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sur 1165 notes
Tout d'abord, à moins d'être intéressé(e) par le sujet, je ne recommanderai pas l'achat de ce livre, qui coûte quand même 8 euros. Je l'ai trouvé, je ne l'aurais pas acheté, même si j'ai apprécié plusieurs de ses livres.

Certes, le récit se lit très vite : il s'agit d'une liaison personnelle avec un étudiant dans un moment de vacuité, durant lequel l'autrice voulait retrouver l'envie d'écrire. Donc pourquoi ne pas se servir de ce jeune homme qui la regardait comme une merveille, hein ? Ils ont trente ans de différence, mais le jeune homme rompt avec sa petite amie étudiante et s'engage dans cette relation amoureuse avec la femme mûre qui l'initie au sexe. J'ai nettement eu le sentiment qu'Annie Ernaux voulait avant tout frimer, montrer qu'elle avait été encore désirable et scandaleuse en ces années - le récit prend place en 1998-2000 alors qu'elle a 54 ans, il s'agit d'un souvenir sur lequel elle travaille en 2022. Elle aime à détailler les regards soit dégoûtés soit envieux lorsqu'ils paraissent en tant que couple, au restaurant, à la plage...

Annie Ernaux nous livre des instantanés de cette brève vie de couple, vie qui la renvoie à sa propre jeunesse en un jeu de miroirs, alors même qu'elle revit pour l'écrire sa terrible expérience de l'avortement (L'événement). le fait d'écrire l'éloigne peu à peu du jeune homme, mais finalement là n'est pas l'essentiel. Elle sait comme personne décortiquer les détails quotidiens, ou encore des expressions utilisées, qui livrent une connaissance sociologique d'un milieu et d'une façon d'être dans ce milieu, qui ne devient consciente que par l'écriture. Elle revient inlassablement sur ses souvenirs, son enfance.

