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sur 1179 notes
Temps de lecture : 24 minutes

A travers ce très court récit, Annie Ernaux raconte sa passion avec un jeune homme de 30 ans son cadet. Elle le nomme A mais nous savons tous qu'il s'agit de Philippe Vilain 😏 (#gossiplitteraire ).

A première lecture, on pourrait se dire qu'Annie Ernaux ne s'est pas foulée avec ce récit. Et puis, le temps fait son oeuvre. On cogite. Et on comprend. Et puis, elle nous le dit dès le début :

« Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues. »

Annie Ernaux prend pour excuse cette histoire d'amour pour évoquer son rapport au temps et à l'écriture.

A lui rappelle son enfance, son adolescence, ses années étudiantes à Rouen, ses déjeuners avec ses parents. « Un passé incorporé ».

Elle se livre au lecteur. Cette relation avec A lui a donné la force d'écrire sur son avortement qu'elle racontera dans l'événement.

Alors oui, ce petit roman de 40 pages paraît frêle. Mais ce sont 40 pages explosives, subtiles et avec un double-fond.

Bref, mais intense.
Court, mais remarquable.

Temps d'impact : indéterminé
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On peut faire un grand roman en seulement 40 pages. La preuve avec le dernier texte d'Annie Ernaux « le jeune homme », véritable petit bijou qui parle à tout le monde. Comme d'habitude l'écriture est fine, incisive, franche, précise et efficace.

Annie Ernaux nous livre une nouvelle bribe de sa vie, celle de la rencontre puis de l'histoire qu'elle a vécue entre 1998 et 2000 à Rouen avec un jeune étudiant de 30 ans son cadet. Toutes celles qui ont connu une expérience similaire se reconnaitront dans cette histoire à la fois intimiste, écrite à la première personne du singulier, et universelle.

Cela s'est passé il y a plus de 20 ans, mais c'est comme si on y était, la mémoire semble intacte. Annie Ernaux raconte sa jeunesse retrouvée dans les bras de ce jeune homme, la mine désobligeante des autres, ceux qui regardent et jugent. Mais à son âge (à l'époque 54 ans) elle s'en fout enfin, les toise sans baisser les yeux, vit à fond cette relation qui la comble pendant des mois, à travers divers pays. Puis la raison et l'écrivain reprennent le dessus, la rupture sera propice à un nouveau départ, un nouveau millénaire, une clé pour entreprendre l'écriture de « l'évènement » sur son avortement clandestin lorsqu'elle avait l'âge du jeune homme. La boucle est bouclée, l'histoire écrite peut prendre vie.
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Le jeune homme est une oeuvre que je considère comme secondaire dans l'univers d'Annie Ernaux. Elle intègre bien entendu le champ de l'autobiographie si chère à l'autrice, mais je la soupçonne de flirter davantage vers l'hagiographie dans cet écrit. Reste la plume fantastique avec ce petit côté classique à la Simone de Beauvoir ou Marguerite Duras (le parallèle avec sa relation avec Yann Andréa a certainement compté dans cette association d'idées).
Annie Ernaud précise qu'il lui faut vivre une belle histoire d'amour pour accoucher ensuite d'un texte splendide. C'est la genèse même de le jeune homme : celui de raconter la liaison entre un étudiant en lettres de 25 ans et l'autrice âgée à l'époque de 54 ans, romancière déjà reconnue mais dont les succès littéraires ne lui assurent pas pleinement une vie financière, confortable et durable, liaison dont la finalité prendra sens avec l'écriture d'un des textes les plus importants d'Annie Ernaud (pour moi, le plus important... je vous laisse découvrir lequel). Ce couple assumé va supporter les regards de travers, les coups d'oeil indiscrets, les rencontres furtives dans l'appartement du jeune homme, les moments charnels, la différence de niveau, la différence de classes sociales (le contact avec le garçon rappellera à l'autrice la mue qu'elle a opérée et son transfuge de classe), les lieux qui ont compté... ces fameux lieux qui appelleront l'écrivaine à coucher par écrit un épisode intense de son existence.

