maintenant ! » …
Peut on espérer qu'à la lumière d'un des projets du RN :
« Faire avec la Russie, une alliance stratégique poussée, fondée sur un partenariat militaire et énergétique approfondi » fasse réfléchir nos concitoyens à la folie d'une telle perspective !
Direction le tome 2
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Et si Marine le Pen était devenue Présidente de la France en 2017 ? C'est à partir de ce point de divergence que commence le récit de cette bande-dessinée. Un récit voulu par François Durpaire le plus proche de la réalité, qu'elle soit politique, économique et sociale.
On peut dire que de côté-là le contrat est rempli : l'auteur s'appuie tout d'abord sur le programme de Marine le Pen de 2017 mais également sur des spécialistes (économie, politique étrangère...) pour étayer son histoire.
Le discours est volontairement sombre (il annonce que c'est une dystopie) avec une Marine le Pen pouvant mettre en place son programme sans aucune opposition : État policier, contrôle de la population, arrestations diverses, expulsions nombreuses, isolement de la France... bref, tout ce que le FN avait prévu en étant au pouvoir. On peut imaginer que ce scénario n'est qu'une possibilité par rapport à de nombreuses autres où le gouvernement élu n'aurait pas les mains aussi libre.
En tout cas je suis agréablement surpris par le ton alarmiste mais à la fois très bien documenté de cette prise de pouvoir.
Le récit est captivant et nous tient en haleine jusqu'à la fin de ce premier tome où la France glisse de plus en plus dans un Pays totalitariste. C'est emmené de façon progressive et très réaliste et c'est ce qui fait la force de cette BD et le côté angoissant de l'histoire.
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Je suis un profane du genre bande-dessinée, nécessairement du genre B-D. d'anticipation politique, aussi me semble-t-il malaisé de critiquer ce type de création. En effet, il s'agit non seulement de juger le contenu et la manière dont il est amené, son aspect graphique, bien sûr, mais aussi et surtout, de se départir de nos sensibilités quant au FN; aux auteurs du livre, tout en gardant dans un coin de la tête que ceux-ci ne sont pas exempts de biais, d'autant que l'auteur principal du livre, le journaliste socialo-communiste spécialiste des États-Unis François Durpaire, n'est pas réputé pour son impassibilité idéologique. Il s'agit aussi de garder en tête que le sujet traité, malgré l'aspect ludique sous lequel il est traité, est grave. Trop grave pour être abordé à la va-comme-je-te-pousse, or ce livre, a priori rigolo et sympathique, a toutes les caractéristiques d'une arme politique par destination. Alors que les auteurs faisaient la tournée des plateaux de télévision et de radio pour la promotion du livre, dès qu'il le pouvait, Durpaire ânonnait que « La Présidente » se voulait tout à fait « neutre et objectif » dans son idée d'anticiper une application stricte du programme politique et économique du Front National en cas de victoire en 2017. Ce rôle n'est que très partiellement rempli quand il n'est pas carrément lacunaire, nian-nian ou exagéré, si ce n'est les trois à la fois.




D'abord, les points positifs

Le dessin est joli, en noir et blanc et très contrasté, je me suis plusieurs fois demandé comment Farid Boudjellal l'avait produit. J'ai cependant l'impression que ce dernier a utilisé, en plus du dessin au crayon qui représente peut-être 80% du livre, plusieurs autres outils et notamment l'outil informatique, car certaines planches semblent avoir été simplement « postérisées » sur photoshop ou quelque autre logiciel de traitement d'image à partir de véritables photos (exemple à la page 56, lors du premier Conseil des ministres).


Il y a de l'humour si l'on est tant soit peu bon public. Je me suis surpris à rire plusieurs fois, notamment sur le personnage de Philippot; les commentaires de Marine le Pen sur les portraits présidentiels; les commentaires politiques p22-23, assez fidèles à ce qu'ils pourraient effectivement dire en cas de victoire FN, enfin, l'arrestation des rappeurs et l'apparition surprise style « coucou c'est nous ! » de Soral, Dieudonné et Roucas à la Garden party de l'Élysée, invités par le Pen père qui « a dû batailler ferme » pour les y faire inviter. Notons également la présence de Jean-Luc Godard et de Brigitte Bardot, Bardot.


Les interventions, le ton et les réactions de Marine le Pen me semblent justes comparés à ceux de la véritable, excepté pour l'épilogue. Je vois très mal Marine le Pen soucieuse et dire « Je ne sais pas », mais pourquoi pas. Il faut avouer que c'est une fin choc, toutefois totalement irréaliste, voire surréaliste (enlèvement de Philippot; tentative de putsch par le Bloc Identitaire).

