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EAN : 9782350960043
241 pages
Les Prairies Ordinaires (16/10/2010)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Les guerres d'Afghanistan et d'Irak ont obligé la gauche mondiale à élaborer de nouvelles manières d'analyser et de combattre l'impérialisme. Mais David Harvey montre dans ce livre que, outre cette dimension spectaculaire et violente, qui laisse à penser que la main invisible du marché a plus que jamais besoin d'un gant de fer, l'impérialisme procède de logiques qui déterminent aussi notre quotidien de manière plus diffuse. Ce que l'auteur appelle l' "accumulation p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Comme l'indique Jean Batou dans son introduction « le livre de David Harvey présente une tentative originale de combiner une triple approche conjoncturelle, historique et théorique de l'impérialisme. Il propose d'expliquer comment celui-ci configure en permanence le lien dialectique entre pouvoir économique et pouvoir politique, de situer son évolution dans la longue durée et de le voir opérer sous nos yeux dans les première années de l'administration Bush JR. »

En ne négligeant pas les inscriptions territoriales, les dimensions qui relèvent de l'organisation interne, politique (dont les luttes et « compromis » des groupes sociaux à l'échelle nationale) des Etats, David Harvey nous propose de mieux cerner les spécificités de la période actuelle.

Le début du livre est consacré au pétrole (la matière, les systèmes de transports et de distribution) et à la guerre contre l'Irak « pour but de renforcer le contrôle direct de Washington sur le l'ensemble du Moyen-Orient et sur ces ressources énergétiques ». L'auteur nous rappelle le sens, pour les puissances impérialistes, des découpages effectués au début du vingtième siècle, des créations de pays « sous-produit du traité de Versailles ». Il analyse aussi l'utilisation du 11 septembre et du « terrorisme », dont celui des anciens alliés de la guerre contre les troupes russes en Afghanistan, sans oublier la « formidable opportunité d'imposer de nouveaux repères sociaux sur le plan intérieur et de remettre à l'ordre les citoyens ».

A travers une analyse de la montée en puissance dans le siècle dernier des États-Unis, David Harvey insiste sur la forme particulière d'impérialisme qu'est l'impérialisme capitaliste. En intégrant à la critique de l'économie politique, les dimensions impériales/géographiques, l'auteur peut ainsi rendre compte d'autres dimensions de la crise économique, écologique, sociale, systémique débutant au milieu des années 70 et de ses différentes phases. L'auteur parle de « capital entravé », de la place des pouvoirs étatiques créant les nouveaux espaces de valorisation du capital (fonctionnement modifié et élargi des marchés). Sa présentation des circuits du capital est très pédagogique.

Néanmoins, les contradictions actuelles du capitalisme pourraient être largement discutées, en particulier la place et le rôle de la finance (voir Michel Husson : Un pur capitalisme, Éditions Page Deux, Lausanne 2008).

Ce qui fait ressortir un élément de discussion supplémentaire. Je suivrais, ici aussi Jean Batou, dans la critique de la place déterminante donnée par David Harvey à « l'accumulation par dépossession ». L'auteur reprend les théorisations de Rosa Luxembourg et « l'idée selon que le capitalisme doit perpétuellement avoir quelque chose « en dehors de lui-même » afin de se stabiliser vaut la peine d'être examinée, en particulier dans la mesure ou elle fait écho à la conception hégélienne … selon laquelle une dialectique interne au capitalisme l'oblige à chercher des solutions à l'extérieur de lui-même » et par extension « le capitalisme crée toujours et nécessairement son propre autrui ».

Si les politiques de marchandisation des biens collectifs, souvent accompagnées des violences de l'expropriation (sans oublier l'usage quelque fois militaire impérial), peuvent être assimilées aux mécanismes d'accumulation primitive et donc être considérées comme « dépossession », il reste à discuter de leur place dans l'ensemble des processus d'accumulation. Il me semble que les logiques « objectives » internes, les contradictions engendrées par le mode même de fonctionnement du système sont des facteurs explicatifs plus pertinents ou plus déterminants. Par ailleurs l'auteur relie souvent cette « l'accumulation par dépossession » avec le procès de dévalorisation du capital sans être très convainquant.

Sur ce point, les analyses de Michel Husson sur la dévalorisation du capital organique me semblent plus abouties (Voir son très bel article http://hussonet.free.fr/debaprof.pdf).

Les analyses de David Harvey sont d'un apport précieux, contribuant à actualiser/élargir les débats tant sur l'impérialisme que sur la compréhension des fonctionnements du système capitaliste dans lequel nous vivons. Et comprendre c'est déjà créer des conditions d'agir.
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