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EAN : 9782259250887
608 pages
Plon (26/01/2023)
4/5   7 notes
Résumé :
« Le mauvais goût échappe à toute définition, famille ou clan. Tout comme le bon goût, il est relatif, circonstanciel, ancré dans son temps.
Il peut également être une frontière sociale, un racisme de classe. En ce cas, le mauvais goût c’est celui de l’autre, celui qu’on n’a pas et qu’on se défend d’avoir au risque de trahir les siens.
Enfin il y a le mauvais goût patenté, revendiqué, qui n’est pas une attitude, une mode, mais une profession de foi art... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
THE MAUVAIS GOÛT

Rien que ça. Écrire sur le mauvais goût. Ce petit instant où l'on voit dans un regard la détresse ou la honte. Véritablement subjectif, on dénigre un individu pour ses vêtements, ses goûts artistiques ou son passé. Chacun pourra créer le sien et fera jaillir dans l'esprit d'autrui un « ah mais oui c'était horrible ça ! ». Une sorte d'imaginaire collectif du kitsch, du mauvais endroit au mauvais moment. Nicolas d'Estienne d'Orves est avant tout un écrivain styliste maniant le sens de la formule comme on n'en voit que peu aujourd'hui. Capable d'aborder sa recette de l'andouillette, l'inutilité d'un animal comme le hamster ou la vacuité de Belle de seigneur d'Albert Cohen (« plafond de verre littéraire de nombreuses naïades qui l'exhibent dans leur étagère Billy tel le brevet des collèges oui un diplôme de natation ») avec le même degré d'ironie, l'auteur enchaîne les strikes. Son introduction permet de réfléchir au-delà de la simple blague sur le rôle de frontière sociale ou de racisme de classe. de l'appartenance de groupe qui en découle, on arpente le sillon d'un mauvais goût qui n'est pas si détaché d'une certaine violence sociétale.

« Le bon gout est relatif, circonstanciel, ancré dans son temps, le mauvais gout est celui qui précède de peu ».

L'auteur classe ainsi les entrées du dictionnaire avec un coeur ou un pique et y aborde différentes thématiques telles que l'art, la littérature ou le cinéma. Cet ouvrage fait preuve d'un regard pertinent sur notre société, il ne s'arrête pas aux diatribes sur les choses que l'auteur n'aime pas, il y a toujours cet oeil vif qui saisit les moments les plus improbables et pathétiques de notre monde. Car il y a aussi dans ce dernier bon nombre d'entrées positives qui seront de mauvais goût pour vous mais qui raviront l'auteur.

Dans mon dictionnaire du mauvais goût évidemment les pizzas à l'ananas, les films de Quentin Dupieux, le régionalisme exacerbé, Baptiste Beaulieu, l'absence de débat, Rafael Nadal, Camille Combal, les 12 de midi, la musique vitres ouvertes en voiture, la longueur des ongles, mettre son chat sur Instagram, Annie Ernaux

J'y ai découvert Henri Amoroso, des films à voir, Didier Super, Philippe Clair, retrouvé Jean Ray et Serge Brussolo trop longtemps oubliés. J'ai surtout beaucoup ri devant tant de verbe, de gouaille, de phrases aussi tranchantes qu'un opinel gravé avec son nom dessus. Néo ne se limite pas aux entrées consensuelles, il affronte les sujets sensibles tels que Dieudonné et Tony Duvert mais aussi Lucien Rebatet dont il est l'ayant-droit par curiosité culturelle.

