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EAN : 9782848763088
318 pages
Philippe Rey (10/05/2013)
3.72/5   25 notes
Résumé :
Un matin de janvier 2010, Peter Jacobs, journaliste et écrivain vivant à Londres, débarque à Alfredville, sa ville natale, qu'il a quittée il y a plus de vingt ans. Curieux de voir ce qu"est devenu, depuis la fin du régime d'apartheid, ce gros bourg au coeur du Little Karoo, l'une des provinces les plus Afrikaners d’Afrique du Sud. Mais attiré surtout par l’idée d’écrire une série d’articles sur l’assassinat de sa cousine, Desirée. Désirée, une belle jeune femme, di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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C'est sûr, il va écrire un bon papier sur l'Afrique du Sud post apartheid, Peter Jacobs. Il a même trouvé un fil conducteur intéressant : le meurtre de sa cousine Désirée, une femme blanche comme lui, assassinée par son mari noir. C'est du moins ce qu'affirment la police et la population blanche. Peter arrive de Londres et prend une chambre d'hôtel dans sa ville natale, Alfredville, après plus de vingt ans d'absence . En bon journaliste, Il a bien analysé ce fait divers à travers les récits de sa mère et les informations glanées sur internet. Personne dans ce gros bourg où tout le monde s'épie, n'a pu accepter le mariage entre un flic noir Hector Williams et une belle femme blanche qui portait bien son nom. Tout ça, c'est Othello, un beau titre pour son futur article.
Pendant dix jours il va rencontrer les différents protagonistes de cette sordide histoire afin de consolider son hypothèse. Dix jours qui vont le remettre complètement en question. Tout le monde s'arrange avec les apparences et lui-même avance masqué ne dévoilant ni son homosexualité ni son projet éditorial sur un évènement qui divise la ville. La chaleur et l'ambiance sont étouffantes. Au fil des rencontres, il retrouve des personnes de sa jeunesse comme son meilleur ami à l'école, Bennie, devenu flic… chargé de l'enquête. Peter est un homme en rupture, rupture amoureuse, rupture d'identité. Lui qui venait en simple spectateur, il se retrouve pris au piège car tout le monde le charge de faire surgir la brûlante vérité. Une dangereuse patate chaude dont il ne sait plus quoi faire. Seule, Nonyameko, la jeune psychologue noire rencontrée dans un café sera l'aider à avancer.
« Un passé en noir et blanc » n'est pas un roman policier au rythme haletant vous l'aurez compris mais le difficile cheminement d'un homme de retour dans son pays, ses terribles constats sur le racisme encore omniprésent en Afrique du Sud et une fine analyse de la douleur de l'exil qui ne permet de se sentir vraiment chez soi, ni dans son pays d'origine, ni dans son pays d'accueil. Les vérités poisseuses qui collent au roman laissent un goût amer au lecteur, un roman que j''ai lu avec un grand plaisir. Je remercie chaleureusement les Editions Philippe Rey et Babelio dans le cadre de Masse critique pour cette belle découverte.

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Peter Jacobs, un Blanc, journaliste indépendant expatrié depuis vingt ans à Londres, décide de revenir sur sa terre natale, l'Afrique du Sud.
Nous sommes en 2010, soit une quinzaine d'années après la fin de l'apartheid.

Ce qui pousse Peter à regagner Alfredville, son patelin d'origine, ce n'est pas la nostalgie, mais bien le meurtre de Désirée, sa cousine. Celle-ci, perdue de vue depuis nombre d'années, mais dont il avait des nouvelles via sa mère restée au pays, a pour assassin présumé Hector Williams, son époux, flic et noir de son état... Peter voit là l'occasion de faire un bon papier, en dressant un portrait sociétal sur la symbolique à portée raciale de ce meurtre dans une Afrique du Sud qui peine à créer une véritable unité entre les peuples.
Mais Peter va progressivement se voir engluer dans cette histoire qui le dépasse et surtout, qui prendra une tournure inattendue et nettement plus personnelle...

Peter est le narrateur de cette histoire dont les chapitres s'écrivent à la manière d'un journal. le ton est décontracté et il y transpire un certain humour. C'est véritablement plaisant à lire et l'enquête journalistique sur ce meurtre vient attiser notre intérêt, d'autant que l'on va de révélations en révélations.
On quitte petit à petit ce ton plutôt badin pour une tension allant crescendo, jusqu'au final, aussi théâtral que dramatique...

