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EAN : 9782842602390
124 pages
Editions Théâtrales. (01/02/2007)
4/5   1 notes
Résumé :
Une maison dans la campagne berlinoise au bord d'un lac. Johannes Vockerat, jeune philosophe, vit avec sa femme Käthe, faible depuis l'accouchement de leur fils. Madame Vockerat est venue soulager sa belle-fille.

Johannes n'avance pas dans la rédaction de son ouvrage philosophique consacré au matérialisme. Arrive alors par surprise une jeune étudiante russe. À la grande satisfaction de Johannes, mademoiselle Anna s'intéresse à ses écrits : il l'invite... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En opposition au drame classique, se constitue un drame bourgeois, dont Diderot est un précurseur essentiel. Il s'attache à défendre l'idée d'une scène-miroir, dont tous les éléments (décors, costumes, personnages, situations etc) doivent refléter la réalité sociale de son temps. Les personnages sont des bourgeois, représentés dans leurs intérieurs, leur vie de famille. Il s'agit d'une forme de réalisme, mais également d'une défense d'un mode de vie et des valeurs d'une classe sociale montante, et qui cherche à s'affirmer.

Classe devenue dominante au XIXe siècle, la bourgeoisie se voit offrir un théâtre qui la représente, drame bourgeois ou vaudeville pour la comédie, qui la dépeint, qui glorifie ses valeurs, et qui a une fonction de cimenter l'ordre social. Mais ce théâtre, est aussi codé et stéréotypé : une action très ordonnée et très construite devient centrale, une forme de conventionnel, de convenu s'installe, il s'agit de donner au public exactement ce qu'il attend et qui le conforte dans l'image positif qu'il a de lui-même. Scribe est considéré comme l'écrivain le plus important de ce courant au XIXe siècle.

Mais une remise en question de cette vision du théâtre va venir d'un certain nombre de dramaturges étrangers au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle : Ibsen, Strindberg, Tchékhov et Hauptmann vont chacun à sa façon mettre à mal ce type de répertoire, tout en gardant certains de ses aspects. Beaucoup de ces pièces se passent toujours dans les mêmes milieux bourgeois, néanmoins la présence de personnages issus de milieux populaires devient plus fréquentes et non plus anecdotique. Des personnages qui défendent d'autres valeurs, d'autres façons de voir le monde surgissent, mettant en cause la suprématie de la bourgeoisie, l'ordre social instauré. Les hypocrisie et la violence de l'ordre social régnant sont exposées, les individus en prise avec les conventions imposées sont souvent présents.

Le théâtre de Hauptmann est un maillon dans cette nouvelle esthétique. Les âmes solitaires présente un personnage principal, Johannes Vockerat, qui vient de devenir père, la pièce commence à la fin du baptême de son fils. Ses parents sont venus pour l'occasion, d'autant plus que sa femme Käthe, est encore faible. Un ami, Braun, est aussi présent, une de ses relations, Anna, une jeune fille russe faisant des études en Suisse, arrive. Très vite, une relation forte va s'installer entre elle et Johannes, qui trouve en elle la stimulation intellectuelle dont il a besoin pour continuer son ouvrage de philosophie. Anna s'installe dans la maison des Vockerat, ce qui provoque rapidement une situation pénible, et des jugements moraux au sujet d'un éventuel adultère. Anna est poussée à partir, Johannes s'y oppose une première fois, mais ne peut que différer le départ de la jeune femme.

Il y a peu de véritable action dans la pièce, il s'agit plus de dialogues, qui précisent la position de chaque personnage, sa vision du monde, visions qui se révèlent irréconciliables. Après un très rapide départ de Braun et du père de Johannes, se dernier se retrouve avec trois femmes, très différentes, qui symbolisent trois manières différentes d'être femme à l'époque de la pièce. Mme Vockaret, la mère, très attachée à la religion, à une vision traditionnelle de la famille, et du rôle de la femme, essaie d'imposer à son fils une façon de vivre, basée sur des valeurs qu'il a rejeté, sans l'affirmer pleinement. Il a ainsi consenti au baptême de son fils, alors qu'il n'a plus la foi. Käthe, sa jeune femme, remet quelque peu en cause ces valeurs traditionnelles, elle envisage par exemple de travailler, mais elle n'a pas les ressources pour pouvoir réellement réaliser ce type de projets. Elle se sent très infériorisée, aussi bien par son mari, dont elle ne peut partager les aspirations intellectuelle, que par Anna, qui a choisi de faire des études supérieures. Elle somatise beaucoup ses frustrations, en pratiquant un peu une forme de chantage. Enfin Anna est la femme qui a choisi d'utiliser son potentiel, et qui se sent égale aux hommes, son apparition offre à Johannes la partenaire qui pourrait partager ses travaux et lui donner la possibilité d'aller au bout de son talent, et mettre sa vie en accord avec ses convictions.

Mais Johannes est un être faible, qui ne peut choisir, qui voudrait concilier l'irréconciliable. Il ne veut pas froisser sa mère, il a épousé Käthe, sans doute plus par convention que par véritable amour, même s'il a une sorte de tendresse pour elle et qu'il ne voudrait pas renoncer à elle non plus. Il n'est pas prêt à tout larguer pour Anna, et installe une impossible cohabitation, à laquelle il ne veut pas mettre fin, malgré son caractère malsain et potentiellement explosif. Il ne peut choisir, c'est finalement Anna qui prendra la décision de partir, sans doute un peu déçue par le manque de volonté de Johannes, qui sera anéanti, détruit, par ce départ, sans qu'il ait la force de réagir autrement que par l'auto-destruction.

Un auteur relativement oublié aujourd'hui, malgré son Nobel, ce qui est sans doute un peu dommage, car il a entièrement sa place entre Ibsen et Tchékhov.
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On est proche du théâtre d'Ibsen...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Johannes.
- C'est ce que disent les petits-bourgeois, Käthe. Elle a séjourné ici, elle est devenue notre amie, et maintenant les petits-bourgeois disent : il est temps de nous séparer. Je ne comprends pas ça. C'est cette maudite absurdité qui vient toujours vous barrer la route, qui vient toujours vous pourrir la vie.
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