Le lecteur de la Bible est un peu à la peine avec le livre du Lévitique : il ne contient presque aucun récit, mais accumule prescriptions légales et rituelles concernant les sacrifices, la pureté personnelle, la pureté familiale et celle de l'alimentation. Notre culture chrétienne nous a habitués à dédaigner un peu ces minuties, et c'est à tort. Ceci dit, la traduction du texte grec, traduit de l'hébreu, du Lévitique, présente les mêmes grandes qualités de sérieux et de science que dans les autres volumes, et ceux que la curiosité emporte liront ce livre avec plaisir.
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XIX-17/18. "Et ta main ne se vengera pas et tu n'auras pas rancune contre les fils de ton peuple, et alors tu aimeras ton prochain comme toi-même ; c'est moi qui suis le Seigneur."
Commentaire : dans le texte grec, comme dans le texte hébreu du Texte Massorétique, les deux versets forment un tout bien cohérent : une série d'injonctions négatives, se terminant par une déclaration positive. En six énoncés successifs s'effectue un trajet psychologique qui va de la haine à l'amour. Le sens de l'ensemble ne se comprend correctement que si l'on interprète le KAI final de chacun des deux versets non comme une simple copule, mais comme une véritable conjonction consécutive, avec le sens de "et alors", "c'est ainsi que" ... Ainsi, en deux paliers logiquement articulés, l'amour du prochain est présenté comme l'aboutissement et pour ainsi dire la récompense d'un comportement où le reproche fait à bon escient et la rancune évitée sont les conditions d'une affection juste, équilibrée, permettant à chacun de se reconnaître comme le prochain de l'autre.
p. 167