Le mélange des genres m'a beaucoup plu. On oscille entre une certaine légèreté et une vraie profondeur; entre enquête criminelle et chronique douce-amère; entre regard distancié sur les tensions raciales encore prégnantes et l'immersion dans l'intimité des protagonistes sous l'oeil souvent ironique de son narrateur; sans oublier l'émotion très présente à la fin.

Une belle lecture d'été, dans la moiteur torride de l'Afrique du Sud, qui se lit avec facilité et plaisir, sans sonner creux.
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Une cousine assassinée ramène un journaliste free lance chez lui en Afrique du Sud. de Londres à Alfredville où rien, semble-t-il, n'a changé. Pourtant...
Pour Peter Jacobs, ce crime est prétexte à écrire un papier sur ce pays après apartheid, encore en mutation, semblant avoir énormément de difficulté à se débarrasser de ses préjugés raciaux et autres. Un pays marqué par la violence, la corruption, la quête d'une identité propre. Mais, au fil des rencontres que fera Jacobs, au fil de son "enquête" (attention ce n'est pas un thriller à proprement parler), il s'apercevra que le coupable n'est peut-être pas celui que l'on va mettre en prison. C'est un "vrai" tableau, sans complaisance d'une société embrouillée, arc-en-ciel, au prise avec sa mixité et qui doit composer et apprendre à vivre ensemble. Certains éléments de la fin m'ont surprise et d'autres se laissent aisément deviner. Mais cela n'enlève rien à la complexité des personnages de Michiel Heyns, ils sont denses, ils sont déstabilisés par le contexte social, ce sont des survivants. Une histoire qui se laisse lire et qui m'a charmée par ce que j'y ai appris de cette société sud-africaine voulant le changement et y résistant tout à la fois. Une très bonne lecture.
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Petere Jacobs, journaliste free lance, sud-africain qui vit à Londres, revient à Alfredville, ville de son enfance quittée vingt ans plus tôt pour échapper à la conscription. L'objet de son retour est l'écriture d'un article sur l'assassinat de sa cousine Désirée pendant la période post-apartheid.
Peter mène l'enquête. Il rencontre et questionne des proches,des policiers, des témoins, des "noirs", des "blancs". Tous ont leur idée, souvent préconçue, en fonction de la couleur de peau du suspect. Il se retrouve dépositaire de témoignages qui disculpent ou incriminent tel ou tel. Doit-il faire part, à la justice ou à la police de ce qu'il a appris. C'est un cas de conscience, dont la chaleur étouffante ne fait qu'accentuer le mal-être de Peter.
L'auteur nous décrit la société sud-africaine post-apartheid à travers ce roman. L'apartheid, officiellement abrogée, demeure dans l'esprit de tous. Les différentes communautés ne coexistent pas encore pacifiquement, sereinement.
Sans être un thriller, ce roman a du rythme. Il est bien construit. Je l'ai lu avec plaisir.
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Je ne commencerai pas cette critique par un nième résumé, tout est dit sur la 4ème de couverture...
En revanche, je vais vous dire combien j'ai apprécié ce roman et essayer de vous faire partager les aspects qui m'ont le plus touchée.
De nombreux thèmes jalonnent cet ouvrage. le contexte post-apartheid de l'Afrique du Sud en est un, il m'a paru suffisamment bien décrit sans être pesant sur le déroulement de l'histoire, juste bien dosé pour apporter les éclairages nécessaires.
(Des plus grands connaisseurs de ce pays que je ne le suis y trouveraient peut-être à redire...)
L'enquête en elle-même est également bien menée même si (ou justement parce que) le rythme et le point de vue ne sont pas ceux d'un thriller.
Les personnages sont travaillés et complexes, sans caricature autre que celle des préjugés du personnage principal.
Cependant, l'aspect qui m'a le plus marqué, la sensation qui perdure le plus longtemps après avoir refermé le livre, c'est le côté universel de l'introspection pour qui se retrouve face à son passé. Qui avons-nous vraiment été pour l'autre ? Quelles influences réciproques avons-nous eu l'un sur l'autre ? Qui serais-je devenu si j'avais fait d'autres choix ? Mes sentiments aujourd'hui sont-ils les mêmes ? Vais-je les retrouver intacts ou tout ce que nous avons partagé va-t-il s'envoler en fumer ?
Aurais-je dû revenir ?
Tous ces ingrédients sont dosés juste ce qu'il faut pour vous faire passer un très agréable moment de lecture. Si je retombe sur un autre ouvrage de Michiel Heyns, je crois que je me laisserai tenter.
Merci Masse Critique !

