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Edmond Beaujon (Traducteur)
EAN : 9782253062721
279 pages
Le Livre de Poche (29/06/2001)
3.9/5   15 notes
Résumé :
Trente et une nouvelles, écrites entre 1900 et 1953.
Mosaique somptueuse des thèmes obsessionnels qui traversent l'oeuvre de l'écrivain.L'attraction mystique qui se dégage de la nature, la brutalité des hommes en face d'elle, la perte de l'innocence au contact de la civilisation, la découverte de la mort, le monde imaginaire de l'enfance, ses peurs: chaque texte relate un moment de sa vie,, reprend un fragment de mémoire, réinvente une péripétie, un drame, un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Hermann Hesse a été un des grands potes de C. G. Jung. C'est la raison n°1 pour laquelle j'ai chopé ce bouquin. La raison n°2, c'est que j'avais déjà lu « le loup des Steppes », qui avait bien valu le détour. La raison n°3, c'est qu'il faut bien lire quelque chose.


Comme tout recueil de nouvelles, celui-ci n'échappe pas à la règle de l'anecdotique. Quand on lit, ça ne fait pas trop d'effet, mais quand on y repense plus tard, c'est comme n'importe quel événement de nos vies quotidiennes : le souvenir le rend un peu mieux. On se dit : ah ouais, y avait quand même ça, et tout, alors que ça avait l'air un peu con et bouseux au départ. Oui, vraiment comme la vie je vous dis.


Pour vous dresser un peu mieux le tableau, Hermann Hesse raconte des histoires qui mettent souvent en jeu l'intériorité d'un personnage plutôt décadré, hors-sujet, un peu bâtard sur les bords, habité par la magie de la Nature, ce que d'aucuns nomment Dieu. Essentiellement lu dans le tramway vers 6h du matin à la sortie du réveil, ce recueil colle bien avec l'émergence extra-hypnotique du domaine onirique. On lit en dormant à moitié, on en retient un petit truc, et ça infuse doucement jusqu'à ce que le froid du dehors vous happe. Trop cool.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
La réalité, dit Hesse, est une chose ennuyeuse, le "résultat d'un hasard", le déchet de l'existence. Ses livres seront donc des pièces à conviction apportées contre la réalité. Car Hermann Hesse est un rêveur actif. Un réfractaire au "tu dois". Dés son adolescence, il s'emploie à faire échouer toutes les tentatives d'embrigadement par la réalité. Dans Souvenirs d'un Européen, qui rassemblent des nouvelles écrites tout au long de sa vie, entre 1900 et 1953, Hermann Hesse décline, à travers quelques textes autobiographiques, toutes les figures de la rebéllion adolescente. L'apprentissage est la meilleure scène où puisse parader un insoumis. Hermann Hesse se souvient qu'il apprit à être horloger, commis de librairie, qu'il étudia même la mécanique, mais chaque effort qu'il fit pour s'insérer dans la vie le confortait davantage dans l'idée de s'éloigner de la réalité et de refuser à faire de lui-même un être socialement utile.
Il se veut "fileur de rêves" et pour montrer qu'il ne sera jamais une recrue docile, il s'applique à convertir la réalité. Dans les Souvenirs d'un Européen, il va à la pêche de petites gens -le colporteur, le tenancier de bazar, le nettoyeur de "petits coins" - et, le temps d'un séjour dans le ventre d'une baleine, en fait des personnages pleins d'une inquiétante étrangeté : "La réalité est pareille à un éclair qui tressaille, emprisonné dans chaque pierre, la ville une ville, la beauté n'est que belle, l'ennui ennuyeux."
Ce fileur de rêves n'est pas pour autant un mâchouilleur de naivetés. S'il s'entraîne à refuser la réalité, c'est parce qu'il connaît trop bien la "mélodie frelatée de la vie". Pour ce lecteur de Schopenhauer, de Dostoievski et de Hamsun, le monde est à l'image de la statuette hindoue qui dans edans l'armoire aux trésors de son grand-père : tout à la fois un objet merveilleux et une présence avide de sang, railleuse et méchante. La magie a son envers : la folie, que Hesse explora avec la minutie d'un voyageur délinquant. (...)
Il faut aussi abandonner toute raison avant d'entrer dans ces Souvenirs d'un européen que Hesse définit comme un mélange de spirituel et d'instinctif, de chaotique et de sublime. c'est la folie de l'homme seul qui se défend de la masse. C'est la folie solitaire, cultivée dans une serre, en haine du "gras" et prospère élevage du moyen, du médiocre, et de l'ordinaire". Ces textes écrits tout au long d'un demi-siècle sont le manifeste d'un résistant : la folie du magicien contre la rumeur démente qui monte de la foule. Dès 1929, Hesse n'a plus aucun doute : le temps est sorti de ses gongs, les années à venir sont déments.
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Il entendit un puma parler à son petit et lui tenir des propos pleins de dignité et de sagesse pratique, comme il est rare d’en entendre parmi les humains. Il entendit une belle panthère exprimer en termes aristocratiques, brefs et mesurés, son sentiment sur la racaille des visiteurs du dimanche, il regarda en face le lion à la crinière blonde et découvrit dans son regard l’étendue et l’admirable beauté de ce monde sauvage où il n’y a point de cages ni d’êtres humains. Il vit un faucon crécerelle sombre et fier, figé mélancoliquement sur sa branche morte, des geais supporter décemment leur captivité, avec des haussements d’épaules pleins d’humour.
Abasourdi, arraché à ses modes habituels de penser, Ziegler, dans son désespoir, se tourna de nouveau vers les hommes. Il quêta un regard qui pût comprendre son angoisse et sa détresse, il écouta les conversations dans l’espoir d’y surprendre un quelconque réconfort, un peu de compréhension, de bienveillance, il observa les faits et gestes des nombreux visiteurs pour tâcher de découvrir, chez eux aussi, une trace quelconque de dignité, de naturel, de noblesse, de tranquille supériorité.
Mais il fut déçu.