Loin de moi l'idée de refaire ici même un résumé de ce dictionnaire dont on pioche chaque entrée chaque jour mais quand même, relevons ces deux entrées sur Aya Nakamura et Yseult où le vide laisse place aux mots. Relevons ce poème écrit en écriture inclusive démontrant l'absurdité du procédé. Relevons le faste du grand Bokhassa dont on ne se remet toujours pas, relevons le Botox et la tendance des enfants maquillés. Relevons les éoliennes « injure à la respiration ontologique des paysages », relevons le pouvoir d'une friandise et son côté régressif. Relevons la nouvelle folie des burgers et le retour des vinyles. Quoi de mieux qu'un livre drôle, enrichissant, partial et assumé avec lequel on ne peut pas être d'accord avec chaque idée et c'est bien pour cette raison qu'il dépoussière à la fois le genre et la littérature. Au-delà du format et appellation Dictionnaire amoureux c'est avant tout un style littéraire si difficile à maîtriser : faire mouche à chaque phrase.
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Le goût, bon ou mauvais , étant affaire de subjectivité, dans son introduction à ce dictionnaire, Nicolas d'Estienne d'Orves avertit le lecteur qu'il s'agira d'un livre intime et narcissique. le fait est que chaque entrée est accompagnée de l'icône d'un coeur ou de l'icône d'un pique, selon que le mauvais goût dont il est question ait la faveur de l'auteur ou qu'il l'offusque. Mais là ne s'arrête pas le plaisir qu'éprouve D'Estienne d' Orves à se mettre en scène avec des bonheurs divers, l'exemple le plus complaisant étant la reproduction in extenso de cet échange de SMS à la fois savants et graveleux avec le "multicartes" Ariel Wizman. A l'image de cette illustration pour les SMS, on a la désagréable impression que certaines entrées ne figurent dans ce dictionnaire que pour permettre à son auteur de se faire valoir, telle celle sur les salons de massage asiatiques.
Mais ne boudons pas notre plaisir malgré ces réserves ! L'ouvrage est divertissant, instructif, bien écrit et plein d'humour. Nicolas d'Estienne d'Orves démarre fort en dédiant ce dictionnaire à Joseph Pujol, "notre maître à tous", sans préciser pour les incultes qu'il s'agit du pétomane qui sévissait au Moulin Rouge autour de 1900. On jubile évidemment lorsqu'il s'en prend à des icônes intouchables qui n'ont pas non plus notre faveur, tel Omar Sy: "Omar Sy n'est pas un comédien : il ne joue pas, il est lui-même." Même plaisir lorsqu'il moque, entre autres, les EVJF, entendez les Enterrements de Vie de Jeune Fille, les visiteurs de la FIAC, les tics de langage" du genre "du coup" , les romans qu'on se fait un devoir d'exposer dans sa bibliothèque comme "Belle du Seigneur" ou encore la chanteuse Aya Nakamura dont l'entrée ne donne lieu à aucun texte alors que son nom est suivi de "Libres propos" ... Dommage que les films de Michel Ocelot aient été oubliés alors que notre homme les classe dans les entrées pertinentes qu'il aurait dû rédiger.
On appréciera également que l'auteur évoque avec une certaine tendresse "Les Jeux de 20 heures", "La chance aux chansons", les fêtes foraines , le chanteur Georgius et son célèbre Lycée Papillon que son père lui faisait écouter alors que ses contemporains ne juraient que par Bruce Springsteen, a-ha ou Balavoine.
Que de découvertes aussi avec Didier Super, Grand Jojo, Henri Lievens, ou le cannibale japonais Issei Sagawa dont on apprend qu'il est devenu une star dans son pays ...
En guise de conclusion, Nicolas d'Estienne d'Orves nous invite à notre tour à "canarder, être injuste, sans état d'âme", son ouvrage n'étant que "le premier maillon d'une chaîne joyeuse et infinie".
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Dans la série des Dictionnaires Amoureux,, on trouve le meilleur et le pire.
Ce n'est pas le lieu d'en dresser le palmarès. Disons que l'opus dû à d'Estienne d'Orves (je l'appellé par son nom de famille, me rangeant à son opinion: pour lui, l'usage systémétique du prénom dans notre société est une marque de mauvais goût, et je suis bien d'accord) se situe dans la moyenne
Il souligne à raison le caractère subjectif de l'exercie, et il est vrai qu'il s'agit le plus part du temps plutôt de miscellanées que de dictionnaire à proprement parler.
Dans l'introduction, l'auteur s'effor ce définir l'objet de son étude; il distingue à raison:
-un mauvais goût involontaire, où tombe celui qui croît être dans le bon goût (l'auteur, contaminé par le relativisme ambiant, dit que le mauvais goût, comme le bon d'ailleurs, est toujours subjectif, ce qui revient à dire que ni l'un ni l'autre n'existe ,opinion qui conduit à conclure que rien ne vaut rien puisque tout se vaut, (opinion que je ne partage absolument pas), et qui acccssoiremnt rendrait impossible l'établisement de ce dictionnaire
-un mauvais goût " traduisant "une frontière sociale et un racisme de classe"; ici Bourdieu montre sa vilaine oreille, vous me décevez, Monsieur d'Estinne d'Orves, je vos aurais cru meilleur goût.
Au demeurant, il se différencie guère du mauvais goût involontaire; là encore tout se situe dans l'oeil de qui le définit.
-et enfin, et c'est d'ailleurs ce qui intéresse le plus l'auteur, un mauvais goût volotaire, assumé de provocation, voire à viée artistique.
Après ces réserves de principe, disons que l'ouvrage est intéressant, qu'on y apprend une foule de choses -et après tout n'est-ce pas le but d'un dictionnaire,- et qu'il est d'une lecture agréable, à l'exception toutefois de sertains passages graveleux et/ou scatologiques. En particulier l'échange de SMS reproduit par l'auteur, qu'il aurait eu avec un certain Ary Wizman, que je n'ai pas le malheur de connaitre, illustre certes le mauvais goût dans tous les sens possibles du terme, mais passe toutes les bornes, et notamment celle de la décence commune au sens orwellien du terme.
C'est d'ailleurs sur lui que se fonde ma note, qui aurait été bien meilleure en son absence.

