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EAN : 9782344025505
136 pages
Glénat (26/09/2018)
3.95/5   42 notes
Résumé :
Quand la BD frôle les frontières de l’intime…Francine R. est arrêtée avec sa sœur par la Gestapo à Pouilly-sous-Charlieu, dans la Loire, le 6 avril 1944, pour les faits de résistance de leur frère Joannès. De là, elles partiront dans un convoi de femmes puis elles seront séparées : sa sœur expédiée en camps de travail à Hanovre ; Francine à celui de Watenstedt dans les usines d’armement Herman Göring. Tout au long de son parcours, rien ne lui sera épargné : frappes ... >Voir plus
Que lire après Chroniques de Francine R., résistante et déportée : Avril 44 - Avril 45Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Tragique, cruel, bouleversant...

Je ne trouve pas de mots assez forts pour exprimer ce que j'ai ressenti lors de cette lecture.
Le thème est extrêmement difficile puisqu'il s'agit du témoignage d'une résistante et déportée de la seconde guerre mondiale.
Francine R. une femme extraordinairement courageuse, comme toutes les personnes ayant vécus les horreurs innommables des camps de concentration.

J'ai trouvé cette bande dessinée incroyable dans la manière dont elle a été conçue.
Étant un membre de la famille de Francine, Boris Golzio a tenu à enregistrer son douloureux témoignage oral pour faire honneur à sa mémoire.
Durant des années, il a précieusement gardé les enregistrements en cherchant comment mettre en valeur ces trésors historiques.
C'est sous forme de bande dessinée qu'il retranscrit le témoignage de Francine.
Il dessine, elle raconte.
Cette femme âgée parle du cauchemar vécu dans sa jeunesse.
L'auteur a fait le choix pertinent de garder les propres mots de Francine tout au long de ces 130 pages.
Il faut lire cette BD comme si on écoutait en regardant les dessins.
Voir ce genre de thème en images est extrêmement violent.
Les dessins en noir et blanc très réalistes illustrent des faits consternants et insupportables qui ont malheureusement existé. Ils expriment la souffrance, la mort, la famine, le labeur... mais aussi l'espoir et le combat de ceux qui ont subi.

Douze mois de déportation.
On visionne l'enfer vécu par Francine et d'autres détenues dans le camp de Ravensbrück.
À travers ce récit, l'auteur a une volonté de faire connaître le KZ de Watenstedt-Leinde, où Francine a ensuite été transférée. Ce lieu atroce est ignoré aujourd'hui et il n'en reste rien. D'où l'importance de ce témoignage.

Boris Golzio a fait un travail exemplaire en réalisant cet ouvrage.
Selon moi il est instructif, utile et considérable.
Pour que la mémoire de celles et ceux qui ont subi la déportation perdure.
Pour que leur courage nous marque à jamais.
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Boris Golzio et Francine se sont rencontrés un peu par hasard: Francine cherchait des amis d'enfance, elle est tombée sur leur petit-fils. Il a écouté son histoire, puis il a décidé de l'enregistrer, et à sa mort, il a décidé de transmettre ce témoignage en l'illustrant.
Francine, tout comme son frère et sa soeur, a fait partie de la résistance, et avec sa soeur toujours, elle a été dénoncée, puis arrêtée par la Gestapo un jour d'avril 1944; direction Ravensbrück, dans les camps de la mort, où elle rencontrera d'autres femmes comme elles, déportées pour les mêmes ou d'autres raisons.
Ce qu'elle décrit de ces camps est, on s'en doute, on le sait aujourd'hui, insoutenable: la faim, les privations, les humiliations, la violence, les heures passées debout sous la pluie ou la neige, la menace perpétuelle de la mort...
l'auteur retranscrit fidèlement les propres paroles de Francine, intervient parfois pour apporter des précisions ou quelques rectifications mais la voix est là, incrédule malgré les années passées, et les mots ne sont tout simplement pas assez forts pour évoquer l'horreur de ce qui s'y est passé...
Un témoignages de plus, mais absolument nécessaire.
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C'est une oeuvre que je ne lierais pas une deuxième fois tant le sujet traité est difficile émotionnellement. La vie des résistantes françaises qui ont été déportés dans les camps de concentration en Allemagne est en effet assez éprouvante. On va s'intéresser à Francine et sa soeur qui ont été arrêté par la Gestapo avant d'être envoyé à Ravensbrück.