Une bonne idée que celle de faire des chronologies thématiques ! En l'occurrence ici mises en scène par le truchement des chaines d'information (chronologie de faits, au demeurant très douteux, du Front National; de la mise en place de l'état d'urgence etc.). Mais une fois encore, tout ceci pêche par ses carences en objectivité et en rigueur. La sphère FN a le dos large, aucun examen de conscience n'est établi pour toutes les autres personnalités politiques assez présentes dans le livre, si bien que cela donne l'impression qu'une impunité est accordée aux autres politicards qui ne gravitent pas autour de la galaxie FN, et que cela seul suffisait à les rendre formidablement vertueux et dignes. Au final, soit l'on ressort de ce livre en se disant que le FN est un parti comme les autres, soit en ayant envie de le défendre ou le combattre davantage. Au cours de leur passage sur le plateau d'On n'est pas couché François Durpaire et Farid Boudjellal ont bien précisé que leur cible se situait chez les abstentionnistes et les hésitants. Il me semble que c'est raté.

Enfin, en tant que sympathisant FN, toute la partie électorale jusqu'à la passation de pouvoir, « l'intronisation », mot étrange pour une République, m'a donné beaucoup de joie et de frissons : comme si j'y étais.

Oui, tout cela serait rigolo et sympathique si le livre ne nous était pas vendu comme un tract d'information à l'orée de l'éducation politique « neutre », je cite l'avant-propos : « Mon projet avec ce livre est de montrer, de la manière la plus précise possible, l'enchaînement qui suivrait l'arrivée du FN au pouvoir. ». Je cite les remerciements : « Emmanuel Lechypre, Ulysse Gosset, Thomas Legrand et Patrick Cohen », si j'avais été un peu plus jeune et moins précieux, j'aurais crié au « LOL ». Je n'ai pas non plus listé tous les mots éculés et poncifs jouant sur les cordes de la sensibilité tels que « repli; peur; fascisme » lancés arbitrairement comme des mantras, bonjour l'objectivité ! Si Durpaire avait fait l'effort de réflexion consistant définir ce qu'est le fascisme et à déterminer des corrélations avec le Front National, assez pour qu'on puisse légitimement le taxer de parti fasciste, s'il avait fait cela, il n'aurait rien publié pour cause d'indigence.

J'ajoute que l'auteur parle « d'uchronie », or il n'en est rien. Une uchronie est une reconstruction historique fictive à partir d'un fait historique qui aurait eu des conséquences différentes si les circonstances avaient été différentes. Il ne s'agit pas (encore) d'un fait historique, et il y a même peu de chance qu'un seul vingtième du livre en devienne un, un jour. À la limite, mais cela dépend également de là où l'on se situe, peut-être pourrions-nous parler de dystopie.

Points négatifs

L'histoire d'une famille « moderne » en toile de fond : Fati, Antoinette, Tariq et Stéphane.

Mon Dieu, comment dire … Peut-on sérieusement faire plus stéréotypé ?! Ou quand cette volonté de multitude développe une forme d'uniformisation.

Tariq, je crois que c'est le cousin de Stéphane, typé maghrébin, je ne sais pas si c'est le cas mais il appelle Antoinette « mamie » et est toujours claquemuré chez elle. Personnage sans beaucoup de personnalité, tout au moins débonnaire avec une pointe de cynisme, il est cependant toujours stimulé par les idées de Stéphane et l'épaule dans son combat.

Stéphane, au chômage et activiste de gauche monte un blog pour « entrer en résistance » (le blog s'appelle par ailleurs « Résistance », cliché) contre la « menace fasciste ». Il se fera arrêter par la police pour ses activités politiques et se mettra à tout écrire en manuscrit au stylo pour être prudent, pensant qu'il est écouté et regardé (cliché, notons par là même que c'est le gouvernement socialiste actuel qui a voté les lois liberticides auxquelles le FN n'a pas souscrit).

Fati, d'abord, petite immigrée et étudiante en droit, vit en collocation avec la vieille Antoinette (cliché), sa carte de séjour arrive à expiration. Elle finira par se faire expulser par le FN alors qu'elle vivait le parfait amour avec Stéphane (cliché), petit fils d'Antoinette;

Antoinette, jeune résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, progressiste et revancharde de 94 ans au bocal survolté, confinant parfois à la sénilité. Elle prodigue des conseils aux pseudo-résistants du web (Tariq et Stéphane, et cliché), elle mourra d'une syncope après avoir ressorti le fusil mitrailleur qu'elle portait dans le maquis, voyant poindre la « menace fasciste » en la personne de Marine le Pen (cliché).

