Pont des Arts : L'homme qui marche

J'ai découvert avec beaucoup d'intérêt cette interprétation possible autour de deux sculptures de Giacometti mises en commun et en lumière. J'ai apprécié ce court album, émouvant, dur et malheureusement si actuel.

Les dessins attisent la curiosité. Les traits sont fins, en écho aux sculptures allongées et ciselées de l'artiste sculpteur. Les illustrations en noir & blanc et "doubles planches" pleine page m'ont fait penser à des négatifs photographiques de paysages. Les textes sont constitués de poésies non rimées mais bien rythmées.

Enfin, j'ai trouvé les courtes explications en fin d'album très intéressantes et enrichissantes.
Grâce à cet album, la collection "Pont des Arts" (Elan Vert) devient pour moi une collection "à suivre de près" !

Lier "L'homme qui marche" au destin des migrants est d'une grande pertinence. Qui mieux que cette sculpture isolée, amaigrie en perpétuel mouvement pour symboliser cette errance imposée ?
L'histoire de Géraldine Elschner fait sens. le parcours des personnages aussi. Peu de mots, mais l'essentiel est dit.
Antoine Guilloppé a su s'inspirer des sculptures de Giacometti sans se laisser écraser.
Un bel ouvrage !

Deux migrants, un homme et son fils, embarqués avec d'autres sur un rafiot, font naufrage et échouent, vivants, mais sur des rivages différents. Ils partent alors à la recherche de l'autre.
Cet album est moyennement convainquant.
Les illustrations inspirées de Giacometti sont quelque peu déroutantes pour les enfants.

19e livre pour Géraldine Elschner dans cette fameuse collection du Pont des Arts où elle excelle désormais à s'emparer d'une oeuvre d'art pour la raconter autrement, pour donner envie aux enfants d'aller à la découverte de ces oeuvres.

Ici, l'histoire fait tristement échos à la réalité et à ses milliers de personnes en plein exil qui tentent de trouver de meilleures conditions de vie. le texte est magnifique, rythmé et sensible. Il donne vie aux sculptures décharnées d'Alberto Giacometti, les lie et nous montre tout le pouvoir intemporel de l'art puisqu'elles datent de 1951 et 1960.

Pour les illustrations, Antoine Guilloppé joue autour des ombres et des lumières, étirant les traits de ses dessins pour se rapprocher de l'art du sculpteur. Il a également choisi de ne pas donner de visage aux personnages comme pour rappeler l'universalité de ces silhouettes et de leur quête.

Un très bel ouvrage, à la fois plein de poésie et de réflexion.
Lien : http://boumabib.fr