L'auteur Boris Golzio avait tout d'abord recueilli son témoignage oral à la fin du XXème siècle avant de laisser passer beaucoup de temps pour mûrir son projet. Il a reproduit en voix off celle de Francine qui s'exprimait avec ses mots ce qui rend ce témoignage encore plus authentique. Dommage d'avoir garder cela aussi longtemps dans les tiroirs.

Il est vrai qu'il y en a qui disent qu'elle a exagéré son propos mais l'auteur nous prouvera que c'est totalement faux. C'est malheureusement la triste vérité qu'il tient à partager avec les générations futures.

Je sais que les nazis n'ont pas fait dans la dentelle. J'ai été baigné par le film de Steven Spielberg (La liste de Schindler) ainsi que celui de Roman Polanski (Le pianiste) sur le sujet de la déportation. J'ai déjà lu « Maus » et bien d'autres oeuvres. Cela me fait toujours un pincement au coeur devant autant de barbarie inhumaine.

Les derniers témoins direct de cette sombre période sont entrain de disparaître petit à petit. C'est certes un témoignage de plus, mais qu'il ne faut pas oublier car c'est tout aussi poignant.
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Boris Golzio a recueilli, il y a de cela quelques années, le récit de Francine R. cousine de la grand-mère paternelle de Boris. le récit de Francine est celui d'une résistante et d'une déportée, arrêtée avec sa soeur, Lucienne, par la gestapo le 6 avril 1944. Ce roman graphique nous conte cette histoire, récit d'une mémoire parmi des milliers de cette grande guerre.

Mon avis

Je n'imagine pas combien il fut difficile pour Boris Golzio de mettre des images sur ce qui avait été dit, relaté, peut-être avec une émotion palpable, peut-être avec le vide caractéristique des personnes qui ont décidé d'occulter leur douleur ou de l'accepter. Peut-être avec l'intimité que procure le sentiment d'avoir retrouvé sa famille. Mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'il ait pu nous / me la faire ressentir.

Je reviendrai un peu plus tard sur son dessin pour m'attacher d'abord au scénario et à l'écrit. le petit désagrément de chroniquer ce genre d'ouvrage c'est aussi de se faire à l'idée que des phrases comme « ce scénario n'est pas original » ne passeront pas. Parce que oui, sachons le, les récits sur la seconde guerre mondiale on en voit beaucoup. Et pour autant, dire que celui-ci n'est pas original ne serait pas vrai. Vous lirez des choses que vous avez déjà lues. Vous imaginerez des horreurs que vous avez déjà imaginées. Mais c'est une mémoire que vous ne connaissez pas encore. Des propos dont vous ne vous êtes pas encore imprégnés. Et moi, c'est ainsi que je prends les récits de cette grande guerre. Des témoignages uniques, individuels, personnels. Et à ce titre, cette plongée dans la mémoire de Francine est remarquable d'intimité et de vraisemblance.

En faisant le choix de garder les dissonances de son discours, Boris Golzio nous la rend authentique et vivante. Certaines oralités restent là. L'aspect un peu décousu aussi. Il y a une chronologie mais de nombreuses ellipses ponctuent le récit. Elaboration scénaristique ? Absence mémorielle ? On ne sait plus où commence le travail de Boris et où s'arrête le témoignage de Francine.