Ses questions et réflexions sur le temps qui passe, et l'image de soi qu'on donne aux autres en vieillissant, sont touchants et profonds. Mais je n'ai pu me départir d'une impression qu'il s'agissait d'un ouvrage de circonstance et qu'elle "faisait du Annie Ernaux". L'autrice est une grande écrivaine, ses textes sont enseignés au lycée, je ne suis donc pas vraiment déçue, mais c'est une lecture dispensable, et je ne trouve pas qu'elle donne une clé essentielle pour lire son oeuvre - au contraire : c'est parce qu'on a aimé son oeuvre qu'on peut appréhender ce livre.
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Un livre de 48 pages, au texte allant de la page 11 à la page 38, écrit en gros caractères sur des pages petit format. La taille et le propos d'un article pour magazine féminin.
Annie Ernaux n'en finit pas de se raconter. Si j'ai adhéré à ses romans comme La place, L'évènement ou encore Mémoire de fille, je n'en peux plus de l'entendre se plaindre sur son origine sociale.
Dans ce dernier texte ce qui me gêne ce n'est pas la différence d'âge, au contraire les femmes peuvent bien faire ce que les hommes ont fait de tout temps. Mais ce récit est vraiment très autocentré. J'ai compris tout ce que cette relation avec un homme jeune a pu apporter à la narratrice en lui permettant de retrouver les sensations de sa jeunesse. Ce qui m'a choqué c'est son sentiment de domination sur le garçon du fait de son origine sociale.
Qui suis-je pour dénigrer un prix Nobel, moi qui suis incapable d'écrire 3 pages ?
Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Annie Ernaux ne s'intéresse à rien d'autre qu'à elle-même. Son mépris n'a d'égal que sa suffisance et son absence d'empathie. J'ai tenté pourtant, plusieurs ouvrages. Je n'accroche pas. Je ressens le manque de sincérité à chaque page, tout semble calculé, disséqué, pour au final n'apporter aucune morale, ni aucune leçon. Juste un trip égotiste, forcément à la mode à l'ère individualiste que nous traversons. Fort heureusement, j'ai lu "ce livre de 27 pages" dans les rayons d'un vulgaire Leclerc de province (ceci n'impliquant pas la moindre dépense financière), entourée de tous les "ploucs" comme aime à les nommer l'autrice. Néanmoins, la seule plouc qui s'incarnait ce jour-là, fut sans conteste Annie Ernaux. Je conclurai pas ces mots d'un auteur inconnu : Duras était on ne peut plus époustouflante, Ernaux elle, était on ne peut moins originale.
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Que dire de cet opuscule ? 28 pages. Lecture d'à peine 40 minutes. Dans un train. Pour passer le temps. Lecture de gare : serait-ce une bonne définition ?
Définition de Wikipédia : La littérature de gare, et plus particulièrement le roman de gare pour le roman, est un genre littéraire se caractérisant par des ouvrages se lisant facilement et rapidement, distrayants mais superficiels, qui tirent leur nom du fait qu'ils sont réputés être achetés dans les gares pour s'occuper en attendant son train ou pendant le voyage.
Au retour, l'amie qui m'accompagnait, après un séjour sublime à Paris et trois expositions : Monet-Mitchell, Rosa Bonheur, Edvard Munch, lecture faite, m'a rendu le livre, dubitative voire dépitée. Sans un mot qui voulait tout dire. Quelques jours plus tard, on en reparle. Pour elle cet ouvrage est une imposture. Il y a longtemps elle a acheté plusieurs romans qu'elle a apprécié à l'époque.
Ce 22e livre d'Annie Ernaux, texte très court, mais décisif, comme l'a qualifié François Busnel, lors de la Grande Librairie consacrée à l'auteur, le 4 mai 2022. Récit rédigé à la première personne d'une relation vécue avec un homme de 30 ans de moins que la narratrice : ce texte serait peut-être une clé qu'elle offre pour comprendre, pour lire aussi, toute son oeuvre. Telle est l'introduction du journaliste.
Ai-je manqué quelque chose ? Peut-être l'ai-je lu dans de mauvaises conditions ? Deux Allemands jouaient aux échecs à côté de nous. Ils discutaient en même temps dans leur langue si gutturale que j'ai dû m'appareiller de mon écouteur pour distiller une agréable musique de film espérant m'enfermer dans une bulle pour lire tranquillement. Mais cela n'a pas réussi. J'ai quand même persévéré et terminé ma lecture. Avec une certaine insatisfaction, voire colère. Car même dans cette ambiance, en fermant le livre, j'ai eu l'impression de n'avoir pas lu. Il m'est pourtant arrivé de lire dans une ambiance un peu bruyante, mais tellement happée par l'histoire, je n'entendais plus rien autour de moi.
Quelques jours après, au moment où j'écris ces lignes, il ne me reste rien des 28 pages du « Jeune Homme » - François Busnel est généreux : il en donne 40 pages, mais cela c'est la pagination du livre. de plus le texte est fait de paragraphes séparés par des espaces plus ou moins importants. Même les caractères sont plus gros. Si si, j'ai vérifié en prenant un livre de la même collection Blanche. Si j'avais voulu le faire, je n'y serais pas arrivée. Je suis tombée sur la page 100 de l'Anomalie et j'étais sur la page 16 du Jeune Homme et le premier mot était le même et je vous le donne en mille, c'est le mot : même. Et on voit bien la différence de la taille des caractères. Vous me direz, la taille du livre est également plus petite que l'autre. A vérifier quand les deux sortiront en poche. En testant avec un autre livre de la Blanche de la même taille, Essai d'explication du Cimetière marin de Gustave Cohen, les caractères sont encore plus petits que ceux de l'Anomalie …
Voilà pour ma première impression. Blague à part, car bien sûr la critique est facile …. Je vais donc le relire dans un calme absolu, bien installée dans mon fauteuil, pour un second avis … une seconde chance.
Cela n'a rien à voir, mais je n'aime pas trop l'art contemporain, l'art abstrait en général, et pourtant, je ressens quelque chose de particulier quand je vois des oeuvres de Jackson Pollock ou de Joan Mitchell. Quand j'ai découvert des artistes comme Frida Kahlo, j'étais un peu horrifiée par ces oeuvres violentes. Je viens de découvrir celles d'Edvard Munch dont je ne connaissais que « le Cri » ne m'étant intéressée à l'auteur, à sa vie, à sa démarche avant l'exposition du Musée d'Orsay. Mais dès que l'on s'y penche, le déclic se produit. On voit également d'autres côtés de sa personnalité plus lumineuses et maintenant que je le comprends un peu mieux, je l'aime. Certes à un degré moindre que mon peintre de prédilection qu'est Modigliani. Tout ça pour dire qu'il faut approfondir pour comprendre – logique ou pléonasme – et peut-être arriver à apprécier. Il en est de même pour la littérature.
