Pour ceux qui hésiteraient par crainte d'être déçus à la lecture d'une oeuvre inaboutie ou maladroite, je l'affirme : N'AYEZ PAS PEUR!
Ce roman porte en lui toute la force, le talent, la subtilité complexe d'un grand écrivain, en apportant un éclairage sur sa personnalité originale et tourmentée.
Etranger dans son propre pays, Durrell est sensible a des influences qui lui permettent de porter un regard critique sur l'Empire colonial, la dureté de l'éducation anglaise, la petitesse de son insularité.
Malgré le titre sirupeux, ne vous y trompez pas : ces pages ne sont pas une liqueur pour lady sentimentale, mais le récit d'une enfance libre qui refuse le poids des conventions.
Commenter  J’apprécie         190
Il s'agit du premier roman de Durrell, qui n'avait jamais été traduit en français. Et la quatrième de couverture précise que l'auteur s'opposait à le réédition de ce livre de son vivant, à cause d'éléments autobiographiques très présents.
C'est en quelque sorte un roman d'apprentissage. Un garçon né en Inde, orphelin de mère, est élevé dans une grande liberté aux pieds de l'Himalaya. Mais, vers la fin de l'enfance il est envoyé en Angleterre pour y suivre des études dans un collège. Il a du mal à s'y faire, et à la mort de son père il abandonne l'école, mène une existence précaire tout en cherchant sa voie.
Il y a indéniablement des éléments qui proviennent directement de la vie de l'auteur dans le livre, ce qui est très fréquent dans les premiers romans. Et c'est sans doute l'intérêt essentiel de cette oeuvre, enfin pour ceux qui apprécient Durrell. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, ce n'est certes pas la meilleure façon de l'aborder. Il n'a pas encore vraiment trouvé son écriture, ni une véritable maîtrise de l'art romanesque dans ce livre. Cela pêche à mon sens un peu au niveau de la construction, certaines parties sont tout de même déjà pas mal abordées ailleurs (les conditions de vie au collège, les souvenirs d'enfance libres proches de la nature...). L'auteur se cherche de toute évidence. Il se trouvera plus tard, et arrivera à mettre un peu plus de distance, ou de maîtrise dans l'écriture entre sa vie et ses écrits.
Plus réservé aux inconditionnels de l'auteur, qui peuvent y trouver des éléments intéressants. Très honnêtement, un livre qui n'aurait pas été ressorti de l'oubli s'il n'était pas de Durrell.
Commenter  J’apprécie         10
Une petite douceur ......
A lire sans modération
Avec excès
Commenter  J’apprécie         20
Si Petite Musique… n’a pas toujours la densité des grandes œuvres de Durrell, il est cependant une parfaite introduction à cet univers.
Lire la critique sur le site : Liberation
Ecrit à 20 ans, le premier roman de Lawrence Durrell annonce déjà ce que sera plus tard comme l'une des plumes importantes du siècle.
Lire la critique sur le site : Lexpress
L'école enseignait un si grand nombre de matières que Walsh commençait à douter que toutes fussent d'une réelle importance. Mais surtout elle apprenait à supporter la vie d'une société conservatrice, ignorante et étriquée, dont presque toues les règles (non écrites) et consignes (imprimées) étaient parfaitement ineptes.
Elle fut réveillée en sursaut par ces mots, hurlés dans sa tête. Non. Pas fautive. Les circonstances avaient joué contre elle. Les circonstances. Un mot inapproprié pour résumer de maudites défaillances... la faim, la peur, la lassitude... Les circonstances. L'écho se prolongea dans le silence. Elle espérait être assez forte pour chasser le cri de sa tête, mais cet espoir la mettait au supplice car elle se savait trop faible pour le satisfaire. Un immense apitoiement sur elle-même l'envahit. Elle murmurait par intermittence sa vaine consolation : «Pas fautive. Pas fautive.» Ses lèvres étaient à vif, craquelées.