Si nous voulons mieux profiter de la vie, nous devons apprendre à regarder et à accueillir pleinement la présence du bonheur tout comme la présence de la souffrance. Nous faisons chaque jour quelques pas dans cette direction, jusqu’au jour où nous comprenons que la souffrance et le bonheur ne sont pas deux choses séparées.
Il y a la souffrance du corps, notamment les sensations de la douleur, la maladie, la faim et les blessures physiques. Le plus souvent, cette souffrance est tout simplement inévitable. Puis il y a la souffrance mentale, notamment l'angoisse, la jalousie, le désespoir, la peur et la colère. Nous avons en nous des graines, c'est a dire des graines qui ont le potentiel de développer en nous le potentiel la compréhension, l'amour, la compassion et la vision profonde. Mais nous avons aussi des graines de souffrance comme la colère, la haine, et l'avidité.
Si il est impossible d'éviter toute souffrance de la vie, il est possible de beaucoup moins souffrir en s'abstenant d'arroser les graines de souffrance qui sont en nous.
Etes-vous en guerre avec votre corps ?
Négligez-vous votre corps ou le punissez-vous ?
Avez-vous vraiment chercher à savoir ce qu'il vit ?
Vous sentez - vous bien dans votre corps ?
La souffrance peut-être physique ou mentale, ou les deux, sachant que toute forme de souffrance se manifeste aussi dans le corps et crée des tensions et du stress.
Mais parfois malgré tout nos efforts pour relâcher les tensions dans notre corps, nous n'y parvenons pas. Ces tentatives sont vouées à l'échec tant que nous n'aurons pas d'abord reconnu leur présence.
J'inspire, je suis conscient d'un sentiment douloureux. J'expire, je suis conscient d'un sentiment douloureux. C'est un art que nous devons tous apprendre, car, le plus souvent, nous n'aimons pas nous retrouver face à la souffrance.
Nous craignons tellement de nous retrouver submergés que nous cherchons à la fuir. Il y a de la solitude, de la peur, de la colère et du désespoir en nous. Mais, comme nous ne voulons pas les voir, nous avons tendance à nous réfugier dans la consommation, à nous mettre en quête de quelque chose à manger ou à allumer la télévision. Certains font tout cela en même temps.
Et même s'il n'y a rien d'intéressant à regarder à la télévision, nous n'avons pas le courage de l'éteindre, de peur de retrouver face à nous-même et à l'immense mal-être que nous ressentons. Nous trouverons toujours quelque chose à consommer pour éviter d'affronter notre souffrance.
Il en est de même pour la méditation assise. Si quelqu'un me demande :
A quoi ça sert de s'asseoir sans rien faire ? la meilleur réponse que je puisse donner est encore : Parce que j'aime ça !
Si vous ne générez ni paix ni joie pendant la méditation assise, cela ne sert à rien. Cela ne vous aidera pas, même si vous passez plusieurs heures par jour assis sur un coussin.
Même le plus grand progrès intérieur est vain s'il ne nous rend pas plus solidaires.
Et la culture de soi peut vite sentir le renfermé si elle ne débouche pas sur une vraie générosité.
Leçons d'humanité de Thích Nhất Hạnh