Hermann Hesse fait partie des auteurs qui me suivent depuis des années. J'ai découvert Siddharta lors d'une période sombre, sur conseil d'un collègue. J'y ai découvert une oeuvre qui explore avec une rare finesse l'âme humaine et qui rejoint souvent mes préoccupations et ma propre expérience. Je n'en lis pas souvent, mais de temps en temps, sans que je sache pourquoi, il me semble évident que le moment est venu de retourner vers lui.
je me suis attelé à cet "homme qui voulait changer le monde", recueil de nouvelles écrites sur une période de plus de 40 ans. Autant dire qu'on y traverse son oeuvre de bout en bout. Si j'avais déjà lu "Robert Aghion" qui était également reprise dans "
Berthold", le reste fut une découverte. Il se dégage une vraie cohérence dans sa description de personnages déphasés dans une société sclérosée. Mais j'ai surtout été sensible à l'humour discret qui pointe dans ces pages.
De la description ironique des "élites" intellectuelles que fréquente "
l'homme qui voulait changer le monde" à la description cynique de la "ville touristique du midi" qui évoque les décors factices des lieux de villégiatures des plus riches, c'est pourtant l'étrange nouvelle "Si la guerre durait encore deux ans" qui m'a le plus étonné. Qualifiée de kafkaïenne dans la préface, j'y vois surtout une préfiguration de "1984" dans sa description d'un état de guerre permanent. Hesse y fait preuve d'une certaine clairvoyance.
Décidément un grand auteur.