Bref, ce méli-mélo décousu de générations, d'ethnies, de nationalités, de « jeunisme » mal dégrossi et d'idéologies mal comprises … Tout cela est tellement peu représentatif de la société réelle que cette bande-dessinée n'est qu'un recueils de petites miniatures d'Épinal, des instantanées de propagande. Et j'ose à peine aborder les dialogues, absolument ri-di-cules, sommaires et d'une platitude à vous faire entrer dans la deuxième dimension. C'est par ailleurs cette partie qui sape totalement tout le reste du travail, les objectifs que les auteurs s'étaient fixés tombent sous les coups de ce pourquoi les quidams votent FN : le pathos exacerbé jusqu'à la moelle.

Beaucoup de points sont absurdes :

- L'on reproche à Marine le Pen de mettre en branle l'état d'urgence, or, je ne vous fais pas un dessin …
- Même chose pour la restriction des libertés, ce n'est pas le FN qui l'a votée. de même qu'il est très facile de faire croire que le FN pourrait en abuser plus qu'un autre. Nul ne le sait.
- Gérard Longuet Premier ministre, sérieusement ?!
- Putsch du Bloc Identitaire. C'est dans le programme du FN ça ? En tout cas les auteurs ont beaucoup d'imagination parce que ça, franchement, c'est totalement absurde. D'ailleurs nous voyons là qu'il ne s'agit pas que d'un simple livre qui se contenterait seulement de « retranscrire point par point le programme du FN » sur une réalité fictive, en effet les auteurs prennent beaucoup trop de libertés compte tenu de la thématique du livre et de l'axe revendiqué par ces derniers.
- L'enlèvement de Philippot.
- Les arrestations arbitraires.
- « Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. » est un argument d'autorité racoleur suscitant la peur, ironie du sort, et qui, en plus de ne rien apporter sur le fond n'a rien à faire là, encore moins en couverture ! Cela démontre la velléité première du livre : un livre militant qui incite à une pseudo « vigilance » contre quiconque oserait venir gâcher leur Garden party à eux.
- Enfin, la partie économique est plus ou moins juste, uniquement si l'on part des postulats de l'auteur, notamment celui qui consiste à partir sur l'idée que la France est nécessairement condamnée à subir les désidératas de plus grandes puissances qu'elle et que sans union monétaire, elle n'est plus rien, notamment face à la mondialisation. L'auteur ne prend pas en compte les centaines de leviers (politiques et institutionnels, économiques, culturel, sociaux etc.) que les partis pourraient manier afin d'éviter quelque catastrophe.
De même que du fameux argument de la « fuite des investisseurs » commence à me courir. Les marchés boursiers et investissements sont bien trop dynamiques pour créer une telle catastrophe économique en France, les marchés sont trop humains, certains investisseurs sont prudents et se retireront quand d'autres investiront, pensant jouer un coup etc. C'est oublier les dépendances économique des uns et des autres en matière d'agriculture (PAC, qui fonctionnait très bien avant la création d'une Union européenne politique), de savoir-faire etc. C'est aussi oublier l'attractivité économique de la France sur le terrain du luxe, de la recherche, du tourisme, de l'armement etc. Nous ne sommes pas un petit pays sans histoire et notre culture ainsi que notre savoir-faire sont répandus à travers le monde.

Faisons-nous confiance, bon sang !
Et arrêtons de nous vautrer dans une morale d'esclave !

En conclusion, la morale du livre pourrait se résumer en cette phrase qu'Antoinette dit à Fati alors qu'elles sortent toutes deux du bureau de vote (p.6) : « Moi qui adore le progrès malgré mes 94 printemps bien tassés, je viens de voter pour que surtout rien ne bouge ! ». Surtout, ne changez rien ! le plus gros problème de ce livre réside essentiellement dans son postulat de départ : que le FN au pouvoir se muerait en un parti fasciste à cause du Bloc Identitaire, et je n'évoque même pas celui tendant à imaginer une Marine le Pen au pouvoir en 2017, auquel je ne crois pas. Donc forcément, tout ce qui en découle ne peut être que grossier et peu adéquat à quelque future réalité d'autant que ce livre, je le répète, ne suit pas complètement le programme du FN sinon l'incruste dans une situation sociale, économique et géopolitique imaginaire puisqu'elle se passe en 2017. On ne peut pas prévoir l'état dans lequel sera la société en mai 2017.

