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EAN : 9782070718443
168 pages
Gallimard (13/02/1990)
4.5/5   5 notes
Résumé :
J'avais une conscience exacerbée des deux idiomes entre lesquels il me fallait me partager ou plutôt me disjoindre. Mais cette conscience ne relevait pas de la grammaire particulière à l'une ou à l'autre langue, au vocabulaire, à la syntaxe, qui les distinguait. Les difficultés dont j'étais conscient ressortissaient, manifestement, à un autre domaine que celui de l'appropriation matérielle, mécanique, d'une langue. Ce qui m'avait frappé lors de ma petite enfance m'a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique



Le Partage des Mots est un essai de Claude Esteban sur le bilinguisme.
Son père était espagnol et sa mère française. Il a été élevé dans les deux langues et s'est senti, pour cette raison, dès son jeune âge, écartelé entre deux cultures, deux identités.
A l'adolescence, il a du faire un choix, très difficile. Il a opté pour le français et rédigé toute son oeuvre dans cette langue.
A l'âge mûr, il a été durement éprouvé par la perte brutale de sa femme. Dans cette souffrance, la langue espagnole a surgi sous sa plume (Le jour à peine écrit).
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Claude Esteban nous livre ses demelees entre ses deux langues Espagnol et Français.Quel parcours depuis son enfance jusqu'à son agregation.
Après les premières pages demandant nécessairement un certain effort tant le vocabulaire deploye est virtuose, l'écriture devient familiere, compagne agréable aux phrases ciselees.
C'est avec cette belle syntaxe que s'exprime la difficulté de composer avec ses deux langues ,parfois, reniant l'une , enscensant l'autre ..
Mais l'auteur a ce don de toujours utiliser avec grâce le terme précis pour décrire ce qui le torture tant.
Claude Esteban explore la sonorite des deux langues , il analyse avec justesse les sensations que amenent le même mot en espagnol et en français.
C'est cette exploration du ressenti de la langue qui m'a parlée emue, intéressée.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Du moins ( - l'acquisition du langage - ) apporte-t-elle à ceux qui la mènent à bien une assurance majeure : celle de la stabilité physique et morale du réel, celle aussi, plus précieuse encore, de la véracité des signes qui, presque magiquement, sont voués à en rendre compte. Encore faut-il que le langage où l'enfant s'aventure constitue à ses yeux une manière de totalité bienveillante, un lieu unique, irrécusable, que le doute n'habite pas ni le péril des équivoques. A chaque chose, l'exacte repartie des mots ; à chaque mot, une place dans l'immense vocabulaire du monde. Un tel bonheur ne m'est point échu. Dès les premiers moments de mon expérience balbutiante, il m'a fallu chercher un chemin à travers deux idiomes qui s'affrontaient dans mon esprit, m'imposant leurs directives divergentes, leurs codes et leurs déchiffrements singuliers.
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J’étais encore impuissant à les nommer, à les atteindre par la parole. Mais je savais tacitement qu’elles étaient là, distinctes de moi, durables. Les mots revenaient à leur tour, comme ruisselants de fatigue. Ils avaient, eux aussi traversé la mort. Je crois que je ne pus retenir mes larmes lorsque je parvins à dire tout haut : « il fait jour »

Je comprenais soudain que c’était le seul poème que j’eusse composé vraiment, que tous les autres n’avaient été qu’une animation factice du discours, qu’il fallait mériter les mots pour qu’ils reviennent, et qu’on ne les méritait qu’en mourant à soi.
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Videos de Claude Esteban (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Esteban
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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