Pour ce faire, j'ai réécouté les deux LGL consacrées à Annie Ernaux, celle du 4 mai avec François Busnel en podcast, veille de sortie du livre et le replay de celle du 19 octobre dernier avec Augustin Trapenard, quelques jours après l'attribution du prix Nobel pour l'ensemble de son oeuvre.
Je n'ai pas cherché à m'écrire, dit-elle, à faire oeuvre de ma vie, je me suis servie d'elle, des événements, généralement ordinaires qui l'ont traversée, des situations et des sentiments qu'il m'a été donnés de connaître, comme d'une matière à explorer pour saisir et mettre au jour quelque chose de l'ordre d'une vérité sensible.
Son écriture serait donc l'inverse d'une écriture narcissique, autocentrée, auto-analytique, qui est souvent l'impression que l'on ressent lorsque sort de ce genre de récit. Je l'ai constaté en lisant quelques livres de Camille Laurens. Mais Annie Ernaux s'en défend. En fait, elle reconstruit simplement la dimension vécue du passé. En un mot, pour moi, la mémoire. Un livre pour sa propre mémoire. Alors pourquoi ne pas l'avoir inclus, puisqu'il a la taille d'un chapitre, dans Ses Mémoires ? Ou est-ce tout bonnement un témoignage ?
Je lis une seconde fois le livre, cette fois dans le calme et à voix haute.
p. 17 : il m'arrachait à ma génération, mais je n'étais pas dans la sienne.
En fait, elle n'a pas voulu s'intégrer à la sienne, puisque lorsqu'il rencontrait ses amis, elle se tenait à l'écart. Avait-elle honte ?
Pourtant plus loin, le regard « lourdement réprobateur » d'anonymes, la renforçait dans sa « détermination à ne pas cacher sa liaison avec un homme qui aurait pu être son fils ».
En tout cas, elle a honte de ses origines qu'elle retrouve en lui, avec la réminiscence des mêmes comportements « plouc » de sa jeunesse. « Il était porteur de la mémoire de mon premier monde », écrit-elle.
En définitive, elle décrit la relation d'une femme mûre et d'un gigolo (ou au mieux un homme-objet) puisque leur « relation pouvait s'envisager sous l'angle du profit » : son plaisir contre un voyage à Venise, à Madrid, et, confirme-t-elle, elle était « en position dominante ».
Au mieux, en a-t-elle été une initiatrice, comme elle le dit à la fin du récit ?
C'est le démon de midi au féminin. Ce n'est ni une critique ni une réprobation. Je le comprends d'autant mieux que, moi-même, entre 53 et 55 ans, je l'ai vécu. Et comme Annie Ernaux, « c'était pour ne pas avoir devant moi, continuellement, le visage marqué d'un homme de mon âge, celui de mon propre vieillissement ».
Son expérience, dans les années 90, était vécue et assumée pour « changer les conventions ». En ce qui me concerne, 15 ans plus tard, les regards n'en étaient pas moins réprobateurs. Mais comme elle, cela ne me gênait pas du tout.
La fin de ce type de relation est inévitable et je pense ne rien dévoiler, puisque que ce n'est pas un « roman », pas une « fiction ». Il n'y a pas de suspens.
Après cette deuxième lecture, je ne trouve toujours pas ce qu'il faut en retenir. Je conçois parfaitement, que pour l'auteur, cela lui a sans doute procuré un effet cathartique, même si ce n'était pas le but recherché. Peut-être un outil de mémoire dans le cas où Alzheimer viendrait rôder beaucoup plus tard, ce que je ne lui souhaite pas.
Avec cette écriture « plate », telle qu'elle la définit, c'est-à-dire proche du réel, sans fioriture, je n'ai ressenti aucune émotion. La lecture ne m'a rien apporté. Elle n'en a donc pas été agréable. J'en ressens simplement un vide, une perte de temps. Et pourtant, j'ai voulu approfondir, pendant deux jours, à revoir les deux LGL, ainsi que plusieurs interviews sur youtube et autres documents, car je ne veux pas passer à côté d'un auteur. Je n'ai pas apprécié ce récit, mais je ne le rejette pas. Je suis têtue et ne veux pas rester sur cet échec de lecture, et vais lire d'autres livres d'Annie Ernaux qui me conforteront dans mon avis ou le contrediront, pourquoi pas ? Il y a juste trente ans, j'ai lu « Passion simple ». Je n'ai pas dû en retirer quelques satisfactions, puisque je n'avais pas lu d'autres livres jusque-là. Quand j'apprécie une première lecture d'un auteur, je lui reste fidèle, comme William Boyd, Arturo Perez-Reverte, Douglas Kennedy, sans parler de Henry James, et de nombreux autres. Il est vrai que je préfère la fiction pure, celle par laquelle on peut s'évader d'une façon ou d'une autre. Je viens de découvrir Amélie Nothomb que je souhaitais lire depuis longtemps. J'ai commencé par son premier roman « Hygiène de l'assassin » que j'ai vraiment apprécié. Je vais poursuivre la lecture de ses romans de façon chronologique. Ce que je vais faire également pour Annie Ernaux, avec Les Armoires vides.
8788 caractères (espaces compris ou 7278 espaces non compris) pour une lecture non réjouissante. C'est ma première « critique » aussi dense, alors que la prescription minimum de Babelio est de 250 caractères, espaces compris (ce qui m'a surpris). J'espère n'avoir pas ennuyé les personnes qui auront eu la patience de la lire en entier.
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Un très court récit (à peine plus de 20 pages) qui raconte la relation amoureuse et passionnelle de la narratrice, quinquagénaire, avec un homme d'une vingtaine d'années : plaisir, désir, regards jugeants et souvenirs de sa propre jeunesse. Dans un style sobre, dépouillé et direct, l'acceptation du temps qui passe et d'un amour éphémère.
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📕 En cessant de lire, ai-je voulu fermer les yeux sur la complexité des rapports humains ? Peut-être. le déni est inutile, il faut vivre et éprouver les choses et les personnes pour se découvrir, se connaître et s'accepter. Chaque rencontre fait jaillir le meilleur ou le pire : je n'ai craint que moi dans cette fuite.
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J'ai souvent ressenti beaucoup d'ambivalence en lisant des livres d'Annie Ernaux. C'est le cas encore une fois avec ce Jeune homme.