Un travail d'anticipation à court-terme, exercice beaucoup plus difficile qu'il n'y parait tant il ne s'agit pas d'imaginer grands mouvements de masses sur des décennies, exercice en l'occurrence totalement loupé.

Un décorticage du programme du FN très sporadique dont les extraits semblent n'avoir été sélectionnés que pour servir l'idéologie des auteurs du livre, que Durpaire, socialo-communiste avéré, a imaginé, écrit et supervisé. Rappelons qu'il n'est que journaliste spécialiste des États-Unis et, même s'il en a en tant que citoyen, il n'a de fait aucune légitimité en tant que journaliste pour commenter ce sujet. Or, il utilise son statut pour faire autorité, et même si, me dira-t-on, « c'est de bonne guerre », il n'en reste pas moins qu'il s'agit là ni plus ni moins d'un abus de pouvoir.

Cette histoire de Bloc Identitaire me semble saugrenue, même si elle permet d'alléger le cliché « FN = fascisme », en tant qu'il y aurait somme toute plus fasciste qu'eux. Ce livre prend clairement parti et pose ses propres postulats comme des vérités. Durpaire a pris beaucoup trop de liberté sur le scénario pour que son livre puisse faire office de manuel.

Donc à ceux qui cherchent quelque chose de sérieux sur le sujet, passez votre chemin, et à ceux qui par curiosité, comme moi, pensaient pouvoir se divertir sans s'arracher la tignasse, l'auteur ayant revendiqué un « véritable » effort d'objectivité qui m'a séduit a priori et qui n'était finalement qu'un argument de vente sinon d'autorité, eh bien ! je suis dans le regret de vous dire que pour ce prix là vous auriez pu aller chez le coiffeur. Pour ma part, c'est un ami me l'a prêté.
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La Présidente est une oeuvre de politique fiction comme je les affectionne. Elle part du postulat que c'est Marine le Pen qui va gagner les élections présidentielles de 2017 en France. Ainsi, l'auteur pense qu'elle réussira à franchir le fameux plafond de verre dont les médias ont tant parlé.

Le constat actuel est pourtant que son parti dispose que d'assez peu d'élus sur l'ensemble du territoire, que les scores aux différentes élections ont considérablement varié avec un maximum de 24,86% aux élections européennes, voir 28% au premier tour des régionales avec une nette déficience sur les réserves de voix. Il est vrai qu'un tiers des français sont plutôt favorables à ses idées. Il suffit juste que je regarde autour de moi: il y a ma hiérarchie professionnelle composée de hauts cadres et non des piliers de comptoir, ainsi que la plupart de mes collègues ainsi que des connaissances proches auxquelles je n'aurais jamais pensé et enfin certains membres de ma propre famille. Bref, ils sont déjà bien implantés dans la société avec des idées telles qu'on est chez nous, la préférence nationale, l'arrêt de l'assistanat etc...

Pourtant, j'ai un peu de mal à y croire. le scénario se base sur un affrontement entre Marine et Hollande. Or, ce dernier vient de se retirer de la course il y a quelques jours de cela. Par ailleurs, un autre ancien président de la République, de droite cette fois-ci, n'a pas passé le cap des primaires de son parti dont il était pourtant également le chef de file. Bref, plusieurs des hypothèses de l'auteur ne se sont pas vérifiés pour réunir les conditions à l'élection de Marine le Pen. Pour autant, il n'avait pas vu l'émergence de Juppé alors qu'en 2015 il était le grand favori des sondages. Il voyait Fillon à la présidentielle mais avec des candidatures dissidentes à droite et au centre (Bayrou). de plus, il voyait l'élection d'Hillary Clinton aux Etats-Unis sans prévoir la vague du populiste Donald Trump. On ne peut pas dire qu'il avait tout faux ou parfois, cela a dépassé ses prévisions.

J'avoue que moi-même, je ne pensais pas qu'il y aurait un Brexit ou une élection américaine qui porterait un milliardaire mégalomane à la tête de la première puissance mondiale. le constat que je me fais est sans appel: tout est désormais possible. Si cela n'a pas lieu en 2017, alors cela pourrait se produire en 2022. Bref, c'est une lente marche inexorable vers une fausse nouveauté pour des jeunes qui n'ont jamais connu les années noires.

