Les jours barbares -
René Frégni - Tract de crise n° 8 - 21/03/2020 - Offert gratuitement en période de confinement par Tracts Gallimard - Lu en juin 2020. Lien : https://assets.edenlivres.fr/medias/33/f3588b34210e3f5129f485adfa7eac53a6665a.pdf
Aujourd'hui, nous sommes en déconfinement, mais quand on écoute la radio et la télévision, le Covid-19 est toujours tapi là où on l'attend le moins, petite chose invisible mais tellement ravageuse.
En ce début de printemps, René travaille dans son jardin, quand il fait une pause, il discute avec sa petite chatte "les prés sont d'un beau vert gras, piqués de géraniums sauvages et de minuscules myosotis... Les collines ont encore leur fourrure de renard"
Il nous raconte l'hôpital psychiatrique où il a travaillé quelques temps jusqu'au jour où il n'y est plus retourné, il a fait son sac et s'est posé dans un minuscule cabanon abandonné dans les collines. Il a ouvert un cahier -
René Frégni écrit toujours dans un cahier à carreaux - et il écrit, entouré des abeilles et de genêts. Il n'avait plus un sou dit-il, "j'étais pauvre mais libre. Il y a 36 ans que j'écris chaque jour, que je marche et que je fends du bois. Il y a 36 ans que j'évite mes semblables".
Pour lui, l'homme doit disparaître de la terre à laquelle il a fait tant de mal.
"Nous avons massacré soixante pour cent des vertébrés, les baleines, les aigles et les faucons pélerins, le cheval sauvage de Mongolie, le daim de Mésopotamie, l'onyx, les derniers rhinocéros de Java, l'ibis du Japon, la grue blanche américaine, les petits paresseux sont au bord de l'extinction. Nous écrasons tout ce qui est vivant, pour notre jouissance ou pour entasser dans les caves blindées des pyramides de billets de banque".
J'ajouterai que les forêts aussi sont en grand danger, les océans et les mers, les rivières et les fleuves et les neiges éternelles.
Ses mots sont forts, très forts,
René Frégni croit à "un soulèvement de tout ce qui est vivant face à notre impérialisme cynique et aveugle".
La nature dans son ensemble n'a pas besoin de nous, mais nous avons besoin d'elle.
"Nous avons quelques mois pour ouvrir les yeux, pour nous rendre compte que dans les banques il n'y a rien, que les vraies richesses sont autour de nous, ces géraniums sauvages, ces bourgeons qui éclatent partout, cette lumière unique qui n'existe nulle part ailleurs".
L'auteur a fait le choix il y a 36 ans de vivre de peu, de profiter de cette belle nature chaque jour, chaque instant de sa vie est précieux. Il a compris qu'il ne faut pas perdre une seconde de ce temps, que c'est là le vrai bonheur. Je pense qu'il a pu choisir ce mode de vie grâce à son écriture, mais si tout le monde avait la possibilité de faire comme lui, qui labourerait les champs, produirait le blé, ferait le pain, enseignerait aux enfants et aux jeunes, soignerait les gens... Il y a la campagne, mais il y a aussi les villes et la vie n'y est pas pareille.
Il a eu raison de pousser un grand coup de gueule, d'essayer de frapper les esprits bornés et égoïstes. Mais va-t-on l'écouter, nous écoute-t-on ? Je suis très très pessimiste.
Ce soir, sur la chaîne de TV La trois belge, un documentaire intitulé "Malaria Business"
"40% de l'humanité est exposée au paludisme et plus de 200 millions de personnes ont été infectées l'an passé. Depuis des décennies, la réponse à cette pathologie a été chimique. Pourtant il existe un remède simple et naturel : l 'Artemisia. Mais celui-ci est négligé, voire décrié par la communauté scientifique. Pourquoi ? Parce qu'il ne rapporterait rien à l'industrie pharmaceutique".
Continuez à prendre soin de vous.