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EAN : 9782714312242
184 pages
José Corti (16/05/2019)
4.04/5   13 notes
Résumé :
Lors de temps reculés, dans une montagne originelle et virginale, un ourson est arraché à sa tanière natale, puis adopté par une famille de dresseurs d'ours nomades. Élevé parmi eux comme un des leurs, il finira par se croire humain, ce qui sera cause de lourdes menaces pour lui. Heureusement, sa soeur de lait, sa soeur humaine, veille sur lui. Pour faire revivre ce monde ancestral et immémorial, Marc Graciano, plus que jamais, tente de forger une langue archaïque, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'avais beaucoup aimé le livre de Marc Graciano, Liberté dans la montagne que j'ai lu il y a déjà cinq ans.
Avec Embrasse l'Ours, c'est un plaisir de retrouver cette langue si particulière et poétique, ces tournures de phrases proches de l'Ancien Français mais en même temps si personnelles, ce vocabulaire riche d'un auteur qui aime les mots, qui s'en délecte, des mots rares évoquant une civilisation lointaine, éteinte. Et puis, bien sûr, il y a ce récit qui se situe au Moyen-âge avec pourtant quelque chose d'intemporel que l'on retrouve dans les légendes et les contes oraux traditionnels.
Embrasse l'ours, est l'histoire d'un ourson adopté par des oursaliers quand sa mère est tuée par les chasseurs et qui devient le frère de lait d'une petite fille, une histoire d'amour entre la bête qui se considère comme humaine et sa « soeur », devenue une belle jeune fille passionnée, farouche et ardente. L'histoire semble s'inspirer de ces légendes propres aux pays de hautes montagnes (je pense à un conte pyrénéen que je connais, entre autres), légendes qui racontent l'union forcée ou consentie d'une femme avec un ours, celui-ci incarnant la sexualité brute et la force de la nature. Quoi qu'il en soit, notre pauvre ours gentil, couard, plutôt comique, qui refuse son statut d'ours et sait allumer un feu, concocter de bonnes soupes aux herbes sauvages, est loin de cette représentation. Il introduit une note d'humour dans cette histoire violente dans laquelle la nature et les hommes ne font pas bon ménage et où les humains détiennent la palme de la cruauté. Il nous renvoie à un monde mythologique où l'homme et l'animal vivaient côté à côte mais sur un pied d'égalité et "mêmement"* il nous rappelle qu'il est dangereux et cruel d'humaniser un animal comme le pauvre ours de notre histoire et comme le fut le singe Nim à qui l'on a appris à parler par signes et à se comporter comme un humain.
Et plus près de nous, il évoque les recherches scientifiques des zoologues sur le comportement et l'intelligence animales. Carl Safina dont le livre Qu'est-ce que fait sourire les animaux? démontre que la différence entre l'animal et l'humain n'est pas si grande.
Peut-on y voir aussi la volonté de l'auteur de prendre parti dans ce combat que mènent, à l'heure actuelle, les éleveurs des zones montagnardes contre la réintroduction de l'ours qui détruit leur troupeau? C'est ce que semble dire - mais je n'affirmerais rien quand il s'agit de Marc Graciano - la suite du titre en deux parties : Embrasse l'ours et porte-le dans la montagne.
Un beau livre ! J'avoue avoir eu un petit moment de flottement au début pour entrer dans le roman. Je suis un peu déboussolée quand je m'aventure dans un livre de Marc Graciano parce que je sais jamais où je suis exactement ! Mais le style envoûtant de l'écrivain et l'acception d'être transportée dans un conte malgré le réalisme apparent du récit, l'ont emporté.
Lien : https://claudialucia-malibra..
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Bon, ce livre est ici très mal noté, mais a priori par des lecteurs qui n'ont pas lu.
C'est dommage et je vais tenter de faire remonter un peu ça et d'étayer mon propos.
Le style de Marc Graciano est très spécial. Dans ce livre, chaque chapitre fait une phrase. Ce qui n'empêche pas ceux-ci de faire plusieurs pages.
On est donc face à une écriture ample, qui prend le temps de développer sur un grand nombre de mot une histoire. Graciano a perdu son "tic" d'utiliser de très nombreux "et" comme dans son premier roman, mais il n'a pas expurgé celui d'user de mots anciens ou désuets.
Je trouve cela génial, d'autant plus que son livre se déroule au moyen-âge.

L'histoire se déroule dans une forêt et raconte la vie d'un ours.
Sa mère d'abord, puis la capture d'un de ses petit, la mort de la grande ourse, le discours d'un évêque qui y voit le diable, la croissance du petit...

Une belle histoire dans le style des premiers romans de l'auteur Vosgiens. J'adore: nature, animaux, violence et dureté de la vie.
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De l'eau de vie d'histoire, comme on imagine le cuivre de l'alambic qui distille les mots, goutte à goutte, une image, une idée, une sensation. le style m'a causé une petite appréhension qui s'est transformée en dégustation des images lentes et précieuses
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Très ennuyeux et pas très bien écrit. Je n'ai pas pu poursuivre la lecture de ce livre.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le promontoire


1.

