C'était trop calme depuis un moment pour nos deux héros, ça ne pouvait pas durer. D'abord Griffon apprend avec tristesse le décès de Pa, mais comme ils étaient en froid depuis des années, ses parents refusant l'homosexualité de leur fils, en même temps que la nouvelle il lui est signifié qu'il n'est pas désirable aux obsèques. Peu de temps après il reçoit un courrier de son frère Jack, qu'il a retrouvé depuis un an, un artefact mystérieux est joint à la missive afin qu'il puisse le faire expertiser, ayant mis Whyborne à contribution celui-ci découvre qu'en plus de la révélation d'une civilisation immémoriale inconnue l'objet met en garde contre les Umbra, des monstres relégués derrière des sceaux magiques. Nos amis se lancent dans l'aventure en arctique afin de protéger la vie de Jack…
Nous retrouvons avec plaisir l'ambiance fin du XIXème siècle de cette série, cette fois nos héros, maintenant mariés, vont devoir partager l'univers frustre des chercheurs d'or en Alaska. À peine débarqué le "pauvre" Whyborne, plutôt habitué aux salles feutrées des musées, va réaliser qu'il va devoir faire face aux risques du scorbut et être obligé de dormir à quatre par lit en compagnie de bestioles indésirables, les joies des rudes pionniers, ce n'est pas vraiment pour lui !
La reconstitution du monolithe mystérieux tient ses promesses et bien plus, l'expédition montée par nos amis accompagnés de Jack, le frère de Griffon et de Nicholas, son associé va dévoiler des révélations inattendues, mais nos héros devront se surpasser s'ils veulent survivre au complot, aux traîtrises et au piège qu'on leur a tendu, les monstres ne sont pas toujours les plus évidents…
L'écriture est fluide, les personnages et l'atmosphère du milieu et de l'époque sont biens rendus, le scénario reste dans la logique de l'intrigue. de la magie, des monstres, des traîtrises, le tout enrobé de romance sans qu'elle soit invasive, un roman d'aventures qui satisfera certainement de nombreux types de lecteurs.
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Ival attrapa mon menton et fit pivoter ma tête, me forçant à le regarder.
— Quant à la stèle, il y a une explication parfaitement raisonnable. Les fragments ont été découverts en 1882. Tu aurais eu à l’époque, quoi, treize ans ? Tu as probablement vu un article dans un journal, que tu as depuis oublié.
L’explication était si sensée que j’eus honte de ne pas y avoir pensé moi-même.
— Tu as probablement raison.
— Bien sûr que j’ai raison. Quant aux rêves, je suis certain qu’il ne s’agit que de vilains tours que ton esprit te joue. Ils sont étranges mais n’ont rien d’aberrant.
Il me caressa délicatement la mâchoire de son pouce.
— Tu as subi quantité d’événements difficiles, et les découvertes de ton frère n’ont fait qu’empirer les choses. Mais tout ira bien. Tu es un homme bon, Griffon Flaherty, et je n’ai pas de mots pour te dire combien je t’aime.
Je le serrai fermement.
— Je t’aime aussi, Ival.
J’espérais qu’il avait raison.
Nous avions l’un comme l’autre attendu trop longtemps pour vouloir faire durer cela. Nous nous frottâmes l’un contre l’autre, nous embrassant et nous caressant, nous abreuvant de nos désirs, de nos goûts et de nos odeurs. Ses doigts glissèrent dans mes cheveux, les agrippant doucement. Il m’embrassa avec force. J’entrouvris les lèvres, le laissant investir ma bouche avec sa langue, alors que ses coups de reins frottaient son membre contre mon ventre. Il n’était que chaleur, passion et peau marquée par la magie, mon amant, mon époux, et le monde rétrécit jusqu’à ne plus contenir que le lit dans lequel nous étions. Toutes mes inquiétudes et mes chagrins, ma crainte que Jack découvre qui nous étions, que l’umbra s’avère trop puissante pour être vaincue, tout disparut. Il n’existait plus que cet instant et nous deux.
Je ravalai un cri lorsque je me déversai, nos échanges soudain trop intenses. Il renforça sa poigne sur mes cheveux, m’obligeant à le regarder alors que je me répandais entre nous. L’intimité de son geste me procura une dernière petite secousse de plaisir. Ses lèvres, enflées après tant de baisers, s’ouvrirent, et l’espace d’un instant je crus qu’il allait parler. Toutefois, il me tira vers lui, ses dents se refermant sur mon épaule pour étouffer son cri alors qu’il s’abandonnait à son propre orgasme.
Je me glissai hors des couvertures et escaladai maladroitement le géant à ma droite.
— Désolé, désolé, murmurai-je en espérant qu’il ne se fasse pas de mauvaise idée lorsque ma main tomba là où il ne fallait pas.
Je préférais garder toutes mes dents. Par chance, il se contenta de ronfler davantage, toujours plongé dans le sommeil, et de rouler sur le côté. Enfin libre, je trouvai mes bottes en peau de phoque, mes moufles en cuir d’orignal, et ma parka en sergé parmi l’amas de vêtements.
Je ne savais pas en revanche où je comptais aller. Peut-être pourrais-je prendre un verre au saloon en bas et prétendre m’assoupir à cause de l’alcool. M’y laisseraient-ils « cuver » sans m’importuner, sachant que j’avais déjà payé un lit ? Ou peut-être l’une des prostituées me laisserait-elle dormir dans sa tente si je lui payais son tarif habituel ? Faisaient-elles payer à l’heure ou à la séance ?
Je m’imaginai alors quelqu’un me surprendre alors que je sortirais de la tente d’une fille de joie et j’en eus l’estomac retourné. Peut-être ne valait-il mieux pas.
— C’est une ville, souffla Christine. La vois-tu, Whyborne ? Une cité !
Le monument de pierre verte faisait deux bons mètres et demi de haut, et près de la moitié en largeur. D’épaisses bandes de gravures marquaient le sommet et le bas de l’œuvre des deux côtés. Certaines d’entre elles constituaient des figures géométriques, répétées à intervalles irréguliers, là où d’autres étaient composées d’étranges groupements de points et de volutes. Entre les bandes de la face sud était gravé un bas-relief aux détails incroyables, représentant des montagnes... et une ville.
Les Tessons d’Eltdown dataient d’avant toute colonisation humaine connue des îles Britanniques, et cette stèle, enfouie sous trois mètres cinquante de boue et de graviers, devait assurément être très ancienne. En supposant qu’elle fût contemporaine aux Tessons d’Eltdown, elle devait précéder de beaucoup l’agriculture, et par conséquent, le concept même de ville.
— Je suis désolé que vous ayez été mêlé à cette affaire, Révérend.
Scarrow observa les alentours avec inquiétude.
— Je... J’ignore ce qu’il se passe exactement, dit-il d’une voix tremblante. Mais écoutez-moi, je vous en conjure. La violence ne résout jamais rien.
— La violence résout toutes sortes de problèmes, le corrigea Turner. Elle a permis au Blanc d’acquérir ce continent. Elle a permis à l’Angleterre de régner sur les mers. Elle a fait rentrer dans le rang les états du Sud, et elle remplit les coffres des hommes riches au point qu’ils puissent engager des armées de Pinkertons pour rompre les grèves. Si je me souviens bien de mes leçons d’histoire, la majorité de l’Europe a été convertie à votre religion à la pointe de l’épée, ai-je tort ? La violence résout donc un grand nombre de problèmes, si je puis me permettre.