Epicure & l'économie du bonheur

Qu'Epicure ait pensé à la décroissance est peu probable, l'époque ne s'y prêtait pas, l'économie d'alors encore très locale et la population peu abondante ne mettaient pas les ressources naturelles en danger. Mais déjà se posait le problème de la richesse et de l'accumulation de biens inutiles par certains individus en quête de pouvoir, destructrice par bien des aspects. L'idéal philosophique du sage est alors de se contenter de ce qui lui est nécessaire, de vivre dans l'équilibre pour éviter la douleur, la richesse n'étant tolérée que pour aider à l'absence de cette dernière et non comme but en soi.

C'est à une leçon de sagesse que nous convient Epicure et ses disciples, Lucrèce et Diogène d'Oenoanda, pas forcément un retour à une vie primitive qui nierait les bienfaits de la technique, ni une résignation à la pauvreté, mais une société fondée sur d'autres valeurs que celle de l'accumulation, qui aujourd'hui engendre injustice sociale, angoisse et destruction de notre environnement. Une philosophie de l'amitié, du don, de la limite, du partage et de la raison qui nous ramène à la simplicité...et aux fondements d'une économie du bonheur.

Un petit livre intéressant bien que pas assez approfondi et sujet à controverse - la philosophie d'Epicure est une morale et pas une doctrine économique, mais qui donne une idée de ces auteurs venus de l'antiquité et nous propose quelques morceaux choisis en deuxième partie de l'ouvrage.
Merci aux éditions l'e Passager clandestin et sa collection Précurseur-ses de la décroissance ainsi qu'à Babelio pour cette lecture.

Petit livre efficace pour comprendre la raison de l'association d'Épicure à la décroissance malgré les deux mille et quelques années qui nous séparent de son passage sur Terre.

Épicure, il préconise de tout faire de façon mesurée pour atteindre l'ataraxie (qui veut dire "quiétude absolue de l'âme" si comme moi tu manques de vocabulaire).
Se contenter de peu pour ne manquer de rien.
S'il n'y a pas d'excès, il n'y a pas cette dépendance qui entache à coup sûr ton bonheur.
En résumé, de nos jours, on pourrait dire qu'avant toute prise de décision, il faut regarder la fameuse balance bénéfice/risque, et s'y fier.

Même s'il n'existe pas beaucoup d'écrits d'Épicure, au travers des écrits de Lucrèce, de Diogène d'Oenoanda, de Philodème, et des explications d'Etienne Helmer, il semblerait que cette philosophie soit assez simple à comprendre (je ne parle pas de la mise en application, c'est une autre paire de manches).

C'est toujours éclairant et instructif, un livre comme celui-là.

"Épicurien : Partisan de l'épicurisme. Qui ne songe qu'au plaisir, qui s'adonne aux plaisirs matériels ; sensuel."
Ou comment le sémantisme peut glisser et revêtir une connotation négative, associant, par la même occasion, dans l'esprit du peuple, l'homme à la base de cette philosophie à une facette sulfureuse totalement erronée.

C'est le grand intérêt de ce livre : remettre les choses en place et "réhabiliter" (s'il en était besoin) Épicure et sa philosophie du bonheur et des plaisirs (modérés). Ajoutons à cela la lumière faite sur un autre grand philosophe de ce courant : Lucrèce.
Le rapprochement avec la surconsommation contemporaine et les partisans de la décroissance est, à mon avis, utopique, car il faudrait se pencher bien plus en avant sur les nuances et détails de cette philosophie pour espérer en tirer des orientations tenables au quotidien.
Quoi qu'il en soit, la lecture de ce livre fournira au minimum un brin de sagesse et de raison à son public.
(Les citations et extraits en fin d'ouvrage sont bienvenus.)