Une belle révélation pour ce premier roman, tant par le style d'écriture, de l'histoire, que par la qualité du contenu très documenté. On sent que l'auteur sait de quoi il parle quand il nous plonge dans le monde des galeries d'art, avec ses personnages hauts en couleurs et à la probité pas toujours très certaine.
De même, sa description du contexte historique sous l'occupation est habile et convaincante (Rafle du Vel d'Hiv, collaboration, etc…), elle pose les éléments qui serviront au déroulement de l'intrigue dans la seconde partie qui se passe de nos jours.
Les personnages sont fouillés, notamment Anatole, jeune adolescent, qui fait son apprentissage de la vie, et qui connait ses premiers émois grâce aux chefs-d'oeuvre de la peinture. Ses aspirations sont contrariées par un père autoritaire, mais le fait que ce dernier devienne prisonnier des Allemands va lui ouvrir en quelque sorte une voie vers une émancipation à travers le dessin et la peinture, aidé en cela par un professeur qui lui donnera confiance et auquel il s'attachera. Par la suite, on comprendra qu'il passera par une phase de doute, et même un petit épisode névrotique, qui le conduira à peindre sur des toiles du célèbre peintre
Paul Cézanne. L'auteur ne nous apporte pas de réponses précises quant à leur provenance, mais il nous fait explorer des pistes et nous pousse à l'interrogation, notamment par un emploi de courriers que Anatole et Bernard Buffet (dans « son propre rôle ») se sont échangés.
Le personnage de Fronsac, qui gère de nos jours sa galerie de façon un peu chaotique, est très crédible, notamment par l'usage de dialogues qui m'ont fait un peu penser à la façon dont certains auteurs américains campent la personnalité de leurs « characters », de manière naturelle et dans un style très « coulé ».
Il y a une tension dans la narration qui fait qu'on ne lâche pas le livre, et l'intervention de protagonistes sud-américains, venus dont ne sait où, qui se révèle dans un flash-back astucieusement placé dans la seconde partie, remet certaines choses en place, comme un bon jeu de construction.
La fin est aussi très habile, car on se rappelle soudain du prologue et l'on s'empresse de le relire pour bien comprendre.
Bref, une belle surprise, très agréable à lire.