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4,18

sur 989 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Aldo , jeune aristocrate de la principauté d'Orsenna ,veut fuir une vie trop factice . Pour cela , il accepte une mission ambiguë « d'observateur » aux confins sud du territoire ,face à la puissance adverse du Faghestan avec qui ,depuis trois cent ans, règne une trêve des combats. le début de ce roman de 1951 semble dupliquer « le désert des Tartares » (de 1940) : ennui et routine dans la somnolence d'une garnison de frontière , rêves d'une gloire épique possible. Mais , peu à peu ,apparaissent d'autres thèmes , psychologiques et politiques: la manipulation des êtres (Aldo par Vanessa ) et des populations (la population d'Orsenna par les menées d'organisations occultes) . le désir suicidaire de guerre qui peut naître (plus ou moins spontanément) au sein de la population d'une puissance déclinante endormie sur ses lauriers passés . le tout est rendu dans un récit très lent ,distillant un certain ennui, mais enrichi de descriptions superbes dans une langue d'une grande recherche confinant parfois la préciosité.
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Un état imaginaire et endormi, un ennemi qui sommeille aussi de l'autre coté du rivage. Un jeune officier plein de vie et de rêves qui va réveiller tout cela. Mais résumer le rivages de Syrtes me semble absurde tant l'intérêt du livre est ailleurs que dans une intrigue assez légère.
Si l'on dit que la lecture du roman m'a évoqué tour à tour -et pour des raisons très diverses - Camus, Joyce, Breton, Bernanos et bien sûr Buzzati, vous aurez peut-être une idée du public auquel Julien Gracq s'adresse. le rivage des Syrtes est une lecture exigeante, difficile et lente, qui demande une vraie disponibilité d'esprit, que je n'avais pas vraiment. Je referme le livre en ayant le sentiment de n'avoir pas tout compris et d'être passé à coté de quelque chose qui me dépasse.
Je refuse pourtant de verser dans l'agacement. Bien sûr le style précieux de l'auteur est celui d'un khâgneux qui se plait à rechercher les adjectifs précis, à cerner les sensations étranges, et cela peut lasser. Mais l'on sent bien autre chose de beaucoup plus profond, source de réflexion existentielle sur l'homme, le pouvoir et l'histoire. Julien Gracq n'est pas coupable de mon incapacité à le saisir. J'envie donc ceux qui ont pu apprécier le Rivages des Syrtes à sa juste valeur, le déconseille aux lecteurs les moins littéraires et me contente de ressentis multiples et marquants qui n'ont pas fini de m'interroger.
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"Le rivage des Syrtes" n'est pas un livre, c'est une véritable oeuvre.
Julien Gracq a une plume incomparable avec un style extrêmement poétique. Il faut donc effectivement s'accrocher pour comprendre mais c'est là que réside l'intérêt, à mon sens. Comprendre que derrière de si belles phrases, il y a une trame, une histoire qui se déroule.
Tout est énigme, métaphores, figures de style : une véritable prouesse stylistique!
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Livre-type de « grand écrivain » (d'où le prix Goncourt), fleuron romanesque de l'auteur : ambiance baroque, écriture voluptueuse, flamboyante, remarquablement travaillée. On sent le désir de frapper fort, d'impressionner. Cela préfigure Yourcenar : cela tombe bien, il est doué. Certes on peut à la rigueur juger le récit un peu long, il y a pas mal de redites (on pourrait faire plus court), mais cela reste du très bel ouvrage. D'ailleurs, les « Syrtes » sont consacrés comme un incontournable de la littérature contemporaine. Sauf que lui il refuse le Goncourt. Et il comprend surtout avec sagacité qu'il se fait piéger par son propre talent. C'est rare un être intelligent. Alors il va s'épurer, se dépouiller. Cela donne « Le balcon en forêt » qui vient après, qui d'ailleurs n'aura pas le même succès. Mais il fallait l'écriture éblouissante des « Syrtes » pour accomplir ce travail de décantation et revenir à la simplicité. Gracq n'est pas simplement un crac ; c'est le Noble de la littérature française.
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Le rivage des Syrtes ou comment se construisent les conditions d'une guerre.
Ce livre aux résonances très actuelles commence comme un conte mythologique. Sur ce socle sorti d'un imaginaire frisant parfois le fantastique, Julien Gracq vient progressivement fixer les éléments tangibles, matériels, qui vont, sans que cela soit vraiment explicite, aboutir au cataclysme. On y découvre comment un récit distillé petit à petit au coeur d'une communauté pacifiée (Orsenna), parvient, grâce à des manipulations de tous ordres, à provoquer chez elle le désir de relancer un conflit en sommeil depuis 300 ans. Une mécanique qui par instant rappelle les arguments et manoeuvres qui ont généré les conditions d'une nouvelle guerre européenne en 2022.
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Quel écriture ! quel style ! et pourtant mon plaisir de lecture n'a pas été à son apogée avec "Le rivage des Syrtes" de Julien Gracq.
Je ne connais pas beaucoup d'auteurs qui ont une écriture aussi ciselée, c'est comme de la dentelle mais j'ai été très gênée sur le fond car j'ai lu récemment "Le désert des Tartares" de Dino Buzati et l'intrigue est vraiment trop proche.
Aldo, jeune aristocrate de la cité imaginaire d'Orsenna se porte volontaire pour rejoindre l'amirauté de la forteresse des Syrtes, entre le désert et la mer. Ce lieu stratégique fait face au Farghestan, là où se trouve l'ennemi héréditaire dont on ne sait pas grand-chose. Aldo est dans l'attente d'une guerre sans qu'aucun événement ne permette de l'anticiper d'où une impression de lenteur et de vide, voire d'ennui. D'ailleurs, Julien Gracq répète très souvent l'expression "sans mot dire" ce qui confirme le statut d'observateur du narrateur.
On peut ajouter à la discipline militaire, une histoire d'amour et des enjeux de pouvoir mais je n'ai pas bien compris les nombreuses analyses sur ce roman qui nous entraînent vers des métaphores qui m'ont échappées.
C'est un livre hors norme assurément qui a reçu le prix Goncourt en 1951, refusé par son auteur, et qui reste reconnu comme un grand classique du 20ème siècle.


