J‘aime dans une femme sa douceur : cette peau blanche que le soleil n’a pas encore séchée, ce doux regard qui s’inquiète de ma fidélité, ces seins lourds dont mes mains créent les formes multiples, le gréement de ce corps que je reconnais à deux cents pas, ces lèvres qui réveillent en moi les restes d’un tempérament presque éteint, cette caresse en passant au milieu d’une foule, cette épaule qui me rend carnivore, cette joie du visage quand nous nous retrouvons, ces fesses qui frémissent aux soubresauts de mon sexe, ce sourire qui déclenche celui de mes enfants, cette souplesse des membres qui produit mille figures libres et imposées, cette allure magnifique d’une noble démarche, ces longues jambes que relèvent et dissimulent les ombres d’un voile de soie noirs, cette voix qui ne dit jamais mon prénom mais invente mille périphrases, cette humidité qui m’assure de son désir, cette délicatesse qui éveille le mien, la chaleur de son corps ensommeillé qui résiste encore à mes avances, l’élégance de l’air qu’elle déplace, la pudeur de son geste le plus érotique. J’aime ce que précisément, je ne suis pas, dans cette Différence éblouissante et buissonnante.
1076 - [Arléa, p. 28]
Vidéo de Alain Etchegoyen