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critiques presse (3)
Lexpress
13 février 2023
Dans son "Dictionnaire amoureux", l'écrivain sépare le bon grain et l’ivraie des appétences et inclinations. De l’art de savoir tirer le meilleur des comiques populaires, des nanars et des abats.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
06 février 2023
Le journaliste et écrivain publie un Dictionnaire amoureux du mauvais goût. Un fourre-tout joyeux, hybride et déconcertant. À l’image de son auteur, mélomane, cinéphile et surtout provocateur assumé.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
RevueTransfuge
31 janvier 2023
Avec ce Dictionnaire amoureux du mauvais goût, dans la droite ligne de la collection du même nom qui fait florès chez Plon, Nicolas d’Estienne d’Orves égraine les entrées attendues, incongrues, ou carrément saugrenues. Il met en garde d’emblée le lecteur sur le caractère absolument subjectif de la chose, anticipant ainsi les inévitables frustrations.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Reste qu’un élastique finit toujours par rompre, et le résultat est moins séduisant que charcutier. Certaines de nos plus délicieuses actrices – revanche sur l’adolescence ? forfanterie d’amantes éconduites ? promesse de joies dévorantes pour leurs partenaires ? – se sont vu affubler de bouches lippues.
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Il semble qu’aujourd’hui la chanson soit un art qui se prend trop au sérieux pour s’oser à de telles sorties de route. On m’objectera qu’Internet est le nouveau lieu de toutes les audaces, mais cet océan est trop vaste à mon goût ; alors que de véritables maisons de disques donnaient les moyens à des incongruités de voir le jour, avec des studios, des techniciens, des connaisseurs du son, et non des chanteurs du dimanche qui pianotent dans leur double living.
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Plus discrets que les petits hommes verts, moins tapageurs que les Huns, voilà cinq siècles que les bonbons nous envahissent. Depuis que Catherine de Médicis a fait venir ses fabricants de douceurs en terre de France, le bonbon est une affaire de génération, car chaque âge a connu le sien. Durant la Renaissance, on lèche de la pâte de coing ; devant la Fronde, on se délecte de pralines.
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On est toujours né trop tard. J’ai le regret de nombreux rendez-vous : à quelques années près, j’aurais pu goûter la magie des Halles parisiennes, croiser Orson Welles dans son village de l’Eure, entendre Karajan en concert… Parmi ces nostalgies, je porte le deuil d’un épisode survenu lorsque j’avais trois ans : le couronnement de l’empereur Bokassa Ier.
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On pourra évidemment arguer que cela ressort du jugement de valeur : l’épithète « mauvais » serait une convention puisqu’on n’a pas trouvé mieux. Peut-être, mais c’est ainsi. Tout regard n’est-il pas une première salve ? Première salve d’un point de vue, d’une critique, d’une célébration ou d’une mise à mort.
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Videos de Nicolas d' Estienne d'Orves (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas d' Estienne d'Orves
Les passionnés de cinéma ont en mémoire le visage et la gouaille d'Arletty avec sa célèbre réplique : « Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ??? »… Se mettant dans la peau de Garance, l'héroïne des « Enfants du Paradis », Nicolas d'Estienne d'Orves nous raconte Arletty, dans l'ombre et dans la lumière.Coup de coeur Web TV Culture !
Retrouvez l'émission intégrale sur https://www.web-tv-culture.com/
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