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EAN : 9782227470927
120 pages
Bayard Jeunesse (06/02/2003)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Au XVIIIe siècle, des hommes et des femmes au statut précaire, retrouvés morts sur les routes ou ailleurs, et dont les corps sont inventoriés par la police pour identification, portent sur eux de menus objets, traces d'écrits malhabiles : billets, lettres, missives, prières. Le plus émouvant est sans doute le bracelet de parchemin. Découvert il y a peu de temps dans les archives au milieu des procès-verbaux, ce minuscule morceau de papier attaché au poignet par un f... >Voir plus
Que lire après Le bracelet de parchemin : L'écrit sur soi au XVIIIe siècleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Arlette Farge est -une fois de plus- allée s'immerger au coeur des archives et procès verbaux témoignant de la vie, de la mort des hommes et femmes du 18ème siècle.
Les historiens s'intéressent depuis peu à des détails passionnants : les écrits que pouvaient porter sur eux les personnes retrouvées mortes et dont la fin a été consignée dans les archives nationales de la préfecture de police.

Ces écrits peuvent prendre toute sortes de formes : cartes à jouer, parchemins, morceaux de carton, d'affiches...

Que nous apprennent ces écrits?
Rarement la cause de la mort, parfois l'identité de la personne décédée, plus fréquemment "le mode d'être du porteur".

Quels buts ont ces écrits?
Ils émanent le plus souvent d'autorités religieuses, militaires voire pénitentiaires et leur objectif premier est de renseigner sur l'identité de la personne (son nom en cas d'accident...) car au 18ème siècle, il est très important d'être reconnu pour pouvoir être enterré. Cela ne nous donne aucune information si la personne maîtrisait ou non l'écrit/la lecture. L'historien réalise que ces fragments, - aussi fascinants soient ils - peuvent parfois s'avérer complexes à déchiffrer, à comprendre et qu'il faut absolument se garder de vouloir les interpréter pour autre chose que ce qu'ils peuvent être!
Pour éviter cela, il faut éviter les éventuels anachronismes, c'est à dire bien replacer le sujet dans son époque, son environnement et en connaître les us et coutumes. Par exemple, bien connaître la place de l'écrit et de la lecture dans les classes populaires du 18ème siècle, garder à l'esprit que la culture en ville est plus présente qu'à la campagne, que les hommes y ont plus facilement accès que les femmes, et que la position sociale et le métier du porteur joue un rôle également.

Quoi qu'il en soit, ces écrits sont parfois touchants car ils donnent à connaître le niveau d'appropriation de culture des porteurs. En effet, ces traces peuvent être écrites en phonétique (ce qui renseigne alors sur la façon dont certains termes étaient prononcés à l'époque!), peuvent n'avoir aucun sens à priori pour celui qui les trouvera ou encore juste renseigner sur le travail du détenteur de cet écrit.

Arlette Farge expose ces recherches de façon pas toujours abordables. Son propos aurait pu être expliqué plus simplement, plus clairement. J'ai aimé ce court livre de recherches.
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Lecture choisie dans ce cas-ci, Arlette Farge a d'abord été un titre imposé. Son écriture, ses sujets, son format, tous des ouvrages de Farge m'ont interpellé. Enfin, sa personne, par l'intermédiaire d'une entrevue filmée, m'a touché (Centre de Recherches sur les arts et le langage, 2013). Une si grande fragilité incarnée dans une si grande historienne.
Pour moi, les oeuvres de Farge, c'est « cela » dans la plus barthésienne des façons (Barthes, 1973). C'est un art littéraire qui redonne vie aux papiers les plus fragiles, qui offre une voix aux démunis d'une autre époque, qui recolore ce qui a été jauni. L'auteure a su, et sait toujours d'ailleurs, transformer le passé accessible uniquement par l'intermédiaire des archives en une intrigue passionnante. Dans Un ruban et des larmes, Arlette Farge nous expose la sensualité d'une femme, son érotisme, inscrivant son travail dans un texte de plaisir, comme nous dirait Roland Barthes (Barthes). Comme tout texte sur le plaisir, il se doit d'être court. Oui, on se dit « c'est tout ? » une fois la lecture terminée. Parce que le plaisir est mal défini dans la société dans laquelle on vit tout autant que dans celle où évolue le personnage principal du roman, ce plaisir fait face à l'opinion (doxa) et à la contestation (paradoxa), impliquant obligatoirement la censure (Barthes, 1973, p. 31). Cette censure, elle est partout dans les ouvrages de Farge, simplement parce qu'elle-même n'arrive pas a reconstitué en entier les faits avec ce qu'il y a dans les archives puisqu'incomplètes ou anachroniques.
Un ruban et des larmes, c'est un procès pour adultère par une femme de petite société à une époque plus que hiérarchisée. Ce sont des domestiques qui ont des mots contre leur maître trop plein d'amour pour une femme libertine. C'est surtout, une femme qui est prête à subir le joug de la cour de justice pour ce qu'elle qualifie de central dans sa vie : la jouissance. Tout ceci à une époque ou la justice donne avantage à un mari jaloux plutôt qu'a une artisane libertine, parce que non, ce n'était pas « le siècle des amours faciles ».
Un ruban et des larmes, c'est pour moi une dénonciation de la précarité des femmes de basse ville, à un moment de notre histoire que l'on a osé qualifier de « Lumières ».

