Souvenez-vous: Il y a déjà cinq ans, c'était l'année Franco-Russe. L'occasion, enfin, de voir la Russie autrement que par le biais de l'Histoire, qui ne la met pas vraiment à son honneur.
Parmi le florilège d'hommages et d'événements prévus, quelques Français chanceux furent conviés à un voyage en train. Mais pas n'importe lequel, puisqu'il ne s'agissait ni plus ni moins que du célèbre
Transsibérien. C'est ainsi qu'une vingtaine d'écrivains, journalistes, acteurs et photographes français entamèrent ce voyage. Parmi ces personnes se trouvait donc
Dominique Fernandez, auteur de ce livre, et Fernante Ferranti, son compagnon dans la vie et photographe de son état.
On s'en doute, les voyageurs étaient surveillés de près par des guides chargés de servir d'oeillères pour les empêcher de voir ce que les dirigeants russes ne veulent pas qu'ils voient. Evidemment,
Dominique Fernandez ne se gêne pas pour gratter sous la glace, même si il sait déjà ce qu'il va trouver. Tout au long du voyage, il porte un regard contemplatif et mélancolique sur ce qu'il voit. En tant qu'homme de lettres, il admire la littérature russe, et se désole de voir que ce pays, pourtant plein d'énergies et de promesses, ne cesse d'être dirigés par des opportunistes mégalo qui le traînent vers le déclin.
Fernandez, lui, contemple les nombreux vestiges de l'URSS croisés, se moquent des spectacles vides et hypocrites auquel il est convié et n'est pas du tout impressionné par les nouveaux monuments construits. Se mêle à ces descriptions désabusés des réflexions sur la place de l'art en Russie.
Les amateurs de littérature russe seront aux anges, la plupart de ces réflexions portent sur les auteurs et leurs oeuvres. Elles sont intelligentes, bien écrites, et ne sont nullement masturbatoire.
Cerise sur le gâteau, les photos de Ferrante Ferrranti sont sublimes. Mais peut-être eut t-il été plus judicieux de les disposer dans le texte par rapport au passages ou elles correspondent, que de les réunir ensemble au milieu de l'ouvrage ?
Peu importe, de toute façon.
Transsibérien est un livre de voyage qu'on aurait tort de bouder. Même si les nombreuses références bloqueront les néophytes, nul doute que les russophiles y trouveront leur bonheur, et verront dans les réflexions de
Dominique Fernandez sur la Russie passé et présent un miroir à leurs propres réflexions.