Les gens ne cessaient d’arriver, mais toujours pas de boissons, et je mesurai avec amertume l’hypocrisie de ce genre de réception. Personne ne se rend à une soirée pour faire des rencontres : tout le monde est là pour boire gratis. Il n’y avait rien à boire, et j’étais censé recevoir.
L’avenir appartient à la jeunesse. Un parti m’est à présent nécessaire parce que je suis fatigué et que la politique – la politique intérieure – m’ennuie. Voyez-vous, quand les gens se sont trouvé un chef, ils l’usent jusqu’à la mort, comme un paysan le fait d’un bon bœuf.
Je ne veux pas entrer dans l’Histoire. Je veux entrer dans la Zone du canal. Il a fini par y entrer, même si ce ne fut pas dans des conditions aussi satisfaisantes qu’il l’avait espéré, et peut-être a-t-il payé cette victoire de sa vie.
Le Panamá appartient au passé, à un chapitre achevé de ma vie, et pourtant, j’esquive, je tergiverse. Peut-être dans trois mois, dans quatre… l’an prochain, ce sera possible. Dire non une bonne fois pour toutes à Chuchu, ce serait refermer définitivement les pages d’un livre, reléguer sur une étagère tout ce que ce livre contient de souvenirs d’un homme qui est mort et que j’aimais, Omar Torrijos.
La politique peut être une diversion à l’ennui, et la politique fit son entrée dans le hall en la personne d’un Noir d’allure distinguée en costume Mao, suivi d’une épouse – ou secrétaire, ou maîtresse ? – et d’un valet.
Des tranchées d'Argonne à Monrovia en passant par Dakar, New York et Paris, une fresque romanesque puissante qui court d'une guerre mondiale à l'autre, rythmée par les accents vibrants du jazz.
1918. Percussionniste virtuose à l'école des djembés de Gorée, Jules, interprète du régiment de Noirs américains sur le front de cette France ravagée qu'il ne connaît qu'à travers Maupassant, vit à l'aube de l'armistice un amour éphémère avec l'épouse d'une « gueule cassée ». Ce souvenir indélébile l'accompagnera après la guerre dans son long périple à travers l'Amérique bouillonnante des Années folles, quand il rejoint le jazz-band de ses anciens compagnons de guerre, en tournée dans le Sud raciste, puis triomphe au célèbre Cotton Club de New York.
Sa vie croise celle de Joséphine Baker qui l'emmène, avec sa Revue nègre, à Paris où l'amitié qu'il scelle avec l'écrivain-espion Graham Greene les entraîne dans une périlleuse expédition en Afrique. Ils iront jusqu'à Monrovia, capitale du Liberia, sur les traces de Julius Washington, l'arrière-grand-père de Jules, premier grand reporter photographe noir américain. Alors que de nouveau une guerre s'annonce, Jules s'installe à Mamba Point, dans la maison de Julius, l'homme qui a tenté de révéler la véritable histoire de ce pays : celle de ces esclaves affranchis envoyés en Afrique pour bâtir une nation libre. Un rêve devenu cauchemar.
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