Ce roman est assez étonnant au premier abord. Nous avons donc une histoire qui réunit plein de personnages différents: Marie, Steeve, Maxime, Marc, Charles, etc. Au premier abord, on pourrait croire que rien ne les relie et pourtant... L'auteur nous offre une mécanique bien huilée où chaque personnage trouvera une place précise dans l'histoire et deviendra un rouage de cette dernière, pour en faire un polar surprenant.
Tout commence avec Steeve. Alors qu'il en a marre de sa vie et qu'il rêve de prendre son envol et d'offrir de meilleures conditions de vie à sa famille, il va se lancer dans un projet totalement fou, de ceux qu'il ne faut même pas envisager tellement le risque est grand... Et alors qu'il ne dit rien des détails de ce dernier à sa femme, ni à ses enfants, et malgré ses craintes à elle, il va aller au bout engendrant des conséquences catastrophiques sur ses proches.
Marie c'est donc sa femme, celle qui ne sait pas de quoi il retourne, mais qui sent que son mari se lance dans quelque chose de dangereux et qui pourrait transformer leur vie oui, mais pas dans le bon sens du terme. Malgré ses tentatives pour lui faire changer d'avis, il va poursuivre son chemin. C'est alors qu'un engrenage implacable va se mettre en marche, car Steeve a mis les pieds dans un rouage qui élimine tout ce qui le bloque dès qu'il se met en route, quelque soit le grain de sable en question.
En ne voulant pas se contenter de la vie qu'il avait, c'est la vie de nombreuses personnes qu'il va modifier sans le savoir, les conduisant au coeur de l'enfer. Chapitre après chapitre, l'auteur nous emmène au centre de ce rouage perfectionné comme celui des montres à complications où chaque élément est en lien avec les autres pour permettre un fonctionnement optimal et complexe. C'est alors que toute l'intrigue va montrer sa force et que le lecteur va se retrouver face à une histoire tout bonnement incroyable et qui fait frémir.
Le seul mini hic? C'est que certains rouages mettent du temps à se mettre en route, ce qui casse un peu le rythme du récit en allongeant des échanges ou des situations qui permettent juste de connaître mieux les protagonistes sans forcément amener un plus réel au récit. Ces passages restent plaisants et sympathiques, mais j'aime mieux quand le récit conserve son rythme, surtout quand il est aussi bien mené que dans ce roman.
En bref, faites attention à vous, car une fois que vous avez mis un pied dans l'engrenage, il vous entraînera inexorablement avec lui!
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Ce pourrait être un roman policier. Il y a effectivement un crime et une enquête. Mais ce roman parle de beaucoup d'autres choses. Une vie de famille difficile, l'univers carcéral, la justice, l'injustice, les petits truands, les grands truands, la mort qui s'approche aussi.
Au fond, le projet de ce livre est, sur la base d'une intrigue qui donne envie de tourner les pages, de parler de ce qui concerne notre vie, dans tous ses aspects, du sourire à la tristesse.
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— Oui vous avez raison. Je crois que j’étais « normal ». Je veux dire avec un comportement normal. Et même, au sortir de la maison, juste là, juste après…tout ça…, normal aussi dans ma tête. Je crois que je marchais dans la rue sans penser à grand-chose. Presque soulagé.
— Soulagé ? Mais de quoi diable ?
— Soulagé que cet enchaînement se soit arrêté. De redevenir maître de mes actes. Une sorte de parenthèse s’était refermée. La vie, ma vie pouvait reprendre.
— Ce que vous dites là me semble plutôt un message que vous destinez au tribunal. Au fond, vous dites que vous n’y êtes pour rien, que ce n’était pas vous. N’imaginez quand même pas une excuse ! Vous réalisez que ce que vous avez fait parait à tous tellement atroce, tellement insensé que personne au fond n’a envie de repenser à tout cela.
— Moi non plus !
— Oui, mais cela, ce n’est pas possible. S’il y en qu’un qui n’aura pas d’autre choix que toute sa vie revoir cette scène, ce qu’il a fait endurer à ses victimes, c’est vous.
— Vous savez, je ne veux pas vous embêter, mais je ne revois pas grand-chose.
— Je ne suis pas sûr que votre humour soit à propos ! De toutes manières, rassurez-vous, cela va vous revenir. Le repentir n’est pas un sentiment du présent. Il faut d’abord que le temps emporte la chape que vous avez posée sur tout cela. Aujourd’hui, c’est à peine si vous avez conscience de l’horreur.
