Belgique, Bruxelles, 8 décembre 2014. 7h du matin … Aujourd'hui est un jour de grève. Les médias et agences de presse sont sur le qui-vive, les articles pleuvent, tous tentant d'être L'ARTICLE qui fera sensation …
Les citoyens sont divisés. Certains pestent contre les grévistes et autres syndicalistes, d'autres pensent que la manifestation est un devoir, et qu'on ne peut laisser aller les choses comme le voudrait le gouvernement. le pays tremble, et pourtant hier et demain sont comme les autres jours. On se lève, on court pour préparer les enfants, on part au travail, on est en retard dans sa vie, ses échéances, on traîne son lot de problèmes et on ne sait toujours pas comment on va faire pour payer les traites de cette voiture dans laquelle on est assis, pris dans les bouchons, direction bureau.
Entre deux inquiétudes, on croise un gars, valise à la main, beau costume, propre et frais, qui remonte l'avenue, il a plus de chance que nous, il n'est pas coincé entre un camion-poubelles et un autocar lui ! Vu son allure ça doit être un homme qui a une bonne situation ! Pas comme le bonhomme qui court derrière l'autobus en face avec son sweat rapiécé et son sac à dos …
D'un feu rouge à l'autre, l'esprit s'égare mais les certitudes et les à priori eux ne sont jamais bien loin.
Parmi les a priori tenaces il y a celui qui colle à la peau des demandeurs d'emploi. Combien de fois n'entends-t-on pas que c'est parce qu'ils ne cherchent pas VRAIMENT un boulot, que celui qui veut du travail en trouve ?
Revenons un instant sur le personnage croisé dans les bouchons … celui avec le beau costume là … Et bien ce monsieur est au chômage, et ce matin il a rendez-vous à Pole Emploi … Et ce matin, armé d'une arme factice, il va entrer dans l'agence et prendre en otage le directeur et l'ensemble du personnel. Mais pourquoi ? Pour de l'argent ? Pour un emploi ? Non, il veut prendre la parole …
Et pour reprendre une citation du célèbre al Capone « On peut obtenir beaucoup plus avec un mot gentil et un revolver, qu'avec un mot gentil tout seul ». C'est en partant de cet adage qu'il entre, confiant, et s'assoit au guichet, en face de sa conseillère Pole Emploi…
Ce qu'on attend de moi est le premier livre de
Vincent Guédon. Un premier ouvrage court, sobre, mais qui ouvre la voie à une réflexion politique intense et malheureusement colle à merveille à la situation actuelle du monde et de notre société. Dans cet opus, il se fait l'écho de nombreux demandeurs d'emploi, voire de l'ensemble des citoyens … Car qui de nos jours peut se targuer de n'avoir aucune dette, aucune crainte pour son avenir ?
Il souligne avec force et sans détour les problèmes de notre société résolument individualiste et fermée à toute compassion : mépris, précarité mais suscite aussi l'écoute, la compréhension.
C'est un ouvrage qu'il faut lire, pour se conscientiser. C'est aussi malheureusement une réalité, mais la réflexion qui en découle pourra peut-être remuer un rouage de la mécanique enrayée de notre monde, et qui sait, à notre échelle, la débloquer …
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