[27 mai 2021- Fin de lecture janvier 2022 ! ]
Découvert et ce texte et cet auteur au fil de mes flâneries… Toujours intéressée par le mouvement américain transcendantaliste animé par Emerson,
Hawthorne, Thoreau…
le quatrième de couverture ainsi que le titre m'ont interpellée…
Norman Lock met en scène Samuel Long, jeune esclave noir, ayant réussi à s'enfuir de la plantation de son maître , en Virginie…qui va être le « narrateur » de cette fiction ; Samuel tombe sur le groupe d'écrivains-philosophes cités précédemment…qui l'accueillent, l'aident et lui apportent des éléments d'instruction… En dépit de son admiration, Samuel Lock ne peut s'empêcher de remarquer qu'il est bien facile de philosopher, d'intellectualiser la vie, lorsqu'on est né du bon côté de la barrière et avec la bonne couleur de peau !!
je me permets de transcrire un extrait assez long, présentant au mieux le noyau central de l'histoire...
« Au début de notre "amitié"- j'utiliserai ce mot par facilité-, j'ai pris Henry Thoreau pour un homme ordinaire doté de tous les défauts de notre espèce, alors qu'en vérité il fut un homme extraordinaire n'en ayant presque aucun. Je m'efforcerai de dire ce qu'il vécut et ce que je vécus dans les bois de Walden après qu'il s'y fut installé le jour de l'Indépendance de 1845, jusqu'à septembre 1846, quand je les quittai pour de bon.
J'étais parti dans les bois afin de m'y construire une cabane avant qu'il vienne s'installer à la campagne. J'y suis allé à la demande de son ami
Ralph Waldo Emerson. C'est Emerson qui m'a accueilli chez lui après ma fuite épuisante hors de mon "Egypte", et c'est aussi lui qui, plus tard, lancerait une souscription parmi les abolitionnistes pour m'acheter ma liberté. Dès mon arrivée au village- pour moi, la dernière étape du Chemin de fer clandestin-, j'ai vécu sous sa protection. Il a entrepris la longue et lourde tâche consistant à illuminer mon esprit enténébré. Thoreau, lui aussi, ferait beaucoup pour élargir ma perception du monde. Il m'incombe désormais d'achever cette tâche, ainsi que chacun doit le faire, et je suis loin d'en avoir fini. (...)
En outre, si le lecteur veut bien me pardonner, je tiens à affirmer que je ne dois à personne d'avoir retrouvé ce qui aurait dû rester mien depuis la naissance. (p. 17)”
Oublié ces débuts de notes ; ce livre m'avait pourtant fortement intéressé...car il faisait parler Samuel Long, le , un esclave noir, rencontrant
Henry David Thoreau ainsi que d'autres intellectuels... Toutefois, entre les pensées, les écrits, et les actes, il y a parfois quelques décalages...
"Je sais qui vous êtes, monsieur Long. Waldo Emerson vous considère comme son..."
Le mot qu'il aurait pu utiliser pour définir ma relation au célèbre homme de lettres-"employé", "garçon de courses", "protégé" ou "ami"- ne fut pas prononcé.
"Oui", répondis-je, désireux à cet instant d'être qualifié par le nom, quel qu'il fût, auquel penserait Henry. Les habitudes de la servilité persistent longtemps après que les chaînes ont été brisées." (p. 21)
Ainsi Samuel Long, en admiration absolue de l'écrivain-philosophe, doit bien se rendre compte que c'est un homme comme un autre......, en dépit de son immense intelligence.. Toutefois, ces rencontres vont l'aider très positivement sur le chemin de l'émancipation, et c'est l'essentiel !
Une relecture d'un seul bloc... serait bienvenue, car ces coupures trop fréquentes dans ma lecture, avec mes fichues boulimies et dispersions , ne m'ont pas fait l'apprécier à sa juste qualité...