Ce travail de mémoire s'accompagne également de « notes » qui ne sont pas là pour corriger les propos de la résistante mais pour y apporter des nuances et de l'objectivité. Un bon moyen de nous rappeler que les discours sont tous subjectifs et individuels et qu'ils ne racontent qu'une partie de la vérité. Ces notes sont également un bon moyen pour nous de comprendre un peu plus le personnage de Francine et on comprend assez vite que Boris Golzio a non seulement travaillé à partir de son récit oral mais aussi grâce à des recherches précises et des documents (procès verbaux, biographie, étude de la géographie des chemins de fer, etc.) Finalement cette double narration : mémorielle et documentée, nous offre un récit extraordinairement riche, tendre et intime.

J'aime aussi assez l'idée qu'il ne présente pas cette femme extraordinaire comme une victime de la grande guerre (même si s'en est une) mais comme une survivante. Une femme forte, volontaire et tenace. Son récit nous annonce clairement qu'elle n'échappe pas aux coups : « le 16 septembre 1945, Francine R. faisait une déposition sur procès-verbal, où elle déclarait avoir été harcelée de questions pendant 4 heures, recevant coups de poings et de canne pointue, injures et menaces ». Et pourtant jamais on ne verra le corps ou le visage de cette femme anéantis.

Une excellente transition pour vous parler du dessin ! le dessin de Boris Golzio dans cette bande dessinée est très rond avec des personnages esquissés de quelques traits. Beaucoup n'ont pas de bouches voire pas de visages. Il y a donc énormément de choses qui passent par de petits traits, des gribouillis ou des « flash » afin d'exprimer les émotions ce qui rend, pour le meilleur ou pour le pire, son dessin assez lisse. Pour autant, de nombreuses choses passent par les mouvements, la matraque levée, la posture des soldats, le corps tordu ou amaigri des femmes (puisque Francine était dans une prison pour femmes).

Le noir et blanc est un choix qui corrobore aussi l'époque que Boris Golzio et Francine dépeignent. Un monde de boue, de gris, de fumée et d'armes, un monde triste et maussade, dérangés par les coups qui pleuvent, les tac tac tac des mitraillettes et les hurlements allemands. Un monde où la télévision était aussi, encore, en noir et blanc. L'absence de couleur semble également atténuer l'horreur, en tout cas pour ma part. Les choses se confondent d'autant plus. La couleur ne fera son apparition que pour nous monter les différents triangles identifiant les prisonnières, et à la fin, lors de la libération, par petites touches. Les touches les plus importantes peut-être.

En résumé

Chroniques de Francine R. résistante et déportée de Boris Golzio est un roman graphique remarquable d'intimité, de tendresse et de vraisemblance. Entre mémoire et notes historiques nous revivons de façon très sobre cette grande guerre. La quasi absence de sang ou de marqueurs physiques importants nous enjoint à voir ces déporté.e.s non plus seulement comme des victimes mais aussi comme des survivant.e.s. A travers un dessin en noir et blanc oscillant entre simplicité et détail, Boris Golzio livre là un récit unique, empli d'un respect palpable dont j'ai apprécié chaque planche. A mettre entre toutes les mains, dès l'adolescence, pour que cette mémoire là ne s'éteigne jamais.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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Un très beau témoignage que l'auteur à rendu à une cousine éloigné résistante arreté et déporté à Ravensbruck pendant la seconde guerre mondiale. Une excellente bande dessiné qui nous montre le combat pour survivre dans cette enfer et le courage de Francine R qui y a heureusement survécu et a eu le temps de nous laisser son histoire.
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critiques presse (2)
BoDoi
22 janvier 2019
Reste un album globalement intéressant, sans pathos mais un peu sec, qui a le mérite de mettre en lumière cette sombre période, qui menace de s’effacer avec la disparition des derniers témoins directs.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDZoom
25 septembre 2018
Pendant quatorze années, Boris Golzio avait conservé les témoignages de cette lointaine cousine, décédée en 2003 à l’âge de 81 ans : il choisit aujourd’hui de transmettre sa mémoire, au cœur d’un récit dense (130 pages), retranscrit sur le mode de la BD reportage. Le périple, les souffrances et les mots, parfois hésitants, retracent la terrible vérité endurée par cette femme déportée…
Lire la critique sur le site : BDZoom
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Puis on nous a donné nos matricules, qu’on a cousus, et là on est restées en quarantaine. 40 jours sans rien faire, parce qu’ils avaient peur qu’on leur passe des maladies.

