Lorsque l'homme aura été entièrement adapté à cette société, lorsqu'il aura fini par obéir avec enthousiasme, parce que persuadé de l'excellence de ce qu'on lui fait faire, la contrainte d'organisation ne sera plus ressentie, à la vérité elle ne sera plus contrainte, et la police n'aura plus que faire. La bonne volonté civique et technicienne et l'enthousiasme du mythe social, créés par la propagande, auront résolu définitivement le problème de l'homme.
Nous l'avons déjà dit d'ailleurs la propagande est, elle aussi, une technique. Nous consacrons de nombreuses pages à expliquer comment la propagande est dans le monde actuel une nécessité à laquelle il n'est guère possible d'échapper. Ici, l'expérience m'a révélé la source d'un insondable malentendu. L'homme moderne est habité par la religion du fait, c'est-à-dire par l'acceptation du fait, contre lequel on ne peut rien ; par la conviction que ce qui est, est bon ; par la certitude que le fait est en soi preuve et démonstration ; par la soumission des valeurs aux faits ; par l'obéissance envers la nécessité, qui d'ailleurs est assimilée au progrès. Or, cette attitude idéologique stéréotypée conduit inéluctablement cet homme à confondre le jugement de probabilité et le jugement de valeur. Parce que le fait est critère, il faut que ce fait soit bon.
Il est assez courant d'obéir à des jugements éthiques sur les fins, qui
rejaillissent sur la propagande considérée comme moyen. La Démocratie étant bonne, la Dictature étant néfaste, la propagande au service de la démocratie est bonne, même si en tant que technique elle reste identique: elle change de caractère, et presque de nature, en changeant de cadre et d'objet.(...) Nous avons répudié cette attitude (...) Il y a seulement des moyens un peu plus ou un peu moins perfectionnés, utilisés ; il y a des organisations plus ou moins efficaces, mais cela ne modifie en rien le fond du problème, car ceux qui ont accepté le principe de la propagande, qui adoptent la méthode, seront forcément amenés à l'organisation et aux méthodes les plus efficaces
Il convient enfin de dire que nous prenons le terme de propagande dans son sens le plus large. Nous étudierons ici des notions
diversifiées par des étiquettes :
L'action psychologique : l'auteur tend, par des moyens purement psychologiques, à modifier des opinions ; le plus souvent il poursuit un but semi éducatif, et s'adresse à ses concitoyens.
La guerre psychologique : il s'agit ici, par contre, de l'étranger,
de l'adversaire et l'on cherche, par des moyens psychologiques, à
détruire son «moral», à le faire douter de la validité de ce qu'il
croit et fait.
La rééducation et le lavage de cerveau : méthodes complexes
pour transformer un adversaire en allié, et qui ne peuvent être
utilisées que sur des prisonniers.
Les public et human relations : il faut absolument faire entrer ces deux grands types d'action dans la propagande. Cette affirmation provoquera le scandale. Mais, en réalité, il .s'agit uniquement de propagande comme nous le montrerons, en vue d'adapter l'individu à une société, à une consommation, à une activité : il convient de le conformiser, ce qui est le but de toute propagande.
La propagande au sens large englobe ces diverses actions; au
sens étroit, elle est caractérisée par un caractère institutionnel. Ce
qui la dénote c'est la combinaison des techniques d'organisation et
d'encadrement en vue de l'action.
Tel sera donc, en définitive, le champ très large de notre
recherche.
Tant que l'homme nie le caractère nécessaire d'un phénomène, il échappe à son affrontement, il s'engage sur les voies latérales et se divertit, c'est-à-dire se soumet en réalité au phénomène, en se prétendant «libre malgré», et parce qu'il se prétend libre. C'es tseulement à partir du moment où il a reconnu qu'il est aliéné dans ce fait, que sa liberté commence à poindre dans sa détermination même, ne serait-ce que par l'effort (qu'il tente) de prendre une distance par rapport à ce qui le détermine pour l'objectiver et le réduire à l'état de fait brut.
Daniel Cérézuelle vous présente son ouvrage "La technique et la chair" et "La nature du combat : pour une révolution écologique" écrit par Bernard Charbonneau et Jacques Ellul aux éditions l'Echappée. Entretien avec Lucas Chaintrier.
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Note de musique : © mollat
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