Une histoire pas désagréable, mais où certaines choses m'ont peut-être un peu moins plus pour des raisons... particulières.
J'ai retrouvé dans le style de l'autrice certains de mes tics, certaines de mes faiblesses. Un ton qui installe rapidement une certaine distance entre la narratrice et les lecteurices.
Je doute que ça aie été fait volontairement (mais je peux tout à fait me tromper), car c'est en lisant ce roman que j'ai pris conscience de l'effet qu'induit cette façon d'écrire.
Ce côté-là était perturbant et pas toujours très agréable. Je voyais toutes ces petites choses qui m'agacent quand je relis certains de mes anciens (et moins anciens) textes, des habitudes que j'ai combattues, que j'essaie encore d'apprivoiser, aujourd'hui.
Du coup, j'ai l'impression d'avoir été bien plus critique avec ce livre que je n'aurais dû l'être. Parce que je relevais tous ces petits détails que j'aurais changés si j'avais écrit ce texte, ces changements qui n'étaient au fond que des mots que je n'aurais pas choisis identiques de-ci de-là.
C'est injuste.
Profondément injuste.
Je n'ai aucune raison légitime pour juger si durement ce livre. Je n'avais pas à faire ça, mais ces remarques me venaient toutes seules alors que je tournais les pages.
Alors, pour tenter de contrer ça, commençons par ce que j'ai aimé dans ce roman.
Jo est photographe et l'autrice va régulièrement insister sur sa façon de voir le monde, pensant, peut-être pas toujours mais souvent, en terme de clichés, d'où se déplacer pour mieux capter l'instant, la scène qui se déroule sous ses yeux. Ce n'est pas un exercice facile que de représenter en mots ce que lea lecteurice doit se représenter en image sans se noyer dans de trop longues descriptions. J'ai l'impression que ça aurait pu être un peu plus poussé par moments, mais globalement c'est plutôt réussi. On comprend comment Jo fonctionne et la place qu'a son art dans sa vie.
La traque qu'elle va mener pour retrouver Oli, qu'elle a mis dans un beau pétrin, est plutôt tranquille. On est loin du thriller ou de l'enquête policière, l'accent étant davantage porté sur les ressentis internes de Jo qui s'est attachée, presque par erreur, à sa jeune voisine.
Ce n'est pas déplaisant, on la suit qui part à la rencontre des parents d'Oli, puis sur ses traces dans des bars ou des rues où elle pense la trouver. On ne perd pas notre temps à collecter des indices, parce qu'il apparaît très vite que ce n'est pas comme cela qu'on démêlera cette histoire de disparition. On laisse juste venir la suite, aussi peu renseignés que Jo quant à la suite des événements.
Au niveau de ce qui m'a moins plus, il y a justement cette distance que l'autrice tente de mettre entre nous et elle, cristallisée par des phrases courtes, un style assez froid qui nous empêche souvent d'entrer en résonance avec l'héroïne.
Et en même temps, Jo est très centrée sur elle-même, surtout au début de l'histoire, donc est-ce vraiment une mauvaise décision ? Rien n'est moins sûr.
J'ajoute cette petite partie spoiler pour parler deux minutes de la fin.
Je ne l'imaginais pas comme ça.
Alors, oui, Jo fait un travail sur elle-même, tentant de voir le monde et les gens qui le peuplent un peu moins comme une photographe et un peu plus comme une simple participante à l'animation ambiante. C'est assez visible autour du feu, par exemple, quand elle voit les photos qu'elle pourrait prendre, mais ne va pas chercher son appareil pour concrétiser sa vision (ce que j'ai trouvé un peu dommage, d'ailleurs, mais intéressant dans son apprentissage).
Mais cette décision de retourner auprès de Camille, après, était-ce vraiment indispensable ? Elle ne veut pas de l'enfant que porte son ex-compagne et j'ai même eu l'impression qu'elle était passée à autre chose en vivant un moment avec Oli.
Alors, non, cette dernière ne semble pas intéressée par Jo, pas de cette façon, mais j'ai eu l'impression que Jo ne retournait vers Camille qu'en comprenant qu'il ne se passerait rien de plus avec Oli. Or, vu comment les retrouvailles ont été écrites, je ne crois pas que cette impression est celle que l'autrice voulait faire passer.
Alors, quitte à ce que le couple Jo/Camille cesse de fonctionner après l'arrivée du bébé (vu que Jo ne semble toujours pas avoir envie du morveux), il aurait été aussi intéressant de ne pas les remettre ensemble à la fin et de les laisser partir chacune de leur côté.
Enfin, malgré ces quelques points en demi-teintes, ce n'était pas une lecture déplaisante, peut-être juste un peu éloignée de ce dont j'ai l'habitude. Et puis ce texte m'a fait faire une introspection qui n'était pas du tout prévue, et rien que pour ça, merci
Adèle Guillaume.