Ce livre nous entraîne dans l'histoire trépidante et maintenant oubliée de la synchronisation des horloges au début du vingtième siècle, associée aux mesures de position sur le globe terrestre. En effet, les latitudes sont faciles à obtenir avec l'étoile polaire mais pour les longitudes, c'est beaucoup plus complexe : il faut disposer de deux observateurs éloignés qui procèdent à des mesures astronomiques en même temps, en tenant compte de la rotation de la Terre sur elle-même. La mesure du « temps vrai » est ainsi un problème fondamental. Poincaré et Einstein se sont attelés à cette tâche en se posant des questions aussi simples que : « Lorsqu'il est midi à Paris, quelle heure est-il à Berlin ? »
Avec le développement à grande échelle du télégraphe et de l'électricité,
Peter Galison explique clairement les enjeux de pouvoir derrière le partage des fuseaux horaires et l'harmonisation des mesures temporelles à l'échelle mondiale. L'auteur raconte comment les révolutions conceptuelles en physique moderne des années 1870-1920, qui bouleversèrent en un temps très court le paysage de la pensée scientifique, ont permis également de résoudre des problèmes techniques jusque-là insolubles. Par ailleurs, ce livre nous fait comprendre comment les obstacles à franchir pour avancer dans le développement d'une technologie nécessitent parfois de se poser des questions de science fondamentale afin de remettre en cause certaines théories anciennes. Ces questions peuvent conduire à une modification des perceptions philosophiques du monde qui nous entoure.