La quarantaine était aussi une réalité financière : en limitant les maladies ou la mort de détenues, les nazis préservaient leurs gains sur la location de ces dernières aux entreprises.

Puis on nous a fait travailler un petit peu. J’ai passé peut-être 15 jours avant de partir pour Watensteat à déshabiller les mortes pour que leurs habits servent aux arrivantes.
[...]

Eh bien c’est pas marrant à faire, ça, hein ! Parce qu’il y a des femmes qui bougent encore, et il faut les déshabiller. Et ça, c’est pas marrant.

Les hommes c’était pareil, ils déshabillaient les hommes. Mais si on refusait de déshabiller un corps, on y passait direct. Puis dans les flammes, au four crématoire.

Oui, oui, ça a vraiment été des barbares... vraiment des barbares !
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On était 120 par wagon, des wagons à bestiaux. Il y avait la tinette au milieu, alors fallait pas se trouver autour parce qu’on était arrosées.

Moi je n’étais pas près de la tinette.
Mais enfin on était quand même arrosées, par le pipi et le caca des autres...

Et puis on avait surtout soif ! Il a plu un peu et on a pu récupérer l’eau de pluie par une toute petite gouttière. L’eau était brune mais on se l’est partagée. Enfin, on a bu... le temps de se mettre ça dans la bouche, on ne peut même pas appeler ça boire !
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Les cartes roses « exemptaient des gros travaux » son détenteur. En fait, elles constituaient une présélection pour l’extermination.

Le lendemain à l’appel, le commandant passait dans les rangs pour nous compter, cinq par cinq, et désignait celles qui allaient à droite ou à gauche. Toutes celles qui montraient leurs cartes ne partaient plus au boulot, elles devaient être gazées.
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Dix qu’on a remises pour les faire travailler dans les camps, parce qu’on était jeunes, je pense. Il a dû se dire que ces jeunes pouvaient encore servir de main-d’œuvre. Par contre, s’il en a enlevé dix du côté de celles qui devaient être gazées ou aller au four crématoire...

... Cela signifie que c’est autant de mamies, ou des femmes qui avaient des cheveux blancs, ou qui avaient une mauvaise mine qui ont pris notre place.

Il y avait un nombre désigné pour passer dans les chambres à gaz ou au four crématoire, et le nombre devait y aller. Il n’y a pas de doute !

Là encore, je pense que c’est ma jeunesse qui m’a sauvée...
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Ils faisaient des expériences sur des femmes. On leur enlevait par exemple la moelle des os. On les a vues dans les camps, mais, elles mouraient dans la semaine, hein.

Entre août 1942 et août 1943, cinq séries d’expériences médicales eurent lieu dans l’infirmerie et le Bunker. Elles furent pratiquées sur 84 détenues, les Lapins, majoritairement des Polonaises. Certaines subirent jusqu’à 6 opérations. Malgré les efforts des nazis pour faire disparaître toutes traces de ces expériences, une grande partie des victimes survécut.


(« Lapin » est la traduction littérale du terme allemand « kaninchen », qui désigne les cobayes.)
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Vidéo de Boris Golzio
Au commencement il y a Jean-Claude Ladrat, un homme qui fabrique des soucoupes dans son jardin... La librairie Glénat Grenoble reçoit Jean-Charles Chapuzet et Boris Golzio pour parler de la sortie de leur nouvelle BD.
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