[Un nommé Ziegler]
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Il avait été trompé, dupé sur toute la ligne ! Il avait lu, il avait tourné des pages, il avait dévoré du papier et là derrière, par-delà l’infâme muraille des livres, il y avait eu la vie, des cœurs s’étaient enflammés, des passions s’étaient déchaînées, le vin et le sang avaient coulé, il y avait eu des amours et des crimes ! Et il n’avait rien entendu de tout cela, il n’avait participé à rien, il n’avait rien eu en mains, rien d’autre que de minces ombres plates et du papier, rien que des livres !

[L'homme aux livres]
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Où était donc la vie, pensai-je, où était la réalité ? Etait-elle auprès de ces belles et silencieuses poupées, qui allaient leur train, là-bas, qui vivaient à l’intérieur d’une existence assurée faite d’une succession de journées toujours pareilles ? Etait-elle auprès des Balmelli, dans le calme plein d’ardeur du travail intellectuel, dans la consécration à l’esprit ? Etait-elle chez moi, dans le lointain grondement souterrain de la fatalité qui retentissait depuis longtemps déjà autour de moi, dans cette attente angoissée et brûlante devant un rideau qui ne s’est encore jamais levé ? Elle n’était nulle part et pas davantage chez Frau Lisa, ni chez la jolie Rebecca. La réalité est pareille à un éclair qui tressaille, emprisonné dans chaque pierre. Si tu ne suscites pas cet éclair, la pierre reste une pierre, la ville, une ville, la beauté n’est que belle, l’ennui ennuyeux et tout reste plongé dans le rêve que font les choses jusqu’à ce que toi-même, par le courant fiévreux de ton énergie, tu les submerges en déchaînant sur elles l’orage « Réalité ».

[Le verre magique]
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Dans l’oppression et la profonde angoisse d’une époque pleine de vicissitudes, j’étais d’autant plus disposé à écouter n’importe quelle voix magique. Naturellement, je le savais fort bien, toute voix émanant d’un esprit et qu’il me serait donné d’entendre ne serait jamais que l’écho renvoyé par mon propre monde intérieur.
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Après "Bienvenue au club", le CNL en partenariat avec Public Sénat, met en avant les conseils des lecteurs en leur donnant la parole dans l'émission #LivresetVous. Une nouvelle chronique à ne pas manquer tous les vendredi à 17h30.
Que peut nous apprendre la philosophie au quotidien?Pour répondre à cette question Guillaume Erner est accompagné de Géraldine Mosna-Savoye et d'Emmanuel Kessler. Cette semaine, David, étudiant et membre du club de lecture de l'université d'Orléans, répond au thème de l'émission en convoquant « Siddharta » de Hermann Hesse, et «l'insoutenable légèrté de l'être » de Milan Kundera.
Une émission présentée par Guillaume Erner, en partenariat avec France Culture.
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