Le bouquin de la bande dessinée

Puisqu'on parlait de Lapinot, la transition est toute trouvée puisqu'il est en couverture du 3/ Bouquin de la bande dessinée, sorte de bible en la matière, parue en janvier dernier chez Robert Laffont, dans l'épatante collections Bouquins

On salue la grosse ambition de ce guide qui présente un état complet et structuré du savoir et de la pensée sur la bande dessinée.

Thierry Groensteen, ancien directeur du musée de la BD d'Angoulème, fondateur de la revue Neuvième art et grand spécialiste du sujet, nous livre ici l'oeuvre d'une vie!

Pour la première fois, l'ensemble des codes de la bande dessinée et sa place dans l'histoire culturelle sont intégralement traités.

La mise en forme diffère des dictionnaires classiques puisque les entrées ne renvoient pas à des noms propres mais à des notions comme des termes usuels ( héros, bulle., séquence..) ou bien encore des supports ou des thématiques régulièrement abordées dans la BD.

Il s'est entouré de plusieurs dizaines de spécialistes, universitaires et historiens pour cette oeuvre collective qui fera date, démontrant à quel point la BD est un genre littéraire, une branche des beaux arts, une industrie créatrive et un art à part entière!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..

Travail impressionnant. Des développements souvent passionnants, mais aussi des dissertations très, très pointues pas toujours accessibles au lecteur moyen. Attention, ceci n'est pas une BD et ne procure pas le plaisir attendu d'une BD ! C'est hyper sérieux et donc décevant si l'on n'a pas compris l'objet de la chose. On a même parfois l'impression d'être un ignare absolu tant il y a une quantité incroyable d'éléments et d'informations les plus divers. Quelques entrées sont un peu trop dans l'air du temps. Sur les questions du "genre" abordées dans l'ouvrage, on peut d'ailleurs se demander pourquoi il y a si peu de femmes parmi les dizaines de contributeurs ! L'absence d'entrées concernant les héros, les titres ou les auteurs, est regrettable. Et puis un sentiment diffus d'entre-soi jargonnant dû aussi à la mention (trop ?) récurrente de Trondheim, illustrateur bien mièvre du volume. Cet élitisme, disons, est paradoxal et laissera de côté beaucoup de bédéphiles. Je pense que, vu le prix de l'ouvrage, la 4e de couverture aurait dû explicitement prévenir le lecteur.
Globalement, un travail encyclopédique, brillant de connaissances et de sciences pas que bédé-esques, mais à ne pas mettre entre toutes les mains et qui laisse quand même sur sa faim, si on le compare aux ouvrages parfois magistraux de Benoît Peeters.