Il me faut reconnaître que la qualité de sa plume est subjuguante, fine, ciselée, tranchante même. Que sa capacité d'introspection ainsi que son authenticité sont des modèles du genre. Annie Ernaux est une révoltée, une féministe, elle aime provoquer, bousculer les conventions et je l'admire beaucoup pour ces raisons. Mais par contre, il y a aussi chez elle un côté froid, clinique lorsqu'elle fait l'autopsie de sa relation avec ce jeune homme, son héros pasolinien, son ange révélateur dit-elle. Mais, la tendresse, bordel, elle est où?

C'est cette relation qui la pousse à écrire . « Au début du roman, elle nous livre J'espérais que la fin de l'attente la plus violente qui soit, celle de jouir, me fasse éprouver la certitude qu'il n'y avait pas de jouissance supérieure à celle de l'écriture d'un livre. »
Ensuite elle termine ce court roman et sans doute cette courte relation (dit la chipie en moi) par :
« « J'ai entrepris le récit de cet avortement clandestin autour duquel je tournais depuis longtemps. Plus j'avançais dans l'écriture de cet événement qui avait eu lieu avant même qu'il soit né, plus je me sentais irrésistiblement poussée à quitter A. Comme si je voulais le décrocher et l'expulser comme je l'avais fait de l'embryon plus de trente ans auparavant. Je travaillais continûment à mon récit et, par une stratégie résolue de distanciation, à la rupture. À quelques semaines près, celle-ci a coïncidé avec la fin du livre. »

Il y a chez Annie Ernaux un regard désillusionné, un cynisme même qui me rappelle étrangement celui de Michel Houellebecq dont elle dit pourtant beaucoup de mal.

N'auraient-il pu recevoir le prix Nobel ex-aequo ? (dit la chipie en moi ).
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AMOUR
Un roman ma-gni-fi-que, qui aborde avec talent et justesse, l'amour passionnel entre une femme et un homme plus jeune.

Une femme d'âge mûr, 54 ans, vit une histoire d'amour passionnelle avec un jeune homme, étudiant à Rouen et de 30 ans son cadet.

Tout en vivant pleinement cette histoire, elle espère déclencher l'écriture d'un livre...

Elle découvre à travers lui, les mentalités de ses (trop) jeunes amis, leur immaturité, les convictions professionnelles du "jeune homme". Convaincu de ne pas pouvoir changer la société, il pense qu"il lui suffit de se glisser dans ses rouages et d'esquiver le travail en profitant des droits qu'elle accorde".

