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EAN : 9782841421213
58 pages
Ombres (20/01/2000)
3.83/5   3 notes
Résumé :
" Le Canapé couleur de feu ressortit à la fois à la littérature merveilleuse et à la littérature galante ; l'histoire qui y est rapportée a encore l'avantage de ne point avoir été, comme Le Sopha de Crébillon le fils, habillée à l'orientale. C'est un conte de fées, mais un conte français, et il est de son époque, sur les mœurs de laquelle il nous renseigne. L'histoire est jolie : un chevalier, n'ayant pu satisfaire aux désirs de la laide fée Crapaudine, elle le méta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un couple tout nouvellement marié a acquis un somptueux canapé à la couleur de feu et tente d'y accomplir y dessus leur nuit de noce, mais hélas le mari procureur n'y parvint guère à honorer sa femme. Quant soudain, surprise ! le canapé se métamorphose en un jeune homme, le chevalier Commode qui leur raconte alors son histoire : originaire du Liége, il s'était rendu à la chasse quand il se retrouva soudainement dans un pays étrange aux cotés d'une belle femme dont il en tombe amoureux. Mais la patronne de la dulcinée, l'affreuse Crapaudine s'y éprend à son tour et le contraint à y passer la nuit avec. Commode ne réussit pas à ne serait qu'éveiller son " petit doigt" si vous voyez ce que je veux dire : Craupadine furieuse le transforme alors en canapé, le condamnant à servir d'autel des amours...
Une singulière histoire que nous donne ce court roman érotique écrit par Fourgeret de Monbron qui a entre-autres rédigé Margot la Ravaudeuse un des classiques de la littérature libertine du XVIIIeme siécle, un équivalent des Mémoires de Fanny Hill mais plus pragmatiqueet moins enchanteur. le canapé couleur de feu paru en 1741 est un petit morceau de coquinerie qui tire profit de la mode en vogue dans les cours européennes, celles de l'orientalisme inspiré par la récente traduction des Milles et une nuit par Antoine Galland qui a fait découvrir à l'Occident ce chef d'oeuvre du Moyen-Orient : en outre il est très proche du Sopha de Crébillon qui use aussi de la même trame de de départ, le protagoniste transformé en commodité de conversation et assistant aux liaisons plus ou moins licites qui s'y ébattent, mais considéré ensuite comme une médiocre copie du premier. Mais aussi de la mode des contes de fées initié par Perrault un siécle plus tôt ou la transformation est courant pour émerveiller les lecteurs.
C'est un conte de fées licencieux certes mais l'imaginaire n'est pas très dépaysant, un décor de féerie en carton pâte sans grand intérêt, même pas une pincée d'oriental en plus. L'intérêt est ailleurs, dans les péripéties voyeuristes du canapé qui est malgré lui témoin et support des accouplements charnels d'où toutes les strates de la société défilent, des joueurs de convulsion en passant par les prostituées et surtout, là qui détonne, surtout des hommes de foi tels qu'un abbé et des moines qui transgressent leurs voeux de chasteté avec des donzelle. Là encore la critique des prêtres et autres serviteurs du Christ et de leur hypocrisie est de mise, sans toutefois aller plus loin. On s'amuse aussi du thème récurrent de l'impuissance masculine et on a même droit à un tout petit peu de scatologie avec un passage au lavement au ratage garanti. Dans le style leste, élégant et piquant de l'auteur, on suit avec gallérie les mésaventures du pauvre canapé qui assiste aux secrètes dépravations de la société française de l'Ancient Régime.
C'est plaisant à lire mais on a une impression de manque, dû à la brièveté des épisodes et la fin très classique et conventionnel. Il y aussi le fait que contrairement à Margot la Ravaudeuse qui était plus enjoué, plus rythmé dans la progression de notre héroïne prête à tout pour améliorer son sort quitte à jouer la tapin, ce récit semble répétitif et sobre. On ne s'ennuie pas toutefois et on peut toujours prendre goût à assister aux aléas de la sexualité, avec quelques détails sur la vie de la France au temps de Louis XV.
Quoi qu'il en soit, une malicieuse et agréable histoire érotique prenant exemple du libertinage et de la féerie à découvrir pour les plus curieux, et qui peut ensuivre avec l'excellent Margot la Ravaudeuse.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il n’est pas, continua le chevalier Commode, que vous n’ayez ouï parler de la Fillon, cette femme si recommandable par les plaisirs clandestins qu’elle procurait à tout le monde en bien payant. Ce fut à elle à qui je fus adjugé par enchère, et l’on me plaça aussitôt mon arrivée dans un cabinet préparé pour les joyeux ébats. Comme la Fillon était extrêmement achalandée, je n’y fut pas longtemps sans étrenne.
Le premier que j’eus l’honneur de porter fut un abbé que ses talents à récréer le beau sexe ont fait parvenir à la prélature. J’avoue que de mes jours je ne fus secoué si vigoureusement et à tant de reprises. — Est-il possible, interrompit le procureur, que des gens de cette robe fréquentent de semblables endroits ? — Eh ! pourquoi non ? reprit le chevalier. L’affublement apostolique est-il un préservatif contre l’incontinence ? Si vous le croyez, que vous êtes dans l’erreur ! Mettez-vous en tête que la plupart de ceux qui embrassent cet état n’ont en vue que de se procurer une vie tranquille et voluptueuse : exempts de tous les embarras de ce monde, ils ne connaissent que les plaisirs ; et c’est pour se les assurer qu’ils se sont imposé la loi du célibat. À leur habit évangélique, toutes les portes leur sont ouvertes ; ils s’insinuent adroitement dans le sein des familles et s’en rendent tôt ou tard les maîtres ; de pauvres maris se voient contraints, pour entretenir la paix dans le ménage, d’inviter les cafards à boire leur vin ; heureux encore si on les quitte à si bon marché ! Mais, tandis qu’ils sont occupés du soin de leurs affaires, que n’ont-ils point à redouter des manœuvres de ces pieux fainéants ? — Fi ! fi ! s’écria la procureuse, j’aimerais mieux recevoir chez moi le régiment des gardes qu’un homme d’église. — Ma mie, dit le procureur, ne voyons ni les uns ni les autres, ce sont de mauvaises connaissances.
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J’étais encore le souffre-douleur des bêtes de la maison. Théâtre éternel des querelles du chien et du chat, j’avais toujours à pâtir de leur mésintelligence. Le moindre petit os à croquer allumait entre eux une guerre civile dans laquelle j’héritais d’ordinaire de maints coups de griffes et de dents. Maître Minet même, en sa meilleure humeur, aiguisant nonchalamment ses ongles crochus sur ma peau, me découpait chaque jour quelque partie du corps. Et monsieur est témoin que j’étais presque en lambeaux lorsque madame eut la courtoisie de prendre congé de ce monde pour aller en l’autre.
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''La modestie est la vertu la plus nécessaire au sexe ; elle ajoute à ses perfections et diminue ses défauts ; une jolie personne l’est doublement quand, loin de s’enorgueillir des avantages dont la nature l’a favorisée, elle les estime toujours au-dessous de ce qu’ils sont et ne se presse jamais de les faire connaître.''
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