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EAN : 9791090090958
120 pages
Steinkis Editions (01/01/1900)
3.9/5   15 notes
Résumé :
Comme tous les ans, je passais mes vacances, entre amis, sur la Costa del Sol. Mon emploi du temps était très simple : journée à la plage, lecture et poisson frit. Jusqu’à cette promenade sur la Promenade des Canadiens. Alors que nous nous interrogions sur l’origine de ce nom, un vieil homme s’est adressé à nous en ces termes : "Elle est belle cette promenade… Ce fut pourtant une route de la mort." Et désignait une plaque "à la mémoire du soutien du peuple canadien,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je suis allée à Malaga et pourtant je n'ai rien vu. J'ai donc été très sensible à ce récit graphique au nom intrigant « Promenade des Canadiens », sous-titré « Espagne, 1937 ». Car la promenade dont il s'agit longe la mer et si l'on regarde attentivement, il y a une plaque qui indique « En mémoire de l'aide que le peuple canadien a portée, de la main de Norman Bethune, aux fugitifs de Malaga en février 1937 ».

Il n'est pas surprenant que l'auteur des textes et dessins, Carlos Guijarro, soit diplômé d'histoire, car cette bande dessinée est comme un documentaire et avant tout un témoignage historique de la tragédie de Malaga de février 1937.
Traduit de l'espagnol par Amaia garmendia, c'est le premier livre de Carlos Guijarro qui exploite les possibilités narratives offertes par la bande dessinée pour ne pas oublier les meurtres de civils commis par les fascistes et passés sous silence. C'est également un hommage au médecin canadien Norman Bethune et a son équipe.

L'histoire commence de nos jours. Charlie, un jeune historien en vacances à Malaga dans le sud de l'Espagne, s'interroge sur cet épisode de la Guerre Civile espagnol nommé la débandade (« La Desbandá ») après avoir lu la plaque sur la promenade et après avoir été interpellé par un vieil homme choqué que l'évènement tragique soit tombé dans l'oubli.

Charlie va avoir la chance de rencontrer la grand-mère de son ami Paco qui va lui raconter cette débâcle qu'elle a vécu durant son enfance, avec sa famille. de là, les passages en couleur représentant le présent vont alterner avec les passages en noir et blanc représentant le passé. C'est très bien fait d'autant plus que les dessins sont souvent issus de photographies prisent en 1937, notamment par Hazen Size qui faisait partie de l'équipe du docteur Bethune. le format de la bande dessinée est aussi très agréable.

Macarena à 12 ans en février 1937. Elle raconte le cauchemar.
La guerre fait rage et les fascistes sont aux portes de Malaga. Pour fuir les bombardements la seule solution est d'emprunter la route qui relie Malaga à Alméria. Beaucoup moins connu que le bombardement de Guernica et cependant aussi odieux et meurtrier, cet épisode de la guerre compta entre 5000 et 7000 victimes, femmes, enfants et vieillards essentiellement, fuyant vers Alméria. Quant à ceux qui restèrent à Malaga, les Franquistes en fusillèrent 20000.
Macarena va perdre son père, ses amies qu'elle aurait aimé protéger, sa mère va être emprisonnée. Elle va marcher le long de cette route bombardée et survivre en mangeant de la canne à sucre. Et puis, un homme arrive…
Le médecin Canadien, Norman Bethune, engagé dans les Brigades Internationales, porta secours à la population avec son équipe. Il est membre du parti communiste depuis 1935. C'est un homme d'action et c'est pour lui l'occasion d'agir. Son expérience de brancardier pendant la Première Guerre mondiale lui avait appris l'importance d'aider les blessés le plus vite possible. Il met ainsi sur pied une banque de sang près du front et organise un service mobile de transfusion sanguine, le premier du genre.
Mais Norman Bethune ne fait pas que soigner, amputer ou transfuser les blessés. Il est épouvanté par les horreurs de la guerre et il mène aussi un combat politique. Un combat contre le fascisme et la tyrannie, qui vont, craint-il, précipiter le monde dans l'horreur.

Aujourd'hui Macarena est une vieille dame qui dit qu'elle avait besoin de raconter la terreur. Il faut que la société admette la réparation morale en reconnaissant l'injustice pour commencer à réparer le mal causé et pour que les victimes puissent se libérer du fardeau du passé.

