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EAN : 9782354390723
AEncrages & Co (01/02/2015)
5/5   6 notes
Résumé :
Ces Sorrowful songs nous conduisent jusqu'à l'essence même de la vie. Il n'est plus question de joie ou de peine. La vie ne se divise pas, ne s'immobilise pas. Ils nous font entendre tout ce qui en nous se mêle pour nous emporter dans le mouvement permanent qui, du vif au trépas - & inversement -, nous mène dans la lumière blanche de l'amour qui nous transfigure.
Claude Chambard
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Publié dans la remarquable édition AEcranges & Co, le recueil Sorrowful Songs (Les chants plaintifs) est une nouvelle occasion pour moi d'apprécier encore un peu plus la très belle écriture de Deborah Heissler.
Le titre du recueil est directement inspiré de la Symphonie n°3 Opus 36 du compositeur polonais Henryk Gorecki. Cette oeuvre symphonique marquante, grave, aux motifs lents et répétitifs a été composée en 1976, en hommage aux victimes disparues de la Shoah.
C'est le même thème de la séparation et du deuil qui est au coeur des Sorrowful Songs de Deborah Heissler. Une femme prénommée Blanche s'est éteinte hier soir, c'est le regard de celui qui l'accompagnait dans ses derniers jours qui écrit. Poids de la disparition, de la solitude qui se répand. C'est aussi l'évocation de tout ce qui reste, de tout ce qui demeure dans le secret de l'instant, dans le matin d'hiver. Au dehors, le paysage recouvert de neige, c'est la nature qui continue de vivre à son rythme.

" Ce bleu. D'un seul trait égal et sans nuance.
Tendant à l'absolu. Énigme de l'herbe dans ta main.
Tu as gorgé mon oeil de basalte, soufflé la neige
sur mes pas. "*

Comme des mouvements musicaux, le recueil se décompose en trois parties, en trois chants : " Jardin – Elle endormie ", " Rien que le ciel ouvert ", " Chambre ou Te perdre ". Trois mouvements traversés par une silencieuse gravité et une délicate retenue. Une autre oeuvre musicale vient s'intégrer à l'écriture. Nommée, c'est une pièce pour piano, « Les pas sur la neige » de Claude Debussy. Comme le silence entre les notes, les mots résonnent dans les espaces, dans le vide des blancs.

" Tu – qui bat entre deux rythmes, juste amnésie
à la langue de nos désirs. Corps inclinés,
paupières closes.

Spasme lumineux du bleu sur la page contre le
soleil avant le jour. Creusement. Torsion de la
voix et tournant ainsi étreinte ; dans le milieu du
monde, rien que le ciel ouvert. "*

Dans l'écriture de Deborah Heissler, il y a toujours une douceur étrange, feutrée, une mélodie lente qui effleure l'imaginaire, la sensibilité et les souvenirs du lecteur. Chaque texte en prose fait naître une image, puis une autre, comme dans un rêve dont on ne revient jamais tout à fait, dont on n'a pas saisi la pleine signification. Cette part d'incertitude, presque d'égarement, est comme la condition de l'écriture chez Deborah Heissler. C'est ce qui me rend son oeuvre particulièrement attachante.


(*) extraits de « Rien que le ciel ouvert »
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La poésie, la musique, l'art pour dire la disparition de l'Etre aimé. de l'intelligence et de l'émotion.
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Dans son article paru dans la Nouvelle Quinzaine Littéraire, (numéro 1146, mars 2016) Sabine Huynh se souvient que, déjà, dans ses précédents recueils, Déborah Heissler amenait par touches impressionnistes (« les cendres en pincées, lyriques ») ce qui allait devenir les motifs essentiels de son oeuvre poétique : [le] jardin intime, désirable [...]. Sorrowful Songs [...] s'ouvre sur un tel « Jardin – elle endormie » et sur ce « triomphe » que cet apaisement représente, à l'encontre de la nuit, de la perte, de l'absence et du chagrin, que l'on ressent à la lecture de ces « chants de douleur » qui puisent leurs larmes au puits de la Shoah. Car c'est la "Symphony of Sorrowful Songs" – la "Symfonia pieśni żałosnych" ou "Symphonie no 3", dite des « chants plaintifs » – du compositeur polonais Henryk Górecki, hanté par les morts d'Auschwitz, qui donne [au] recueil son titre, sa tonalité triste, son tempo lento, sa forme ternaire (malgré elle, nécessairement) et ses mouvements : ceux, narratifs, de « Jardin – elle endormie » et « Chambre où te perdre », en ouverture et clôture, et celui, poétique, central, de « Rien que le ciel ouvert ».
Lien : https://www.nouvelle-quinzai..
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Sorrowful Songs de Deborah Heissler par Tristan Hordé sur Sitaudis.
Lien : http://www.sitaudis.fr/Parut..
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Note de lecture de Angèle Paoli sur le site Terres de Femmes
Lien : http://terresdefemmes.blogs...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Blanche

Ce bleu. D'un seul trait égal et sans nuance. Ten-
dant à l'absolu. Énigme de l'herbe dans ta main.

Tu as gorgé mon œil de basalte, soufflé la neige
sur mes pas.
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Je suis resté saisi à deux doigts d’elle, du bouquet d’ombre que les buis-sons depuis le jardin dandinent sur les murs, de la méridienne, des lettres, du presse-papier et de son journal — le poète s’adresse à sa femme —, ou d’autres passages réunis au fil des jours « Bribes de mondes égrenés qui explosent nus entre ses doigt ». (...)
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Toi rien, puis toi exactement. Plus rien de toi que
nous. Tu – à la chute du jour, non moins brûlante.

Trêve des corps précipités et bleus. Je ne sais ni
quelle étreinte, ni même l'image, qui pourraient
les prolonger.
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Ce n'était plus là ni son écriture, ni même sa main, chaque ligne avait trahi l'inscription de celui qui avait su lui dire "tu", infiniment, sous la lampe, alors que le jour décline.
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Vides ensuite, très vite, les heures creuses de la
nuit qui couvrent de confusion le silence profond
de quelques marteaux – Sensiblement. Fixement.
Sans maître désormais.
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Video de Deborah Heissler (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Deborah Heissler
"Comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe" (Cheyne éditeur, 2010) traduit en anglais et lu (en anglais et en français) par Sabine Huynh.
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