La faiblesse du maillon

Voilà l'histoire (pour savoir pourquoi ce résumé commence comme cela il faudra lire le roman). Entre roman politique et policier ce récit met en scène Olivia Guimard, commissaire à la Crim' et Gustave, son compagnon, membre de l'équipe d'un jeune politicien aux dents longues, candidat à l'élection présidentielle qui approche. le Boss.
Tout semble bien allé dans le couple jusqu'au jour où Gustave reçoit un mystérieux SMS d'un numéro inconnu. le message n'a rien de vraiment menaçant mais c'est suffisamment étrange et inquiétant pour qu'au second SMS Gustave en parle au responsable sécurité de la campagne et à Olivia afin de savoir d'où peut bien provenir ces messages. D'autant plus que ce numéro apparaît désormais dans l'enquête dont Olivia à la charge et pour laquelle elle vient de commettre un impair. La campagne et cette enquête sur un trafic sont-elles liées ?
Max Bizek des Affaires internes enquête sur la bavure supposée d'Olivia avec son adjointe Delphine. Et on peut dire que ce duo atypique a du pain sur la planche. Entre des trafiquants peu coopératifs, leur collègue Olivia en difficulté et cette campagne politique pour laquelle jaillit quelques soupçons le travail ne manque pas. Il leur faudra utiliser toutes les ressources dont ils disposent en interne afin de trouver le lien entre toutes ces affaires apparemment sans rapport. Mais attention les embûches et les ennemis sont partout….

Éric Halphen nous propose un roman avec une vraie intrigue policière, mais aussi une immersion dans un monde politique bien souvent corrompu ainsi que dans les rouages d'une campagne politique. Ancien juge, l'auteur nous livre aussi une description de son ancien métier et des aspects pluridisciplinaires d'une enquête de Police. Les prémices avec les policiers de terrain et les sanctions avec les juges. le Juge du roman est atypique lui aussi dans sa vie et dans son métier. Un autoportrait de l'auteur ? Dans tous les cas cela donne de l'ampleur au personnage.
Quant au récit lui-même, il est bon. Un peu déroutant au début avec la présentation de toutes les affaires mais au final le roman a du sens et de l'intérêt. Cet intérêt monte encore d'un cran en milieu de récit lorsque les affaires se rejoignent. L'ensemble tient la route dans un style bien particulier. L'histoire a du sens, il y a du suspense, les personnages sont bien campés et chaque fin de chapitre propose une nouvelle avancée dans l'histoire. C'est ce qu'on attend d'un bon roman. Et puis, même si les faits sont imaginaires, ça sonne tellement vrai pour celui-ci…

En matière de lutte contre le financement illicite des campagnes électorales et de manipulations politico-policières, Eric Halphen possède une forte expertise. Seuls les lecteurs de ma génération se souviennent sans doute de l'affaire du financement des HLM de Paris et des Hauts de Seine en 1994, quand le juge d'instruction Halphen tentait de démêler une sombre affaire de fausses factures et qu'il avait fait l'objet d'une tentative de déstabilisation mettant en cause son beau-père …

Aujourd'hui âgé de 60 ans, il écrit des histoires policières marquées du sceau de la vérité et particulièrement précises dans le descriptif des procédures.

Nous voici projetés dans le team de campagne du candidat à la présidentielle, un jeune homme charismatique surgi de nulle part, ni de droite ni de gauche, je ne nomme personne, suivez mon regard.

Autour du « Boss » vénéré, une équipe de jeunes loups dont Gustave, le plus proche conseiller du candidat. Mais le personnage principal est plutôt sa compagne, une policière courageuse et perspicace, Olivia, commissaire aux stups … Pendant une interpellation, elle a le malheur de tirer sur un suspect, pensant protéger un de ses collègues et la voilà aux prises avec les boeufs-carottes, et en particulier le vieux commissaire Maximilien Bizek, autre personnage attachant, tout comme le juge d'instruction Barth, un peu le double rêvé de l'auteur, deux protagonistes déjà rencontrés dans les polars précédents d'Eric Halphen.

Voilà une intrigue à double détente, bien écrite quoique fort complexe, dans des ambiances réalistes, une application à pénétrer la réalité psychologique des hommes et des femmes de ce milieu finalement très mal connu : le monde de la police, des arcanes de la justice, ses grandeurs et de ses faiblesses. On termine le livre en se disant que malgré la presse à scandales, on ne nous dit pas tout mais que finalement, force reste à la loi.

Vais-je remonter la liste des épisodes précédents ? Je ne sais pas encore !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..

Ex juge d'instruction et ex candidat malheureux aux législatives sous l'étiquette macroniste, EH convoque l'actualité récente et, surtout, sait de quoi il parle quand il évoque pèle mêle un service de police spécialisé dans les stups gangrené par la corruption, une campagne présidentielle sous forme de guerre éclair conduisant à l'élection de celui que personne ou presque ne connaissait trois ans auparavant, des financements de ladite campagne à l'abri de banques paradisiaques et la divulgation de courriels internes sur fond d'activisme russe. Les fidèles du juge-écrivain retrouveront avec plaisir juge Barth et policier Bizek, que l'âge a quelque peu fatigués et désabusés, ainsi que les savoureuses digressions de l'auteur qui nous renseignent agréablement sur ses goûts personnels en matière d'art, de déco intérieure ou de gastronomie.

Bon, que dire sur ce troisième volet des « aventures » du juge Barth et du maintenant commissaire à l'IGPN Bizek ? Que j'ai souffert durant sa lecture ? Qu'il fait une incursion un peu trop poussée dans le monde de la politique avec l'impression que le fameux « boss » a tout de Macron ? Que je n'ai éprouvé aucune – mais alors vraiment aucune - empathie envers les personnages quels qu'ils soient ?
Quant à Barth et Bizek, on les retrouve désabusés, fatigués pour ne pas dire déprimés. le juge d'instruction, très peu présent, semble englué dans une routine qui lui paraît de plus en plus ennuyeuse et une ambiance familiale où les conflits avec sa fille dorénavant ado sont à peine esquissés. Quant à Bizek, le pauvre, l'auteur continue à s'acharner sur lui à coup de dépression, de physique de plus en plus vieillissant, de solitude et de mémoire défaillante au point où il se pense atteint d'Alzheimer. le summum de l'amitié entre les deux hommes ? le regret de s'être revus après tant d'années, c'est tout dire.

Roman regroupant plusieurs genres: policier, judiciaire et politique.
Certes, des liens existent entre ces genres; le tout est très bien écrit avec des détails très précis qui nous renseignent sur le vécu du juge d'instruction nommé Eric Halphen.
Les personnages apparaissent avec une grande authenticité.
Le portrait du "boss" est particulièrement réussi.
J'ai tout de même eu l'impression de lire plusieurs dossiers différents regroupés dans un récit baptisé "roman".
Il manque là, un certain suspense propre aux romans policiers.
Le page-turner n'est pas assez développé.
Roman trop vite oublié ...