J'ai lu avec intérêt ce court récit de moins de quarante pages. Dire que cette lecture est essentielle, me paraît illusoire : elle complète l'univers d'Annie Ernaud, elle est aussi anecdotique.Toujours sincère, l'autrice ne manque pas ici de se parer de qualités, quitte à parfois engager un sophisme (en déclarant les femmes de plus de cinquante ans d'amantes dangereuses par rapport aux plus jeunes, en prenant un seul exemple - le sien - celui d'avoir su gagner les faveurs d'un étudiant pourtant embarqué dans une relation avec une amoureuse du même âge... Or un exemple ne suffit pas à justifier une affirmation générale... une analyse statistique à plus grande échelle des couples formés par de jeunes hommes contredirait manifestement la déclaration ernaudienne). Honnête, elle reconnaît avoir usé de sa position dominante de celle qui nourrit, qui offre les voyages, les dîners, les sorties, de celle qui complète la culture de l'autre. Elle renvoie l'image de pygmalion-pygmalionne, elle n'offre pas à l'étudiant celle de muse et ce déséquilibre entre ce qu'elle apporte et le manque de considération de ce que, lui, lui apporte m'a fait douter de la sincérité globale de cet écrit. Même si, je le reconnais qu' à travers cette liaison inhabituelle, le jeune homme inverse les rôles, les codes sociétaux du couple (et c'est là sa principale qualité) et a participé à l'élaboration d'une pièce maîtresse de l'univers de l'autrice, selon ses dires.

À vous de voir et de lire, si cela vous dit. (l'avantage est que cela ne vous prendra pas de temps)
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N°1689 – Novembre 2022

Le jeune hommeAnnie Ernaux – Gallimard.

L'amour, est un des moteurs de la création artistique et Annie Ernaux nous avoue d'emblée que la simple jouissance sexuelle provoque pour elle l'écriture. A un certain moment de sa vie (elle a 54 ans) où elle connaissait peut-être une période de « sécheresse » créative, elle reçoit une lettre d'un étudiant de Rouen (« A ») qui admire en elle l'écrivain et peut-être aussi la femme. Leur relation dure de 1994 à 1997 au point qu'elle confie n'avoir jamais connu une telle ferveur de la part de ses autres amants. Pourtant tout les sépare, l'argent, le milieu social, la notoriété mais cet épisode rouennais permet paradoxalement à Annie de retrouver ses origines modestes et de revivre sa période « bohème » étudiante qu'elle avait aimée. Cette vie commune prend rapidement des accents d'initiation réciproque, une première vraie relation, un défi ou une une rencontre passionnée pour lui, un retour vers son passé et une quête de sa jeunesse pour elle, d'ailleurs pas forcément toujours agréable par l'effet miroir que de telles images tirées du passé pouvaient avoir ! Pour Annie cette différence d'âge n'était pas une honte, au contraire, elle correspondait à une quête de sa jeunesse enfuie et à une façon de transgresser un certaine forme de morale bourgeoise en ressuscitant la « fille scandaleuse » qu'elle avait été. Elle avoue qu'elle a vécu cet épisode comme une expérience réussie, loin d'une véritable passion, mais aussi comme une renaissance vers l'écriture. Un livre un peu court cependant pour montrer que, à l'occasion de cette aventure autobiographique amoureuse, ce qui importe vraiment pour elle c'est l'écriture, sa véritable raison de vivre.
Ici elle confie avoir vécu et aimé un homme de trente ans son cadet. Au cours des générations précédentes, la relation entre un homme âgé et une femme plus jeune ne choquait personne et était même communément admise, quand l'inverse, pas forcément authentifiée par le mariage, suscitait parfois une réprobation gênée ou carrément un dramatique scandale, comme ce fut le cas pour Gabrielle Russier dans les années 60. Actuellement cette situation se révèle au grand jour et n'est plus comme auparavant soit réprouvée par une morale bien-pensante, soit cachée au nom d'on ne sait trop quoi. Même si une telle situation, d'ailleurs officialisée au plus haut sommet de l'État, peut susciter les quolibets, elle témoigne de l'évolution des mentalités.