— Dois-je en avoir honte ?
— Vous voulez dire honte de ce que vous avez fait ?
— Non, honte de ne pas avoir réellement conscience de l’atrocité de mes actes. Ou bien seulement lorsque des gens me posent la question avec tant de force que je réponds surtout à leur attente.
— Finalement, en vous écoutant, je me dis que vous avez de la chance que la justice soit si lente dans notre pays. Si vous deviez vous présenter au tribunal comme vous êtes là, devant moi, votre cas serait vite expédié.
— De toute manière, tous me disent qu’il le sera. Ils ne chercheront même pas à comprendre.
— Que voulez-vous qu’ils comprennent ? Ils ne chercheront qu’une chose, vous effacer. Vous sortir d’un monde où vous les côtoyer. Faire en sorte que ne soyez plus classé.
— Bon, Ecoutez, cela ne va pas. Toute votre défense pour l’instant se résume à : il y a trop de preuves accablantes. C’est forcément un coup monté. J’admets que ce que vous dites concernant la manière dont le vrai coupable aurait pu procéder pour vous confondre tient la route. Ce serait crédible pour vous disculper si on avait le moindre soupçon sur quelqu’un d’autre. Si on avait un mobile.
— Mais ne parlez pas de mobile ! Je n’en ai pas non plus de mobile moi !
— Si. Cette femme qui se refuse à vous dans ce restaurant. Cette dispute.
— Mais voyons, on ne tue pas toute une famille pour ça !
— Sauf ce que j’appellerais « l’enchainement des choses ». Vous ne venez pas pour la tuer. La discussion tourne mal. Vous ne comprenez pas pourquoi elle réagit ainsi. Vous perdez vos nerfs et vous la tuez. Evidemment, vous ne voulez pas tuer les enfants, mais l’un d’eux entend du bruit, se réveille et débarque dans la pièce. Alors c’est à son tour. Pour ne pas qu’il crie. Et le troisième… Je ne sais pas pour le troisième. Il semblerait qu’il dormait… Bon mais enfin, et surtout, vous avez ce couteau avec vous.
— Je l’ai avec moi si c’est moi qui suis monté là-haut. L’assassin avait ce couteau dans les mains. Oui. Moi pas. L’assassin a caché le couteau dans mon appartement. Oui. Moi pas. L’assassin a mis des traces du sang des victimes dans ma salle de bains. Oui. Moi pas. Moi pas !
— Mais ne parlez pas de mobile ! Je n’en n’ai pas non plus de
mobile moi !
— Si. Cette femme qui se refuse à vous dans ce restaurant.
Cette dispute.
— Mais voyons, on ne tue pas toute une famille pour ça !
— Sauf ce que j’appellerais « l’enchainement des choses ».
Vous ne venez pas pour lui faire du mal. La discussion tourne
mal. Vous ne comprenez pas pourquoi elle réagit ainsi. Vous
perdez vos nerfs et vous la tuez. Évidemment, vous ne voulez
pas tuer les enfants, mais l’un d’eux entend du bruit, se réveille
et débarque dans la pièce. Alors c’est à son tour. Pour ne
pas qu’il crie. Et le troisième… Je ne sais pas pour le troisième.
Il semblerait qu’il dormait… Bon mais enfin, et surtout, vous
avez ce couteau avec vous.
— Je l’ai avec moi si c’est moi qui suis monté là-haut. L’assassin
avait ce couteau dans les mains. Oui. Moi pas. L’assassin a
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caché le couteau dans mon appartement. Oui. Moi pas. L’assassin
a mis des traces du sang des victimes dans ma salle de
bains. Oui. Moi pas. Moi pas !
« Tu sais ce que c’est une montre à complications ? C’est une montre d’une complexité extraordinaire. Il y a plus de mille pièces parfois. Chaque roue en met plusieurs autres en mouvement, à un rythme différent. Calculé bien sûr. Tout est calculé ! Elle te donne l’heure, les jours, les mois, les quartiers de lune, souvent les marées aussi, les heures de coucher et de lever du soleil … C’est ça une montre à complications. Ce que fait Paul, on peut dire que c’est aussi compliqué et aussi parfait qu’une montre à complications. Quand il s’est occupé de quelque chose, personne n’y voit plus que du feu»
J’ai toujours été étonné par cette capacité que l’on a de mettre de côté les pensées sombres pour ne voir que ce qui éclaire un peu.