Une forme de poésie qui me convient bien.
Dans ce recueil, les poèmes en prose de Jean Grosjean ont ceci de commun avec les courts poèmes japonais qu'ils sont brefs – pas autant – et qu'ils suscitent, à travers des images de nature, d'animaux et de saison, des sentiments diffus et profonds.
Des sentiments qui souvent laissent rêveur ou mieux, songeurs…
Dieu se cache dans ces poèmes et se tait.
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La lecture terminée de ce recueil de Jean Grosjean, on aimerait encore retenir cette étrange beauté qui s'en échappe, comme un rêve tout en écriture. Au fil des pages du livre, composé de trois courts chapitres (Arpèges, Romances et Paraboles), se déploie une poésie méditative. L'écriture de Jean Grosjean, sous le rythme de l'épure, invite au recueillement. C'est comme une oraison douce et fragile qui ouvre les paysages, le temps et la mémoire sur une dimension plus intime et subtile. Tout l'art de la poésie de Jean Grosjean est ici sublimé.
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Dans ce court recueil en trois parties, Jean Grosjean explore tour à tour la contemplation, la mémoire et la perception de la religion chrétienne, qu'il retranscrits au travers du prisme poétique. L'ensemble est signifiant, apaisant. Il m'a donné l'envie de découvrir plus avant un auteur que je croisais pour la première fois dans cet ouvrage.
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INATTENDU
Inattendu se montre le matin
à travers les effeuillements des nuits.
Les étourneaux dansent au bord d'un ciel
dont les constellations se sont terrées.
J'entends grincer les grilles d'autrefois.
Ah les jardins désertés par la nuit.
QUIÉTUDE
L’éblouissement solaire s’étale sur les éteules et les coteaux soutiennent les bords du ciel. Mais la quiétude des apparences cache mal les impatiences du temps. Ni la paix de l’âme n’empêche la chute du jour.
Le soleil s’incline dans les flamboiements des nuages. Les hirondelles se croisent au-dessus de nous. L’ombre nous gagne comme un attendrissement.
LE TEMPLE
Les nuages déploient leurs courses au-dessus de nous sans voir que notre vie est un travail interminable criblé de fêtes éternelles.
Ce chemin le long de la barrière où se penchent des fleurs d'iris ne mène pas au temple, il est lui-même le temple. Et ta main sur mon épaule avant que j'aie pu tourner la tête.
Le signe
Ta voix sous la Grande Ourse qui tournait lente dans le
ciel, la netteté de ta voix. Les silences de ta voix malgré
l’urgence.
Et maintenant les cheminées de la centrale, leurs
colonnes de vapeur blanche qui vont chercher très haut
les respirations de l’azur. Maintenant une fois, deux fois
cet admirable signe de tes sourcils qui n’est qu’à toi.
La ruine
Des poutres calcinées s’appuient à des murs en ruine parmi la ronce et l’ortie. C’était là. Dès l’aube le fermier levait le joug sur le front des bœufs, dia, dia.
Où sont ceux qui l’on entendu dans leur demi-sommeil ? Tu m’as éloigné des anciens jours. Je loge à leur lisière brumeuse. J’écoute s’égoutter les branche de l’arbre.
Jean GROSJEAN – Dans l’univers de la Parole (Chaîne Nationale, 1956)
L’émission « Le poème et son image », par Pierre Emmanuel, diffusée le 12 avril 1956 sur la Chaîne Nationale.