Et moi alors !

Autant l'annoncer de suite, j'ai adoré "Et moi alors !" Je ne sais pas si, au départ, ce roman devait s'adresser à nos jeunes lecteurs. Mais vous savez, c'est exactement comme pour les contes. La cible reste les adultes, notamment les parents. Je pense qu'il en est de même ici.

Ce roman a un vrai rôle : il s'agit d'une initiation. En effet, Alexandre, estimant que ses parents sont trop autoritaires, va commettre une bêtise : la fugue. Mais c'est justement à travers cette dernière qu'il va apprendre la dure réalité de la vie. Quand on a 14 ans, on amplifie toujours les choses, on pense souvent que les parents ne comprennent rien. Inversement, du côté adulte, même chose. On ne comprend plus son adolescent, sa rébellion et l'on veut étouffer dans l'oeuf sa crise en usant de son pouvoir. Tout est là, sans compter le rôle du petit frère et du grand-père.

Je le disais, il s'agit ici d'un texte ayant une véritable portée morale. Il amène à une véritable réflexion.

Madame Frisco, encore une fois, un grand, un très grand bravo !
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Le titre de l'ouvrage évoque indéniablement "Et moi, et moi alors ?" le célèbre refrain de la chanson d'Hervé Vilard, que nous avons probablement fredonné tous à un moment où un autre dans notre (triste) existence ! Mais attention, ce que notre amie sur Babelio, auteure de 5 oeuvres littéraires en dépit de ses peu de printemps, nous chante dans son roman est évidemment bien différent : un message de courage, de compréhension réciproque entre générations et de bonne volonté.

Sonia Frisco, de parents italiens du Mezzogiorno, née à Genève en Suisse, étudiante en Angleterre et résidante en France dispose d'un spectre large et après quelques années comme femme d'affaires, a décidé de consacrer sa vie à la littérature. Heureusement pour nous, lectrices et lecteurs, avec talent et succès incontestables. Avec 5 oeuvres, elle a totalisé 77 critiques favorables sur Babelio. C'est surtout "Belle de nuit" , paru l'année dernière, qui a séduit - à lui seul - 37 admiratrices et admirateurs. Quant à moi, ce roman figure à mon programme, surtout après la lecture des chroniques épatantes de LydiaB et Eve-Yeshe sur notre site préféré. En plus, cette dernière, Evelyne de Sousa, a réalisé sur son blog (Canalblog) une page à rendre jaloux n'importe qui à propos du recueil de nouvelles de Sonia Frisco "Les Nouvellaires" , à laquelle je me permets de vous renvoyer.

Alexandre ou Alex tout court n'en peut plus : des parents pas possibles, des enseignants épouvantables (sauf celui d'histoire), des camarades de classe qui le déçoivent et Catherine, la plus belle fille de l'école à qui, malencontreusement, il n'ose adresser la parole et qui de toute façon a comme ami le garçon le plus musclé de l'institut scolaire. Il y a bien sûr son petit frère Tom, qu'il aime bien mais qui n'a que 11 ans.
Il est donc loin de l'image de son homonyme, dit le Bienheureux, et superbement interprété par Philippe Noiret dans le film d'Yves Robert de 1968.

Alex va avoir 14 ans et décide que le moment est venu de rompre radicalement avec son présent tristounet. Heureusement qu'il y ait un énorme point d'espoir dans la personne de son grand-père qu'il adore et qui réside à la mer. Seulement de Valence, où il habite, à la côte cela représente tout de même une belle trotte. Avec l'argent dans les enveloppes comme cadeaux d'anniversaire, il a assez pour s'acheter un vélo. La nuit, il se sauve et se met courageusement en route.

Manque de pot, une descente et un virage font qu'il s'incruste dans le tracteur du père Maurice, fermier de son état. Alex a la cheville endommagée et, pire, sa bicyclette est "perte totale" (comme diraient les assureurs). le bon Maurice se sent gêné et responsable et le ramène à sa ferme, où Adèle, son épouse, le soigne et lui prépare des crêpes. Ayant entendu que le fermier va informer la gendarmerie, Alex se rend compte qu'il faille déguerpir en vitesse. Ce qu'il fait sur un vélo d'antiquaire complètement rouillé, mais qu'il doit abandonner aussitôt.
À Baix, il se rend compte qu'il en aura pour une semaine de marche à pied forcé pour joindre son grand-père à Miramas. Il prend donc le risque de se faufiler dans le train pour Avignon (117 km), sans billet, puisque à court d'argent !

Pendant ce temps-là à Valence c'est la consternation qui règne : Marianne, la mère d'Alex, est en pleurs et Arnaud, son père, d'abord fâché, essaie en suite de trouver une explication à la disparition de son rejeton. Cependant c'est pour le petit Tom, d'une "incroyable sensibilité", que la fugue d'Alex prend une tournure dramatique : interrogé par son père et les flics, le môme est dans un état d'apoplexie avec forte fièvre qui nécessite une hospitalisation. Arnaud commence à se réaliser que sa famille "n'était ni solide, ni soutenue" et il a compris que son aîné est sûrement aller voir le grand-père George. Il installe sa soeur, Aline, au chevet de Tom et part direction sud.

Je me sens frustré de ne pouvoir en dire plus ! le récit de Sonia Frisco m'a tellement captivé que je n'ai pas vu le temps passer. "Et moi alors !" m'est parvenu par la poste vers midi, dans la soirée je me suis mis à le lire et tout à coup ma montre m'a signalé qu'il allait sonner 3 heures du matin !

