AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782082115797
222 pages
Flammarion (02/09/1999)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
L'ambition démocratique doit-elle renoncer devant les prétentions du marché ? Les États-nations sont concurrencés par des acteurs nouveaux (entreprises, ONG...), mais doit-on pour autant abdiquer tout espoir d'inventer les citoyens de la mondialisation ? Jean-Marie Guéhenno analyse les nouveaux circuits du pouvoir à l'âge des réseaux et redéfinit les enjeux d'un débat démocratique renouvelé. Dans un monde où la géographie compte moins, les frontières ne définissent ... >Voir plus
Que lire après L'avenir de la libertéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Au lendemain de la chute du mur, Jean-Marie Guéhenno, conseiller-maître à la Cour des comptes, ancien directeur du Centre d'analyse et de prévision au Quai d'Orsay et représentant permanent de la France auprès de l'UEO, dressait l'acte de décès de la démocratie. Dans "La fin de la démocratie" (Fayard, 1993), il nous mettait en garde contre « le triomphalisme vaniteux qui accompagna la chute du communisme » (p. 7).

Son nouvel ouvrage, publié six ans après le précédent, reprend la réflexion là où elle s'était interrompue. Jean-Marie Guéhenno emprunte à Benjamin Constant sa distinction de deux libertés et, partant, de deux démocraties. D'un côté, la liberté des anciens pose la démocratie comme une expérience partagée du pouvoir, un moyen de constituer, ensemble, un bien commun. de l'autre, la liberté des modernes ravale la démocratie au statut de simple technique permettant de limiter le pouvoir. Ces deux libertés, souvent opposées, sont en fait inséparables : « c'est l'existence de communautés politiques qui a historiquement rendu possible l'exercice démocratique du pouvoir, mais c'est ensuite l'exercice démocratique du pouvoir qui à son tour a conforté les communautés politiques de l'époque moderne » (p. 11).

Or, selon le diagnostic sévère de Jean-Marie Guéhenno, la « victoire de la démocratie » chantée aux lendemains de la chute du communisme a souvent dissocié ces deux visages de la liberté. En particulier, la « démocratie-technique » a pris le pas sur la « démocratie-valeur ». Cette évolution trouve son origine dans le mouvement de mondialisation qui mine les communautés territoriales et nous laisse seuls, dans un « tête-à-tête enivrant », face à la globalité. Jean-Marie Guéhenno analyse longuement cette « désintermédiation politique ». Son jugement est sans concession : « la mondialisation fait de nous des orphelins, car nous n'héritons plus, par le hasard de la naissance, d'une communauté, il nous faut désormais la construire » (p. 16). En d'autres termes, selon une formule souvent répétée dans son livre, « un marché global ne crée pas une communauté globale ».

Comment dès lors définir, dans ce contexte, les conditions nouvelles de la démocratie ? Deux modèles archétypaux s'offrent à nous. D'un côté, le modèle américain propose une communauté de choix, toujours réinventée. Là, le contrat social est associatif ; il repose sur un acte de volonté. Dans le modèle européen, au contraire, la communauté repose sur un héritage, sur une mémoire partagée.

Le modèle américain est particulièrement adapté aux défis de la mondialisation. Mais, il apparaît insuffisant pour préserver des solidarités, fussent-elles élargies. Il a besoin d'être étayé par une mémoire commune, plus concrète que l'adhésion à une illusoire communauté mondiale. Entre le « sentiment océanique » (l'expression est empruntée à Romain Rolland) c'est-à-dire le malaise des communautés de choix confrontées à l'universel, et le repli identitaire des communautés de mémoire, le principal défi de la construction européenne est précisément de rechercher un équilibre. « En conjuguant des patriotismes nationaux fondés sur la mémoire historique avec un patriotisme institutionnel européen fondé sur le choix volontaire de lier dans la construction politique de l'Union européenne des destins jusqu'alors séparés, les Européens ont la possibilité d'inventer une nouvelle forme politique » (p. 173).

Accéder à l'universalité en s'enracinant, non dans le cadre aujourd'hui concurrencé de la nation, mais dans celui plus prometteur d'un de ces « paliers institutionnels » dont l'Union européenne constitue le meilleur exemple, tel sera finalement, selon Jean-Marie Guéhenno, le ciment des communautés de l'avenir.
Commenter  J’apprécie          150


Videos de Jean-Marie Guéhenno (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Guéhenno
Jeudi 7 mars 2024, les négociations entre Israël et le Hamas pour l'organisation d'une trêve se sont soldées par un échec. La perspective d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza semble de plus en plus incertaine. Une paix durable peut-elle encore être imaginée ? Quels en seraient les contours ?
Pour en parler, Emmanuel Laurentin reçoit : Sylvaine Bulle, sociologue Jean-Pierre Filiu, professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain Jean-Marie Guéhenno, diplomate, ancien secrétaire général adjoint des Nations unies et professeur à l'université Columbia (New York)
Visuel de la vignette : Mohammed Abed / AFP
#société #geopolitique #israelhamas _________
Écoutez d'autres débats qui font l'actualité sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-temps-du-debat
Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
+ Lire la suite
autres livres classés : démocratieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (5) Voir plus




{* *}