Je me suis demandé ce que penserait le tiers des français qui lirait cette bd très engagée dans un combat contre l'extrême-droite. Ils ne vont pas aimer, c'est certain et ils diront que c'est une caricature haineuse et mensongère. Mais après tout, c'est bien l'échec de la droite et de la gauche qui vont conduire à ce résultat déplorable.

Je pousse le raisonnement plus loin: à quoi sert de lire cette bd si on est déjà convaincu que cela serait un mal pour le pays ? Est-ce une énième alerte salutaire et lucide ? J'avoue quand même avoir été assez surpris par la fin du premier tome. C'est une thèse qui a été jusqu'ici peu exploitée et qui est très intéressante. Je ne la dévoilerais pas pour ne pas spolier et vous donner l'envie de la découvrir. Cela fait peur, c'est tout ce que je peux dire.

C'est une projection dans l'avenir qui est cohérente, intéressante également et bien imaginé. C'est assez riche et documenté. J'ai bien aimé la lettre de Fati à l'attention de la mamie bienveillante Antoinette qui fut jadis une résistante. Je comprends fort bien ces français de coeur ayant un nom d'origine étrangère et qui se verront peut-être chassé du seul pays qu'ils ont connu. Est-ce que l'on tombe pour autant dans le catastrophisme ? Seul l'avenir nous le dira. Cependant, on ne pourra pas dire qu'on nous avait pas prévenu. Il y a d'ores et déjà trop de signes nauséabonds.
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La Présidente est une bande dessinée de politique-fiction signée François Durpaire au scénario et Farid Boudjellal au dessin. Dans cet album publié en 2015, un peu moins de deux ans avant les élections présidentielles de 2017, ils imaginent l'élection de Marine le Pen comme Présidente de la République, les premiers mois de son mandat et les effets de l'application de son programme présidentiel.

" Et si le 7 mai 2017, d'une poignée de voix, Marine le Pen était élue Présidente de la République ?

L'universitaire et historien François Durpaire et le dessinateur Farid Boudjellal racontent l'onde de choc qui suivrait en France et en Europe.
Aidés d'une équipe d'experts, ils nous font assister à l'inimaginable : l'intronisation de Marine le Pen, la composition d'un nouveau gouvernement, l'application minutieuse et à marche forcée du programme du Front National.

Née de la guerre d'Algérie, la Ve République donne au Chef de l'État les pouvoirs les plus étendus de toutes les démocraties du monde. Comment Marine le Pen pourrait-elle en profiter ? Quels contre-pouvoirs pourraient s'y opposer en France et en Europe ? "

Je n'ai pas eu la chance de découvrir cette bande dessinée avant l'élection présidentielle de 2017, je ne saurai donc jamais si j'aurais pu être convaincu par le scénario envisagé par l'auteur si je l'avais lu avant le vote. Dans son avant-propos, François Durpaire présente les hypothèses qu'il a prises pour permettre l'accession de Marine le Pen à l'Elysée : « une victoire de Nicolas Sarkozy aux primaires de la droite, l'émergence d'une forte candidature centriste, voire d'une candidature dissidente chez les Républicains, l'élimination du candidat Sarkozy suite aux divisions de la droite, puis l'absence de report des voix de droite vers le candidat de gauche, François Hollande ».

On le sait, cela ne s'est pas passé ainsi. Nicolas Sarkozy n'a pas remporté les primaires à droite, et si une candidature qualifiée de centriste a effectivement émergé avec Emmanuel Macron, le candidat en question a fait mieux que menacer le candidat de droite et l'empêcher d'accéder au second tour au profit de François Hollande, il s'est lui-même qualifié pour battre Marine le Pen au second tour, profitant à la fois de la faiblesse du candidat Fillon embourbé dans les affaires et de la gauche sociale-démocrate après le renoncement de François Hollande.

Ainsi, François Durpaire n'a pas visé totalement juste, mais était-ce vraiment l'objectif ? D'ailleurs, il ne s'est pas trompé sur tout. Quand on lit dans l'album les manoeuvres de Marine le Pen pour diviser la droite en vue des législatives en nommant un Premier Ministre issu des Républicains et attirant autour d'elles des figures de la droite compatibles idéologiquement avec elle, on ne peut s'empêcher de penser à Emmanuel Macron nommant Edouard Philippe et ralliant à lui des personnalités de la droite dite modérée pour rejoindre son gouvernement.