Déja, l'an passé et par dérision on annonçait que le prix Nobel de littérature avait été décerné... à Annie Ernaux (L'italien Tommaso Debenedetti, spécialiste des fausses nouvelles qu'il démentait ensuite, avait déjà signé un canular sur Twitter annonçant la distinction attribuée à Annie Ernaux alors que l'Académie suédoise l'avait en réalité décerné cette année-là au romancier tanzanien Adbulrasak Gurnah). C'était évidemment faux mais cette année c'est vrai. Elle est la 17° femme à recevoir ce prix prestigieux et les Lettres françaises sont une nouvelle fois consacrées à travers elle.
On peut ne pas partager ses idées, mais elle les affirme avec conviction et constance. Elle ne fait pas partie de ces gens à qui une simple promotion fait perdre la tête et oublier leurs origines ou leur quotidien. Elle ne s'est pas contentée, tout au long de sa carrière littéraire, d'être une auteure à succès, elle n'a jamais fait mystère de ses modestes origines et en a même fait un des terreaux de sa créativité, tout comme elle a fait de sa personne et de sa vie la source de son inspiration, jusqu'au solipsisme. Elle a parlé des nombreuses facettes de sa propre vie, défrichant au passage les arcanes de la mémoire jusqu'à un trop grande facilité de confidences peut-être. On peut en penser ce qu'on veut mais après tout un écrivain puise dans sa vie sa propre oeuvre créatrice ce qui est souvent l'occasion soit d' intéresser ses lecteurs soit parfois de les aider dans la leur.
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Premier livre que je lis d'Annie Ernaux et je n'en pense pas grand chose.

Un récit autobiographique très court (plus proche de la nouvelle que du roman). Une succession d'épisodes et de réflexion sur la différence d'âge dans le couple, sur le temps qui passe. Mais je n'ai ressenti aucune émotion, ni même d'empathie pour les personnages.

J'ai refermé le livre et il ne m'a rien apporté. C'est rare. Peu de livres me laissent totalement indifférente (que leur lecture soit positive ou négative). Là, bon ok. Et ?

Note à part : c'est un livre qui aura survécu à 3 emprunts dans ma bibliothèque municipale. Il n'a pas été maltraité mais les pages se détachent à plusieurs endroits. Impossible de le réparer. Les éditeurs poussent le bouchon avec leur économie de colle à reliure !
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Ce court roman publié en mai 2022 mais écrit fin 1990, est comme un condensé de l'oeuvre d'Annie Ernaux.

A la première personne, à l'imparfait et au passé composé, l'autrice raconte une aventure amoureuse vécue avec un jeune étudiant de trente ans plus jeune qu'elle : pour lui qui vient d'un milieu populaire, elle est une "bourge"exactement l'inverse de ce qu'Annie Ernaux a vécu avec son mari. Ils s'installent dans le studio d'étudiant du garçon, face à l'hôpital où des années plus tôt, Annie Ernaux avait été sauvée d'une hémorragie après un avortement. Tous deux, ils prennent plaisir à observer quand ils sortent les réactions des gens, réactions qui confirment l'incongruité de leur couple. Elle se souvient alors avec délice de sa jeunesse où elle était scandaleuse à se promener entre ses parents dans une robe moulante, sans gaine ! Pour elle, leur relation est l'occasion de mesurer le temps, les années que lui n'a pas connues et que parfois elle revit avec lui tel un palimpseste, les années qu'il connaitra et qu'elle ne verra jamais aussi. Mais sans l'écriture, leur histoire serait incomplète : "Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues", précise l'autrice en exergue. Lorsque le jeune homme exprime le désir de faire un enfant avec elle, puisque désormais les progrès scientifiques l'autorisent, elle se souvient que depuis la naissance de son second fils, il y a vingt-huit ans, elle s'est promis de ne plus jamais avoir d'enfant. En somme, voilà une clé pour mieux lire et relire l'oeuvre d'Annie Ernaux.