Si notre Alexandre va arriver sain et sauf à Avignon et pouvoir continuer les 71 kilomètres à Miramas ; si son père va le rattraper ; si Tom va vite se rétablir ; s'il y aura une nouvelle donne dans la situation de la famille éprouvée ; si ses potes vont admirer le courage dont Alex a fait preuve et si la jolie Catherine va tomber dans ses bras ....à vous, chers amis, de découvrir les réponses !

Un roman qui plaira tant aux parents qu'aux adolescents, j'en suis persuadé.

Maintenant que j'ai découvert les sacrés talents de conteuse qu'a Sonia Frisco, je vais avancer son roman "Belle de nuit" et son recueil "Les Nouvellaires" sur ma liste d'oeuvres à lire.

Ce roman m'a beaucoup plu. Sonia Frisco nous raconte l'odyssée parsemée d'embûches d'Alexandre, car le grand-père habite loin, quelques heures en voiture quand son père l'emmenait, cela lui avait paru faisable. Même avec un bon rythme de marche, la fatigue s'installe et il a prévu des barres de céréales, de l'eau.

Il s'agit d'un voyage initiatique, Alexandre apprend que l'argent est nécessaire, qu'il faut faire des efforts pour réussir son objectif, que la nuit et même le jour, il y a des dangers qui guettent. Ils rencontrent des personnes sympathiques qui l'aident, comme ce couple de personnes âgées en mal d'enfants qui lui donne à manger, mais prévient la police qu'il fait une fugue, alimentant ainsi sa défiance par rapport aux adultes.

Chaque expérience qu'elle soit bonne ou mauvaise, lui permet d'apprendre, de devenir de plus en plus autonome. Il a besoin de prouver à tous, ses parents, les autres élèves, la belle Catherine qui le traite avec mépris, qu'il est capable de réussir, d'aller au bout de ce qu'il a entrepris. Sa quête de reconnaissance, d'amour lui permet de franchir les étapes vers l'autonomie, et tenter de trouver sa place.

Ce roman est très bien écrit. Il s'adresse a priori aux ados mais je trouve que les adultes ne doivent pas se laisser dérouter par ce fait, car il est pour tout public. Il peut servir de base de réflexion à tous les parents qui sont désarmés au moment où leur enfant entre dans cette période particulière de leur vie qu'est l'adolescence (le « complexe du homard » disait Françoise Dolto). Se sentant désarmés, ils utilisent la punition pour garder l'autorité sur l'enfant, sans comprendre qu'il a grandi, a besoin d'espace et qu'il est également perturbé par ce nouveau corps dont la morphologie a changé, ces pulsions, ces sentiments amoureux naissants qui le déstabilisent.

En tant que parents, on demande souvent aux ados d'être plus autonomes, plus matures mais leur donnent-on vraiment le mode d'emploi, en continuant d'agir comme s'ils avaient toujours sept ou huit ans (cf. l'épisode des puzzles pour enfants qu'Alexandre et Tom n'ont pas le droit de décrocher des murs de leur chambre, car leur mère les trouvent beaux…)

On voit évoluer Alexandre, on se laisse prendre au jeu en trouvant ses parents autoritaires et bornés (cela nous rappelle des souvenirs en tant que parents et aussi cela nous rappelle notre propre adolescence et ses désordres). Sonia Frisco s'adresse aussi à notre enfant intérieur, car ce livre nous percute.

L'évolution des parents est très bien analysée, mais aussi, la sagesse du grand-père qui a beaucoup appris de sa vie et surtout le lien étroit qui unit les deux frères. Rien n'est laissé au hasard. Un livre bluffant comme toujours avec cette auteure dont j'attends le prochain roman avec impatience, car chaque livre d'elle s'adresse à notre propre sensibilité, et brosse un tableau plein de tendresse tout en étant toujours précise, percutante dans les termes.
Note : 9/10

Challenge Destination PAL
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"Et moi alors" roman pour adolescents ou pour les parents ?
Je dirais qu'il peut être lu par les deux. Dans ce livre on fait une rencontre merveilleuse avec un jeune garçon bien audacieux.
Alexandre va bientôt fêter ses 14 ans et rien ne va plus, sa mère se lamente toujours sur lui auprès de ses amies et on ne lui laisse aucune autonomie.
A l'école ça ne va pas et avec ses amis non plus, alors la révolte montre le bout de son nez et Alexandre va vivre quelques aventures en voulant rejoindre son grand père qui lui, le comprend et l'écoute.
Alexandre doit entreprendre seul ce parcours pour se réaliser, pour se valoriser aux yeux de ses parents et à ses propres yeux,
Alexandre doit entreprendre seul ce parcours pour être respecté, pour tester ses limites, pour prouver ses capacités d'autonomie et pour avoir confiance en lui.
Alexandre a 14 ans et son besoin de reconnaissance est très fort.
Je vous laisse imaginer le chemin que va prendre d'une manière résolue ce jeune Alexandre.
Ses parents vont-ils se réveiller de leur léthargie, vont-ils saisir les besoins de leur fils, vont-ils à nouveau communiquer ?
Le style de Sonia Frisco est toujours d'une grande qualité et d'une grande humanité. Elle sait manier les mots avec une pointe d'humour et de tendresse et nous décrit les tourments d'Alexandre avec bienveillance.
"Et moi alors" aura été pour moi un bonheur doux de lecture plein de fraîcheur et d'espérance.

Un livre pour adolescents, mais que je recommande aussi (et surtout) aux parents. Les "deux parties" vont en tirer des conclusions positives qui vont les aider dans leur vie commune de tous les jours. J'en suis sûr! Encore une belle leçon de vie chère Sonia. Merci! G