L'ourse allait aussi très souvent à un poste d'observation qui était à l'extrémité d'un replat herbu, sur une pente rocheuse, et qu'elle atteignait par une sente scabreuse, et qui était une de ses places préférées, située près d'une caverne en laquelle elle allait toujours hiberner, et qui possédait, en son extrême limite, un vieux foyard au tronc écorcé presqu'en sa totalité, et contre lequel elle venait régulièrement se frotter le dos, et sur la vieille écorce plissée duquel elle faisait ses griffes, et c'était par ces causes que le vieux fou était désormais presque dépourvu d'écorce, et d'où l'ourse pouvait, en enfilade, voir toute la vallée, au printemps luxuriante et verte, et paraissant plus verte encore par comparaison avec le schiste couleur anthracite qui la fondait, et toujours autant verte l'été, mais d'un vert profond et mat, presque bleu, avec tout l'azur immense par-dessus, et rousse et jaune à l'automne, flamboyante, comme déjà dit, et intégralement blanche l'hiver, quand elle était couverte d'un tapis de neige d'au moins six coudées de hauteur, quand ce n'était pas dix, voire même quinze coudées de hauteur, et, par les jours de grand beau temps, grandement scintillant dans les rayons vifs du soleil hivernal, et l'ourse s'asseyait en cette place et restait longtemps à songer en écoutant tous les bruits domestiques qui remontaient de la vallée, et en observant la vie de la vallée.
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Le promontoire


2.

Elle voyait bien la rivière serpenter dans le fond de la vallée et la rivière fluait sur d'immenses tables de schiste noir qui se chevauchaient à mesure que la vallée baissait, abondée en amont par les biefs qui descendaient des sommets, de part et d'autre de la vallée, et qui charriaient beaucoup de graviers noirs, et qui faisaient des saignées noires aux flancs boisés de la vallée, et, à l'amont, la rivière était torrentueuse et turbide, et très bruyante, avec le grondement du torrent parvenant jusqu'à l'ourse installée sur son séant, et son eau limoneuse, et grise par ce fait, roulait, en même temps qu'elle les celait par son opaque couleur, des galets plats et noirs, mais, vers l'aval, son eau devenait bleue, et les pierres noires qu'elle charriait devenaient bien visibles, puis le cours de la rivière s'accoisait et s'assagissait avant de faire un grand saut, et son onde se clarifiait considérablement en cette place, avec des cincles plongeurs chassant dans le courant, et ne charriait plus rien d'autre que des débris de mousse et une multitude d'insectes, piégés sur son film ou vivant en sa profondeur, notamment cette larve s'enrobant, pour se protéger, d'une coque faite de grains de sable et de débris de bois, et, pour cette raison, justement dénommée porte-bois.
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Le promontoire


3.

C'était là, avant le saut, que le village avait été édifié, sur les pentes de part et d'autre de la rivière, et les maisons avaient été bâties en pierres sèches, les mêmes que celles qui parsemaient les pentes et qui s'étaient détachées des longues strates de schiste en haut des pentes, et les toits avaient été édifiés avec les mêmes ardoises, quoique moins larges et épaisses, et, toujours avec les mêmes pierres, quoique de taille beaucoup plus considérable, un pont à deux arches avait été bâti pour relier les deux rives, et son tablier suivait une ligne courbe, comme le dos immense d'un animal fabuleux, un dragon qui se serait vautré dans le lit de la rivière, et le village était tellement intégré dans son environnement immédiat que, n'étaient les sons qui en provenaient, ainsi que les minces filets de fumée qui s'en élevaient, il serait resté invisible à quiconque, ignorant de son existence, l'aurait observé d'en haut perché, comme l'ourse l'était.
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Le promontoire


4.

Adonc, après le village, la rivière cascadait à l'endroit d'une cluse, et cette cluse ouvrait sur une plus vaste vallée, presque une plaine, et, sis sur un éperon rocheux au milieu de la plaine, et surplombant la plaine, un château avait été intégralement édifié en pierres d'ardoise, et, lui aussi, malgré son étendue et sa hauteur, se fondait émerveillablement dans le paysage, et aurait paru inexister à toute personne méconnaissant sa présence, et un sentier de cailloux noirs suivait la rivière, du château au village, avec un système d'escaliers taillé dans la roche pour remonter le long de la cascade, puis, à partir du village, sur chaque versant de la vallée, partait une piste muletière qui s'étrécissait à mesure qu'elle sinuait et gagnait en hauteur, puis ne devenait qu'un simple cailloutis qui s'amenuisait et se perdait au flanc de la vallée.
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Le promontoire


5.

Là encore, en haut de son promontoire, une scène se déroulant dans la vallée paraissait parfois tellement proche à l'ourse et éveillait tellement sa curiosité, ou sa crainte, qu'elle poussait un grognement bref, un hoquet surpris, puis qu'elle se levait et trépignait sur place, comme souffrant d'impatiences, et qu'elle faisait bêtement, c'est bien le cas de le dire, un tour sur elle-même, avant de se rasseoir, inexplicablement rapaisée.
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Vidéo de Marc Graciano
Avec Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti & Martin Rueff Table ronde animée par Alastair Duncan Projection du film d'Alain Fleischer
Claude Simon, prix Nobel de Littérature 1985, est plus que jamais présent dans la littérature d'aujourd'hui. Ses thèmes – la sensation, la nature, la mémoire, l'Histoire… – et sa manière profondément originale d'écrire « à base de vécu » rencontrent les préoccupations de nombreux écrivains contemporains.
L'Association des lecteurs de Claude Simon, en partenariat avec la Maison de la Poésie, fête ses vingt ans d'existence en invitant quatre d'entre eux, Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti et Martin Rueff, à échanger autour de cette grande oeuvre. La table ronde sera suivie de la projection du film d'Alain Fleischer Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde.
« Je ne connais pour ma part d'autres sentiers de la création que ceux ouverts pas à pas, c'est à dire mot après mot, par le cheminement même de l'écriture. » Claude Simon, Orion aveugle
À lire – L'oeuvre de Claude Simon est publiée aux éditions de Minuit et dans la collection « La Pléiade », Gallimard. Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde (colloques du centenaire), sous la direction de Dominique Viart, Presses Universitaires du Septentrion, 2024.
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