Ils étaient dévoués et fort habiles, mais de constitution fragile et la plupart ne survivaient pas plus de trois ou quatre ans à leur arrivée. C’était bien dommage car, tant en ce qui concernait la finesse de leurs traits que leur intelligence, ils se montraient infiniment supérieurs aux Nègres d’Afrique ou aux Maures de Berbérie.
Nos provisions étaient presque épuisées et nous avons dû envoyer des hommes à terre. Le capitaine de Solis les a accompagnés car il avait une furieuse envie de se dégourdir les jambes. Je l’ai entendu dire que nous n’avions pas d’autre choix que de faire l’aiguade parce que nous nous étions engagés dans un détroit. Mal lui en a pris. Lui et ses compagnons ont été tués par des sauvages qui se tenaient sur la berge et qui les ont fait rôtir sous nos yeux sans que nous puissions intervenir. C’est grande pitié que de savoir qu’il existe des êtres aussi cruels et inhumains.
Les Maures vivant dans les forteresses portugaises étaient autorisés à pratiquer, de manière discrète, leur religion et nul n’avait le droit de les forcer à adopter la vraie foi. Tant qu’ils demeuraient de loyaux et fidèles sujets de la Couronne, ils pouvaient se vautrer dans leurs erreurs et leurs abominations, sauf s’ils souhaitaient s’établir au Portugal.
C’est le plus abominable traître que la terre ait jamais porté, pire que Judas l’Iscariote lui-même qui a vendu Notre-Seigneur pour trente deniers ! Qui pourrait d’ailleurs le lui reprocher ? C’était un Juif et il obéissait aux bas instincts de son espèce.
La chaleur d’un foyer adoucira les premiers moments de votre exil. Je le sais d’expérience. Il n’est pas toujours facile de s’habituer à une nouvelle existence, loin des lieux où l’on a grandi.
L'invité du 13h Patrick Girard