« Promenade des Canadiens » est un très beau livre sur le devoir de mémoire qui complète ma lecture récente d'une biographie de la Pasionaria à qui on doit le slogan No pasaran !
Et puis, discrètement, avant de fermer le livre, il y a une citation d'Isaac Newton, comme un mot de la fin qui peut faire échos à la main tendu de Norman Bethune qui a sauvé de nombreuses vies : « Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. »

Ce livre m'a été offert par les éditions Steinkis dans le cadre d'une opération masse critique. Je les remercie de tout coeur.


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Si on peut se dire qu'on connait la guerre d'Espagne et celle de la Retirada, Promenade des Canadiens met en scène un épisode dont je n'avais pas entendu parler : le sort assez particuliers de l'exode des habitants de Malaga.

J'ai quand même eu du mal à rentrer dans l'histoire à cause de la narration assez malhabile où les allers-retours entre passé et présent n'étaient pas toujours maîtrisés, de même que pour les références historiques et l'histoire personnelle des personnages manquait de fluidité.
En revanche, la mise en scène de l'exode est bien plus dynamique.
Toutefois, pas sûre que ça suffise à le garder dans un top 5...
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On a l'habitude d'entendre que le bombardement de Gernica tuant des civils en avril 1937 fut les prémices d'une nouvelle tactique de guerre qui sera largement utilisée durant la Seconde Guerre mondiale.
Ce que l'on sait moins, c'est que l'aviation et la flotte fasciste, aux côtés de Franco, s'étaient déjà entraînées à Malaga en tuant autant que possible la population qui était sur le chemin de l'exode.
Picasso ou un autre artiste n'ayant rien créé dessus, c'est un événement qui ne s'est raconté que localement.
L'intérêt premier de cette bande dessinée est de faire connaître cet événement tragique.
Comme je n'ai pas d'autre valeur ajoutée à communiquer sur cette BD et que l'intérêt premier a une valeur non négligeable, je vais m'arrêter là.
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Bande dessinée on ne peut plus didactique, "Promenade des Canadiens" évoque un épisode méconnu de la guerre civile espagnole, la prise de la ville de Malaga en 1937 par les troupes de Franco aidées par celles de Mussolini et la fuite de la population sous les bombes.
Pour ce faire, Carlos Guijarro use d'un procédé classique, le témoignage d'une rescapée de cet épisode particulièrement meurtrier de la guerre. Comme pour insister davantage encore sur le caractère pédagogique de son travail, l'auteur explique à la vieille dame que le choix de la BD pour faire connaître son récit "permettra de toucher plus de lecteurs".
Certains lecteurs estimeront sans doute lourdement ressentir l'aspect scolaire de l'entreprise et il est vrai que la narration revêt parfois un côté artificiel, notamment dans des dialogues trop explicatifs et les moments où la vieille dame se livre dans son témoignage à de longs exposés que l'on croirait tout droit sortis de manuels d'Histoire.
Il n'en demeure pas moins que les réserves sur la forme ne sauraient reléguer au second plan un fond des plus instructifs dont le moindre intérêt n'est pas l'évocation de ces Canadiens que le titre de l'ouvrage met à l'honneur.
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Merci à Babelio et les éditions Steinkis pour l'envoi de cette bande-dessinée ! Encore une fois, grâce à masse critique, j'ai pu faire une magnifique découverte !

Malgré un graphisme plutôt simpliste, on plonge immédiatement dans cette sombre histoire de la marche des habitants de Malaga vers Almeria. L'esthétisme ne compte pas, l'auteur nous fait d'ailleurs bien comprendre que ce support a été choisi pour toucher plus de monde. de plus, le graphisme n'a pas vraiment eu besoin d'être travaillé car les dessins sont des représentations des photographies prises par Hazen Size, l'assistant de Norman Bethune. le support permet donc de délivrer un message fort et n'a pas forcement pour but de plaire par ses dessins, en tout cas, c'est le sentiment que je retiens. Cependant, la palette de couleurs est tout de même représentative de l'ambiance, noir et gris pour le récit historique et coloré pour les passages se déroulant dans le présent. Au final, faire de ce récit une bande-dessinée est une très bonne idée car un roman n'aurait peut-être pas eu le même impact. Ici, l'effet est double car en plus de ce que l'on y apprend, le voir, même en dessin, choque plus que dans l'imagination.