Bref, l'essentiel est ailleurs. Cette bande dessinée vise un objectif principal : imaginer ce qui pourrait se passer en France et dans le monde en cas d'accession de la candidate d'extrême-droite à la fonction suprême. Pour cela, l'auteur s'appuie directement sur les mesures décrites dans le programme du FN (pardon, RN désormais) et tente d'en analyser les conséquences économiques, sociales, diplomatiques, etc. Evidemment, l'exercice ne peut pas être totalement neutre, et les auteurs ne cachent pas leurs opinions, nettement défavorables à Marine le Pen.

L'exerice est forcément périlleux mais le résultat est esaisissant et glaçant. J'ai trouvé les illustrations assez pauvres, quoique très ressemblantes quand il s'agit des portraits des nombreuses personnalités politiques et médiatiques qui apparaissent dans l'album. le récit par contre est captivant. Rien de tout cela ne m'a semblé complètement délirant, et c'est sans doute le plus inquiétant.

Je sais que deux autres tomes ont été publiés pour faire suite à celui-ci, je vais tenter de les emprunter prochainement à la médiathèque pour découvrir la suite de cette politique-fiction en bande dessinée.
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De la politique fiction : le 7 mai 2017, Marine le Pen est élue Présidente de la République française.
A partir de ce fait, François Durpaire et Farid Boudjellal, dessinateur, décrivent ce que seraient les cent premiers jours de cette Présidente.
Des transfuges de droite se sont ralliés (Nadine Morano et Gérard Longuet qui est nommé Premier ministre) !!!
Dans la première garden-party à l'Elysée, nous croisons Eric Zemmour, Brigitte Bardot...
Le programme du Front national est appliqué avec détermination (priorité nationale pour l'emploi, diminution drastique de l'immigration, baisse des aides sociales...).
Sortie de l'euro, surveillance de la population et chaos économique.
Le dessin est basé sur des photographies. Bel effet de réalisme.
On rit...mais on tremble aussi !
A lire.
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L'auteur décortique une partie du programme du FN, imagine l'application des mesures phares de ce parti. Il s'appuie, selon ses dires - en réalité je n'ai pas été vérifier - sur les connaissances de différents spécialistes. J'ai d'abord eu du mal à entrer dans cette histoire - surtout avec la caricature de la mamie résistante, qui donne une sorte de contre-mesure du bien contre le mal - mais progressivement, je me suis laissée prendre au jeu. J'ai trouvé les propos de l'auteur réalistes et plutôt bien documentés. de plus, les graphismes cadrent bien avec l'ambiance de cette bande-dessinée.

J'ai essayé d'être objective - comme l'auteur a essayé de l'être, sans succès - prenant cette oeuvre pour ce qu'elle est: une oeuvre d'anticipation, et donc, par définition, de fiction. Mais il est difficile d'être objective/objectif face à des propos et des décisions de vie qui nous concerne même si cela aurait été judicieux. Et pour celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans les valeurs du Front National, cette histoire est angoissante. D'autant plus que la réalité pourrait aisément rejoindre la fiction. Or ; certaines anticipations de l'auteur sont déjà obsolètes. Pour savoir ce que l'avenir nous réserve, il faudra patienter encore quelques mois...
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L'histoire commence au matin du second tour des élections présidentielles de 2017 et les challengers sont F. Hollande et M. le Pen.
Nous sommes loin d'une utopie à la Houellebecq... L'auteur se base sur des points du programme du FN pour les démonter et surtout démontrer que cela ne fonctionnera pas: dévaluation du franc, hausse du chômage, expulsion par avions entiers, surveillance généralisée....
L'histoire s'achève moins d'un an après la victoire du F Haine sur un enlisement du pouvoir. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas....
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Bluffant! C'est le terme qui me vien talors que j'étais sceptique. Les auteurs ont analysé avec intelligence le programme du FN (avec extraits à l'appui) et montrent ce que donnerait son application si Marine le Pen devait devenir présidente (supposition de moins en moins utopique). Des experts et journalistes sont cités et mis en scène, des chiffres avec sources aussi, on est bien loin d'un brûlot politique. Les auteurs sont honnêtes, les autres politiques s'en prennent dans la face aussi (leur immobilisme, Les Républicains en crise, le clivage éculé gauche-droite...). le tout est relevé par la vie d'une famille "résistante" et multiculturelle qui bien qu'attachante à un côté "too much " et trop explicatif ("OH mais rappelle-toi..." "Attends je t'explique...") mais elle est nécessaire pour montrer le quotidien déçue qui pourrait être celui des Français en 2017.
Si l'épilogue est dispensable, le portrait d'une France bleu Marine est saisissant et glaçant, impression rehaussée par l'utilisation seule du noir et blanc.
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