L'auteur constate que les critiques de l'organisation de la société font passer le temps et l'histoire avant l'espace et la géographie ou les conçoivent comme « site stable de l'action historique ».
« Quand aux variations des rapports spatiaux et des structures géographiques, ils les intègrent à leurs théories en procédant à des ajustements ad hoc, en imposant de l'extérieur des redéfinitions des régions et des territoires au sein desquels et entre lesquels opère le flux perpétuel du processus social. Enfin, les modalités de production de ces rapports spatiaux et configurations géographiques demeurent dans l'ensemble ignorées. »
Cette manière de procéder ne permet pas de saisir les modalités concrètes d'organisation et de réorganisation de l'industrie, du salariat et des espaces politiques.
David Harvey se propose « plutôt de construire une théorie générale des relations spatiales et du développement géographique sous le capitalisme qui permettrait d'expliquer, entre autres choses, l'importance et l'évolution des fonctions de l'État (sur les plans local, régional, national et supranational), le développement géographique inégal, les inégalités inter régionales, l'impérialisme, le progrès, les formes d'urbanisation, et d'autres phénomènes de même nature. »
L'auteur souligne les contradictions engendrées par la tendance, inhérente de la marchandise et du système capitaliste, à l'extension à toutes les sphères de la société et à tous les espaces. Mais dans le même temps, La production doit rassembler du capital et des salariés dans des lieux particuliers. Elle doit bénéficier d'infrastructures (transports, cadres juridiques, formation des salarié-e-s, etc) d'où les remodelages des États et de leurs interventions dans la nécessaire organisation des espaces et des marchés. « La capacité à s'affranchir de l'espace dépend de la production de l'espace »
De plus, ces paysages sociaux et physiques redéfinis à l'image du mode de production, ne peuvent être adéquat à ses besoins que durant des temps donnés, ce qui implique des bouleversements, voire des destructions de ces paysages ultérieurement. Prendre en compte cette dimension consubstantielle de la création de l'espace et du capitalisme permet d'éclairer les déplacements temporels et géographiques des contradictions, assurant en partie le dynamisme du système.
La présentation du fonctionnement et des contradictions du capitalisme pourrait largement être discutée, mais la prise en compte de l'espace géographique comme construction sociale aide non seulement à la compréhension du fonctionnement du capitalisme, de certaines de ses contradictions et donc des opportunités « d'intervention » pour modifier le cours des choses.
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Encore un livre lu par obligation.
Malgré quelques passages un peu ennuyeux (le capitalisme n'étant pas un de mes sujets de prédilection) je l'ai tout de même trouvé intéressant. Il y a des passages qui méritent vraiment le coup d'oeil pour prendre conscience, encore un peu plus, du monde qui nous entoure.
Ce que j'ai surtout apprécié dans ce livre, c'est le fait d'avoir compris une grande majorité de ce que l'auteur essayé d'expliquer. C'est une lecture plutôt accessible, même pour ceux n'ayant jamais fait de géographie sociale ou alors qui n'y comprennent pas grand chose. Ce qui est un sacré atout !
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Certes, pas plus qu'il n'est à l'origine de l'écriture, du savoir, de la science ou de l'art, le capitalisme n'a inventé la guerre. Certes, toutes les guerres ne sont pas, même à notre époque, de nature impérialistes. Certes, la guerre ne disparaîtra sans doute pas de l'histoire humaine avec l'effondrement du capitalisme. Mais d'après notre théorie, le remplacement du mode de production capitaliste, ce procès de circulation fondé sur l'expansion et le dynamisme technologique, est une condition nécessaire à la survie de l'humanité. Pareille tâche ne peut être envisagée par une seule classe ou communauté. C'est à chacun d'entre nous d'y consacrer immédiatement toute son attention.
L'alternative à la mondialisation sous sa forme actuelle ne viendra pas d'en haut. Elle ne pourra naître que de l'unification des multiples espaces locaux.
Le marxiste est donc par nature un schizophrène notoire qui se regarde lutter dans l'arène théorique, doublé d'un paranoïaque qui se demande en permanence : "qu'est-ce que je ne pense pas ?" ; mais, contrairement aux idées reçues, ce n'est pas un hystérique qui se demanderait : "qu'aurait pensé Marx de ça ?"
plutôt de construire une théorie générale des relations spatiales et du développement géographique sous le capitalisme qui permettrait d’expliquer, entre autres choses, l’importance et l’évolution des fonctions de l’État (sur les plans local, régional, national et supranational), le développement géographique inégal, les inégalités inter régionales, l’impérialisme, le progrès, les formes d’urbanisation, et d’autres phénomènes de même nature
Quand aux variations des rapports spatiaux et des structures géographiques, ils les intègrent à leurs théories en procédant à des ajustements ad hoc, en imposant de l’extérieur des redéfinitions des régions et des territoires au sein desquels et entre lesquels opère le flux perpétuel du processus social. Enfin, les modalités de production de ces rapports spatiaux et configurations géographiques demeurent dans l’ensemble ignorées.