Lors de la guerre d'Espagne, les combats font rage entre les franquistes et les républicains, appelés bien souvent "rouge", et les habitants de Malaga sont considérés comme des communistes qu'il faut donc éliminer. Aucune distinction n'est faite, la population est obligée de fuir du jour au lendemain. Mais sur la route censée les conduire à Alméria, celle qui deviendra la "promenade des canadiens", les dangers sont encore plus grand et la mort toujours plus proche...

C'est un récit poignant que nous offre Carlos Guijarro ici. Grâce aux témoignages d'époque comme ceux de Norman Bethune, médecin canadien officiant en Espagne durant la guerre civile, l'auteur nous offre une bande-dessinée de qualité qui pourrait même servir de support pour des cours sur cette partie de l'Histoire espagnole.

Je remercie vraiment l'auteur pour sa curiosité et sa soif de connaissances. Étant passionnée par l'Histoire de France, je m'ouvre peu à peu aux autres pays et ce genre d'évènement est typiquement ceux qui me donnent envie d'en apprendre toujours plus. Je m'intéresse à la guerre d'Espagne depuis peu et je me rends compte que je suis loin, très loin d'avoir tour saisi et compris de cette vaste guerre qui a totalement ravagé son pays et une grande partie de sa population.
Lue en seulement une heure, j'ai été scotché par ma lecture, le récit de cette vieille dame m'a réellement intéressé et interpellé et je vais donc de ce pas me documenter un peu plus sur cette Histoire.
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critiques presse (1)
BDGest
29 juin 2016
Œuvre de mémoire salutaire, Promenade des Canadiens remplit sa part du contrat, malgré les nombreux défauts propres aux premiers albums.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La cicatrisation d'un drame collectif de ce genre n'est pas qu'un processus individuel. La société dans son ensemble est en mesure et a le devoir de guérir les blessures. Après tant d'années, il s'agit avant tout d'une réparation morale. Reconnaître l'injustice commise est le point de départ pour commencer à réparer le mal causé. Ce n'est qu'ainsi que les victimes, leurs familles et la société peuvent regarder vers l'avenir, libérées du fardeau du passé.

Au lieu de ça, alors que les crimes du franquisme sont encore dans les mémoires, on réécrit sournoisement l'histoire, on relativise l'horreur.

Je ne pouvais accepter ce silence complice et l'oubli imposé.
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Nous venions de tomber dans un piège. Cette portion de route entre Torrox et Motril est escarpée, d'un côté la mer, de l'autre la montagne. Aucune issue possible... Je me suis parfois dit qu'ils nous avaient laissés fuir Málaga pour nous chasser ici comme des lapins !
Qui pouvait imaginer une telle barbarie ? Nous étions des réfugiés, pas une armée...
— Je suppose que nous n'étions que des rouges pour eux. Comme si cela pouvait justifier ce qu'ils faisaient. Des navires de guerre et des avions contre des valises et des baluchons !
À partir de là, notre existence entière serait influencée par le souvenir de ces jours-là. Ce n'était plus de la peur, c'était de la terreur.
— Mais je ne m'indigne même plus. Tout ce que je veux maintenant, c'est que la vérité soit connue.
— Madame, ce sont des témoignages comme le vôtre qui permettent de connaître la vérité.
— Tu penses que ça intéressera quelqu'un ?
— Bien sûr, grand-mère !
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Non seulement ces hommes vous ont sauvé la vie, mais ils ont ensuite raconté votre histoire. Leur témoignage et leurs photos étaient à notre disposition au Canada. Et cela a permis à cette tragédie de ne pas sombrer dans l’oubli.


(à propos de Norma Bethune et de ses assistants, Hazen Size et Thomas Wosley)
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La guerre avait effacé tout ce que nous avions été, et l'après-guerre tout ce que nous pouvions devenir.
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Comme tant d’autres brigadistes, il pensait que le sort du monde était suspendu à l’Espagne : il fallait arrêter le fascisme là-bas ou il se propagerait inévitablement partout ailleurs.
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