Une pièce de théâtre écrite par l'une des grandes plumes de la littérature belge contemporaine, une pièce où les vivants et les morts, rassemblés autour du corps de Dona Pia, entretiennent un dialogue à la fois léger et métaphysique, sur fond de tango.
Pour les amateurs d'un théâtre épuré, qui fait se rencontrer les hasards du corps avec ceux du langage, de ses écueils, de ses balbutiements, et de ses fulgurances.
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Miro : Cela faisait plus de cinquante ans que ma mère remontait chaque soir le poids de l'horloge. Il est tout en bas maintenant.
L'horloge s'est arrêtée.
Amedeo : Voulez-vous que j'aille le remonter ?
Miro : Peut-être pas tout de suite.
Ça fait toujours mal quand l'horloge recommence.
C'est comme un cri rauque et lugubre que j'ai entendu deux fois dans mon existence.
La première fois c'était à la mort de papa, parce qu'on avait dû laisser la maison vide pendant quarante-huit heures.
Quand nous sommes rentrés il y avait le même silence, exactement.
Le même poids retombé, le même silence.
(p. 12)
Dona Pia : [...] Je regardais le film de ma vie. Il y a toujours une image qui chasse l'autre, mais toi tu étais surtout une voix, Amedeo, ta voix était un organe irrésistible...
[...]
Étrange que quand je regarde défiler ma vie je ne vois que les moments où je tombe.
En joie, en larmes, en amour, en capilotade.
Au fond je n'ai jamais cessé de tomber.
(p. 31)
Alfina : Ce que je t'ai détestée, ma sœur, et pourtant.
Et pourtant j'ai un trou maintenant. Un sale trou qui me siphonne par le dedans.
Ça ne chante plus à l'intérieur, Piapia, ça ne chantait pas beaucoup, c'est vrai, mais ça ne chante plus.
Tu m'as même pris mon chant.
Morte tu me tues, Dona Pia.
(p. 41)
Amedeo : [...] Les femmes sont très sensibles à la matité de la voix, l'absence même légère de la vibration.
(p. 15)
Elles ont accompli l’office des embaumeuses..., François Emmanuel
lu par l'auteur