La religion apparaît comme un ensemble de pensées (de croyances, dont les plus fondamentales sont transformées en dogmes lorsque la religion est instituée en Église et en clergé) et un ensemble de gestes et de comportement rituels. Elle possède donc un versant théorique et un versant pratique inséparables l’un de l’autre. Souvent, le geste symbolise la croyance : ainsi, le signe de croix chez les chrétiens, le fait de toucher la terre du front pendant la prière musulmane sont de nature symbolique.
La culture est l’ensemble de tout ce que l’être humain, par son travail, a pu produire de nouveau
par rapport au milieu et aux conditions naturels de départ. Elle englobe à la fois les productions matérielles et intellectuelles, aussi bien les outils, les machines et les œuvres que les idées, les croyances et les goûts. La culture est une antinature.
Inversement, la nature peut être définie comme l’ensemble de ce que la culture n’a pas transformé.
La culture est à la fois création, destruction et transformation. De la nudité aux vêtements, du cru
au cuit, du cri à la parole, de la trace au dessin, du bruit à la musique, de la grotte à la maison, il y a le même passage de la nature à la culture, la même
négation de celle-là par celle-ci. Avant de nous enrichir, la culture enrichit le monde.
Certes, il n’y a pas que la science. Mais la philosophie ne peut même pas, comme la religion, se prévaloir du sens qu’elle donne aux choses et à l’existence,
puisque, au lieu d’apporter des réponses définitives aux questions que les hommes se posent, les réponses qu’elle donne – lorsqu’elle en donne – sont contestées et de fait contestables.
Il est plus facile de définir la
philosophie par ce qu’elle n’est pas que par ce qu’elle
est, tant sont diverses et variées les manières de la
pratiquer. Même les livres que nous disons « de philosophie » sont loin de tous se situer sur le même plan :
le traité en bonne et due forme qui expose un système
n’est que l’un de ses modes d’exposition, et pas le plus
courant ; il y a aussi les confessions, les lettres, les
cours notés par les élèves, les dialogues écrits, etc.
Quels en sont les points communs nous permettant
d’en parler comme de livres de philosophie ?
Vendredi 10 décembre
Théâtre Princesse Grace
Monaco
Conversation « Peut-on renouer avec la nature ? »
Présentée par Robert Maggiori
Avec
Christian Godin, philosophe
Caroline Lejeune, politiste
Grégory Quenet, historien
La notion de «nature» a de telles arborescences de sens que les controverses naissent dès qu'on tente de la définir, et, en même temps, elle apparaît fixée par mille chevilles à l'histoire de la pensée, et inéliminable. La «nature» serait «tout ce qui est né» et «est là», l'ensemble des phénomènes, l'essence de quelque chose, mais on dit «naturel» ce qui n'est pas artificiel – sinon ce qui n'est pas «spirituel», quand en théologie le «naturel» est synonyme de «rationnel» – et on fait enfin référence à «sa nature propre» pour désigner quelque chose comme un instinct irrépressible. On parle de «nature humaine», mais on fait retour à la nature», et l'on s'y promène. On l'a tenue pour l'ensemble des ressources dont l'homme se voulait « maître et possesseur» – et de fait l'homme et ses techniques l'ont exploitée sans limites, jusqu'à la défigurer, en briser les équilibres, la détruire, en compromettre l'avenir. Dès lors ont été ravivés les mythes d'un retour romantique au «naturel», à une nature originelle et immaculée. Dès lors, surtout, est née la conscience d'un nécessaire dépassement de l'anthropocentrisme, s'est ouvert l'horizon d'une écologie intégrale dans laquelle l'homme assume la responsabilité de bâtir une relation de respect, de soin, de protection de la nature inerte et du vivant, de tous les vivants, humains et non-humains. Comment penser une telle relation aujourd'hui ?
#philomonaco
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