Avoir un métier pour elle était devenu la condition de sa liberté, pour lui, 30 ans plus tard, une perte de liberté...

Elle se moque de son manque d'ambition, elle l'aime.

Elle se trouve confrontée aux regards appuyés des passants jugeant une femme d'âge mûr devenue scandaleuse, car marchant enlacée dans les bras d'un homme si jeune, les mêmes qui ne les jugeraient pas si les rôles étaient inversés...

Un roman ma-gni-fi-que, qui aborde avec talent et justesse, l'amour passionnel entre une femme et un homme plus jeune.


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« Merveilleux récit », « livre sublime », « enquête rigoureuse sur la vie », «morceaux d'humanité », « histoire toute en pudeur et retenue »…
Comment aurais-je pu résister ? Faible que je suis je m'empresse et cours en librairie telle une acheteuse compulsive. le problème, comme souvent avec les achats compulsifs, c'est le risque d'être démesurément déçue ! Ça n'a pas loupé. Vingt-sept pages d'une platitude qui me laisse coi. Une femme d'âge mûre, ménopausée, qui se tape un p'tit jeune et qui découvre le regard désobligeant de beaucoup, la jalousie de certaines de ses congénères, l'insolence des plus jeunes à ne pas la considérer comme rivale. Une femme mûre qui s'offre un bain de jouvence avec ce jouvenceau qui lui fait remonter le temps et par un certain hasard lui rappelle un moment passé : un avortement « douloureux » (je mets douloureux entre guillemets comme pour mieux souligner le pléonasme)… J'arrête là, ma critique risquant de dépasser en nombre de caractères le « roman Proustien » de Mme Erneaux. Je me demande si ce n'est pas tant les sujets abordés, dans une époque où le féminisme se fait plus extrême, plus que les propos ou la plume qui ont provoqué ce déluge de dythirambes. Mais une rédactrice en chef avertie nous avertit justement qu'il « s'agit d'une perle précieuse sûrement pas pour les gens qui n'ont jamais lu Annie Erneaux ». Ah me voilà rassurée, je n'ai été sensible ni au propos ni à la plume simplement parce que je méconnais l'autrice. Je tâcherais à l'avenir de lire les auteurs en commençant par leur premier écrit histoire de mieux les apprécier du coup faut que je file y'a du boulot !
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C'est bien humblement que je confesse mon inculture, n'ayant jamais entendu parler de cette auteure avant la promotion de cette nouvelle à la grande librairie et sur cette page. Je n'ai rien lu d'Annie Ernaux avant « le jeune homme », un texte court qui raconte la relation qu'elle a vécue avec un garçon de trente ans de moins qu'elle.
« Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues. »
Cette accroche en prologue est-elle la clé de compréhension de ce texte étrange, très court, écrit sans émotion ni affect, presque dur ? Certains parlent d'une écriture « à l'os », dépourvue de fioritures. Je l'ai même trouvé aride. Mais je l'ai lu d'une traite étrangement accrochée et ai apprécié cette parenthèse littéraire originale, un peu provocante, militante et border line.
J'ai eu comme d'autres lecteurs dont j'ai parcouru les commentaires le sentiment que le jeune homme était utilisé, chosifié, et la relation amoureuse entretenue dans le dessein de devenir un objet littéraire.
« J'avais conscience qu'envers ce jeune homme, qui était dans la première fois des choses, cela impliquait une forme de cruauté. »
De nombreux passages traduisent une forme d'égotisme qui ne nous rend pas l'aventurière ménopausée forcément très sympathique.
J'ai même souvent ressenti une forme de malaise à la lecture de certains passages.
Devant le couple que nous formions visiblement, les regards se faisaient impudents, frôlaient la sidération […] Ce n'était pas nous qu'ils voyaient, c'était, confusément, l'inceste. […] A. m'a fait remarquer que nous étions plus inacceptables qu'un couple homosexuel.

Mais est-ce que ce n'est finalement pas le but de l'auteure : créer un malaise qui pose la question de la symétrie? Une forme de militantisme et de contravention aux conventions sociales ?
Quoiqu'il en soit ces quarante pages sont tout sauf superficielles. Elles sont le reflet d'un regard lucide et acéré sur notre temps.
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