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Quand on me demande quel est mon auteur préféré, je réponds généralement "Pour être pédant je dirais Gracq, pour être honnête je dirais Brussolo". Gracq est peut-être ce qui se rapproche le plus, dans une bibliothèque constituée principalement de Pléiade, de l'heroic fantasy ou de la science fiction.

Le Rivage des Syrtes mélange les époques et la géographie pour faire tout un monde avec le nôtre, un monde fantastique sans dragon, sans magie et sans plante exotique venue d'une autre dimension ou artefact interstellaire. Il a crée un monde où se côtoient navette de la découverte européenne des Amériques et système radio dans un monde où la Turquie est à deux pas de l'Espagne. Ce mélange des époques et des géographies a intrigué le fan d'heroic fantasy que je suis.

Les longues descriptions, les passages introspectifs du personnage et les enjeux pourront ravir les fans de littérature plus classique, ou les aider à s'y remettre. le fait que ce livre est constitué principalement de militaires sans être épique (épique qui ne commencera dans l'univers qu'une fois le livre terminé) m'a lui aussi, paradoxalement, beaucoup intéressé. J'ai été un peu moins sensible aux longs passages à vide du roman où il y a beaucoup de dialogues ou de descriptions d'environnements qui néanmoins, donnent envie de voyager.

Bref, à lire si vous voulez avoir un pied dans une littérature classique si vous aimez plutôt les univers alternatifs.
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Qualifié de roman d'attente par la critique, le Rivage des Syrtes reçoit le prix Goncourt que son auteur repousse avec mépris, provoquant un scandale médiatique. Il règle ses comptes avec ce système de prix dans son essai La littérature à l'estomac. Autour de ce scandale, on retrouve bien l'esprit artiste impossible à domestiquer qui animait le Surréalisme. C'est bien par le roman – genre rejeté par André Breton dans ses manifestes – que Julien Gracq redonne du sang littéraire au mouvement.
Inspiré par la période de la « drôle de guerre », cette guerre en suspens qui précède l'invasion de la France par l'Allemagne, le Rivage des Syrtes n'est pas pour autant un roman à clefs, ni allégorique, critiquant la réalité. Julien Gracq se sert de cette situation historique pour élaborer une esthétique et des personnages, un monde même. le roman n'est pas la métaphore d'une situation particulière mais de l'Histoire en général, avec ce moment de latence entre paix et guerre, ce moment où les esprits qui allaient tranquillement de jour en jour, attachés à leur vie paisible, deviennent pris et possédés par ce besoin de mouvement, de changement violent, brutal, quitte à mettre en danger leur vie. Ainsi vue, l'Histoire n'est pas faite d'une succession d'événements et de conséquences, mais le balancement d'une sorte d'humeur humaine. En cela, le Rivage des Syrtes rejoint les tragédies grecques, le personnage d'Aldo est le jouet du destin : ce qui devait arriver arrive, par ou malgré lui.
L'attente dont parle la critique, on peut la trouver stylisée dans les longues phrases qui retardent au possible le point d'attrait de leur énoncé. Toutefois, c'est peut-être l'esthétique du vague, de l'indécis, qui caractérise le style de Gracq. La brume de cet air marin, le vieux gris des pierres de la forteresse, les choses qui restent dans l'ombre… on voit mal dans ce récit pourtant saturé de descriptions. Cette hésitation des choses participe à l'attente de ce balancement inévitable de l'humeur humaine, comme arrivée à un palier, hésitant à retomber dans la paix avant de se jeter tête en avant, convaincu de son action.
Les phrases très longues qui n'ont rien à envier à celles de Proust n'ont cependant pas le même objectif : là où Proust cherchait à détailler les méandres et imbrications des ressorts de la pensée et de la psychologie, Gracq image le refus d'imager précisément son récit, cultivant le flou, la contradiction. Les dialogues également ne sont jamais clairs : tout concourt à l'impression que les choses, l'histoire, avancent sans que l'homme puisse vraiment les comprendre ; tout est évident et rien n'est explicable, logique. Les choses arrivent. de même donc dans les descriptions : les choses sont, sans pour autant que leur réalité soit logique.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Dans un pays imaginaire, Orsenna, en guerre larvée depuis trois siècles contre son puissant ennemi le Farghestan, Aldo, un jeune aristocrate, est envoyé dans le pays des Syrtes en tant qu'observateur. Aldo se fait à la fois témoin de signes d'un destin inéluctable (la reprise de la guerre) et initiateur (malgré lui ?) de ce conflit renaissant. Un livre important et exigeant où une grande place est laissée aux paysages. Dans un style onirique, le célèbre auteur angevin décrit les affres de l'attente et du destin. Pour ce livre, Julien Gracq a reçu en 1951 le Prix Goncourt, qu'il refusa pour protester contre le milieu littéraire et poursuivre son oeuvre en toute liberté.
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On commence avec le Désert des Tartares pour finir avec la chute de Constantinople, en ayant traversé des paysages somptueux dans une langue magnifique, mais aussi des moments d'ennui où l'ouvrage tombe un peu des mains, mais cela vaut vraiment la peine de s'accrocher ; quoi qu'il en soit, un bouquin dont l'auteur a refusé le Goncourt ne peut pas être mauvais.
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