[Barthe, R. (1973). le plaisir du texte. Paris : Éditions du seuil
Centre de Recherches sur les arts et le langage [CRAL]. (2013, 21 janvier). Arlette Farge, « Ecrire après
l'effacement » [Vidéo en ligne]. Repéré à https://www.youtube.com/watch?v=VbQnojRVbr4]
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Tout simplement le lieu d'une reconnaissance, et l'immense espoir porté sur soi d'un futur

« Ne pas savoir écrire mais porter sur soi des traces d'écrit malhabiles, des morceaux de phrases, quelques bouts d'adresses ; ne pas savoir bien lire mais posséder sur son corps un « méchant » certificat de baptême ; de cette manière, n'être point absent de soi-même : voici ce qui se remarque sur des hommes et des femmes du XVIIIe siècle, en exil d'institutions sociales, le plus souvent en exil d'eux-mêmes mais peu éloignés de la nécessaire nébuleuse des autres »

Des signes, des aveux de vie, des sorties de l'anonymat, des êtres dits, des bracelets de parchemin retrouvés autour des poignets de cadavres de femmes ou d'hommes… Des éléments parcellaires, des signes infra-ordinaires, « une pratique ordinaire de l'écrit chez des individus quasiment illettrés », des écrits traversent le temps…

Arlette Farge analyse ces mots pour soi, parle de mobilité constante, de pensée du futur, de reconnaissance… Elle insiste sur les formes, les supports, les graphies, les gestes d'écriture, « ils sont l'histoire des possibilités infinies de l'écrit ». L'auteure parle de vie voulue, d'aveu, d'identification, d'enterrement en terre chrétienne, de « bon passage », de papiers de bonne foi, de lettres, « il y a dans l'épistolaire malhabile le renvoi à une communauté du souvenir et de l'action », d'imaginaire et de personnage construit..

Elle poursuit avec le corps écrit, les réalités composites et hiérarchisées, les appropriations, des choses qui résistent, l'étude « des faibles intensités », la situation au coeur de la culture semi-urbaine et rurale du XVIIIe siècle, l'écriture et la lecture dans les milieux populaires, les parcours, la ville, « C'est à la ville que se voit et s'entend la monarchie »…

Ecrire c'est aussi rompre avec les activités du sol, mettre son corps en position, trouver le temps…

Arlette Farge revient sur le nom, les initiales marquées sur les habits, les signes du travail, les traces de l'intime et des sentiments, la lettre et l'écrit, « écrire est plus que convenable », le corps comme « porte-enseigne », le corps politique et affectif. Elle évoque « l'éclat de leurs existences »

Un petit livre d'histoire, sur des pratiques qui en disent long, sur l'« intensité faible » et le « pouvoir germinatif de leur manière de communiquer ».
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ne pas savoir écrire mais porter sur soi des traces d’écrit malhabiles, des morceaux de phrases, quelques bouts d’adresses ; ne pas savoir bien lire mais posséder sur son corps un « méchant » certificat de baptême ; de cette manière, n’être point absent de soi-même : voici ce qui se remarque sur des hommes et des femmes du XVIIIe siècle, en exil d’institutions sociales, le plus souvent en exil d’eux-mêmes mais peu éloignés de la nécessaire nébuleuse des autres
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ils sont l’histoire des possibilités infinies de l’écrit
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Videos de Arlette Farge (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arlette Farge
Frédéric Candelon-Boudet vous présente son ouvrage "Les capitaines du port de la Lune : Bordeaux des Lumières, l'appel du large" aux éditions Mollat. Entretien avec David Vincent.
L'historienne citée à la 13e minute et 52 secondes n'est pas Arlette Fage, mais bien Arlette Farge.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2664444/frederic-candelon-boudet-les-capitaines-du-port-de-la-lune-bordeaux-des-lumieres-l-appel-du-large
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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