Lien : http://www.lirelire.net/2022..
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Lu en un quart d'heure , je n'ai pas vu l'intérêt de ce livre pour ma part, j'espère sincèrement que l'écrire a fait un grand bien à l'auteur. J'avais arrêté de lire Annie Ernaux depuis quelques années trouvant répétitif ses thèmes, ce livre confirme ma décision. Il relate la relation de l'auteur avec un jeune homme bien plus jeune qu'elle et la vision qu'elle a de cette relation ainsi que le regard des autres.
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Le désir progresse, s'affine et notre point de vue et nos sensations sur celui-ci s'élaguent à travers notre conscience, qui ne cesse de croitre. Est-ce que les souvenirs peuvent s'imbiber d'un rouge rubis à la vue d'une personne, de gestes et de mots oubliés dans les vapeurs du temps et qui ressurgissent? Annie Ernaux exprime avec finesse la frivolité de la vie et nos tentatives pour trouver un reflet capable de jouer avec le temps qui passe. Reflet matériel, reflet charnel, reflet de syllabes, peu importe. Quoi de mieux qu'un désir ardent et qui consume, de contorsionner le temps pour rencontrer cette entité perdue au milieu de cette symétrie temporelle où les âges passés de l'un annulent les âges à venir de l'autre ? 'Le jeune homme' est court comme les instants les plus beaux, jouit d'une liberté insoupçonnée, comme celle de la semi-conscience d'un rêve où la passion s'infiltre et noie toutes les dimensions.
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Le jeune homme 🧑🏻♥️👩🏼‍🦳
"Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues."
Cette épigraphe m'a saisi et convaincu de lire le texte où Annie Ernaux raconte sa relation avec un jeune étudiant qui avait alors presque trente ans de moins qu'elle, dans les années 1998-2000. Intriguée par sa finesse, je suis impressionnée de constater qu'Annie Ernaux a réussi en une quarantaine de pages à évoquer de nombreux sujets peu abordés : le milieu social, le rapport à l'écriture, la condition des femmes, le regard que la société porte sur l'écart d'âge entre une femme et un jeune homme qui s'aiment, le rapport au temps qu'il implique.
"Il m'arrachait à ma génération
mais je n'étais pas dans la sienne."
Une fois de plus Annie Ernaux s'affranchit des conventions, s'assume comme femme libre et il est bon de lire ses réflexions sur le temps que lui évoque cette relation.
"Il me vouait une ferveur dont, à cinquante-quatre ans, je n'avais jamais été l'objet de la part d'un amant."
"Avec lui je parcourais tous les âges de la vie, ma vie."
Il habite à Rouen et le retour dans cette ville où elle était elle même étudiante à vingt ans, dans les années soixante, lui rappelle le passé. Elle revit sa vie et ses souvenirs, notamment son avortement clandestin qu'elle va écrire pendant leur relation pour publier plus tard "L'évènement".
"Il nous arrivait de parler du temps où
il serait marié, père d'un enfant. Ce futur que nous évoquions les yeux dans les yeux, en nous étreignant, tous les deux au bord des larmes, n'était nullement triste.
Il rendait le moment présent d'autant plus intense et poignant que nous le vivions comme du passé. Nous communions imaginairement dans notre perte réciproque avec un plaisir extrême."
Une belle lecture où chaque mot compte, qui permet de lier sa vie et son oeuvre. Une envie de lire davantage ses romans.
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Quel ennui ! Madame Ernaux a un c.., la belle affaire. Qui n'en a pas ? Elle s'en sert ? Et alors ?
C'est Nous Deux, la Veillée des chaumières en plus osé, ou un récit d'une dame d'âge mur qui veut montrer à ses copines qu'elle a su 'vivre'. Même pas peur.
Et les critiques de s'extasier, en tête des lectures dans L'Obs.
Un temps (il y a longtemps) fut où j'ai aimé les récits d'Annie Ernaux, sa difficulté à être elle-même dans un monde où elle ne trouvait pas ses marques. "L'Evénement" fut le témoignage d'une réalité vécue par les femmes dans un monde paternaliste, machiste et peu concerné par une sexualité autre que celle des hommes, le témoignage d'une solitude oppressante.
"Le Jeune Homme" c'est quoi ? Une aventure à choquer les bourgeois et les tenants d'une vision conservatrice de la société. L'écriture ? Bof, madame Ernaux sait écrire, on le sait, qu'elle mette donc son talent au service d'autre chose que le unième récit de ses aventures sexuelles dont je peux affirmer que je me contrefiche.
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