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
[...]
- Moi non plus, ma vie n'est pas ici, monsieur. Mais je pense que nos devoirs ne se limitent pas notre arrondissement. Que notre jardin est partout, comme voulait dire Voltaire. Je crois que vous connaissez votre devoir. Vous êtes un homme de bien."
Je suis stupéfait. C'est la première fois que je rencontre un garçon de voitures familier de Voltaire. Plus déconcertant encore, m'entendre traiter d'homme de bien. Je ne pense pas que cela me soit déjà arrivé. C'est le fardeau le plus lourd qu'on m'ait jamais donné à porter.
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Jouissaient de l’hospitalité du Queen’s, ou du moins en bénéficiaient, les représentants de commerce de tout poil qui sillonnaient cette partie du Petit Karoo, appelée aussi le Ghanta, avec Alfredville pour chef-lieu. Qualifier Alfredville de métropole serait abusif, mais lorsque j’y vivais la cité faisait très seigneuriale comparée à ses voisines Barrydale ou Riversdal. On y trouvait la Coopérative du Ghanta, où les vignerons (en réalité de simples fermiers cultivant la vigne) apportaient leur récolte – le pinot du Ghanta connut une brève période de célébrité, après avoir été qualifié par le Guide John Platter de « meilleur vin de sa catégorie » pour l’année 1988. Elle abritait aussi les services publics de la région – y compris l’essentielle Direction des routes qui délivrait les permis de circulation des tracteurs –, situés dans le deuxième plus imposant bâtiment de Victoria Street, la rue principale – le premier, et de loin, étant la blanche église hollandaise réformée, défendue par un canon de la guerre des Boers, canon boer pris par les Britanniques, ou canon britannique pris par les Boers, je ne l’ai jamais su.
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Le crachin ininterrompu et les crépuscules précoces d'un janvier londonien rendaient séduisante la perspective de vastes espaces lumineux, d'une chaleur rayonnante et sèche - mais quatorze heures par jour, c'est légèrement excessif. Néanmoins re-bonjour à l'Afrique, où le légèrement excessif constitue la norme. Pour la modération, voyez l'Angleterre, la Hollande, la Scandinavie, les démocraties nordiques, protectrices, adultes et productrices de fromages, qui ont conclu un marché avec l'Histoire et n'ont plus à craindre que la délinquance de leur jeunesse qui s'ennuie et le ressentiment grognon de leurs vieux dont on se désintéresse. Ici, c'est l'Afrique, qui n'a pas fini de régler ses comptes avec l'Histoire, aux prises avec la chaleur et la sécheresse, les inondations et la famine, qu'elle affronte avec le même stoïcisme et la même inefficacité que tous ses autres malheurs.
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Tel était le Queen’s Hotel en 1988. Maintenant, quelque vingt ans plus tard, je le découvre transfiguré, si c’est bien le terme qui convient. À commencer par sa couleur dominante, que j’avais entendu qualifier de puce dans un bar chic de Camden Town. Dans l’alignement des façades blanchies à la chaux, l’hôtel fait le même effet qu’un cri dans un couvent de femmes. La véranda victorienne – construit à la fin du dix-neuvième siècle, l’hôtel fut très fréquenté par des officiers britanniques, venus de Cape Town en permission d’adultère, puis réquisitionné comme quartier général pendant la guerre des Boers – existe toujours, agrémentée de bacs à fleurs – des cascades de pétunias roses et blancs. L’ensemble échappe à toute classification, en période ou en style, à moins d’accepter la catégorie kitsch-rétro.
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L’Afrique du Sud – qu’en dire ? Le pays semble se débrouiller, les routes sont en état convenable, du moins celles qu’on ne défonce pas pour les reconstruire, Coupe du monde oblige, mais les conducteurs sont toujours aussi épouvantables. À en juger par la conversation de mon voisin dans l’avion, un type qui travaille dans une société de Stellenbosch, ville universitaire haut de gamme qui plastronne un max, la moindre anicroche dans une transaction conforte les Blancs dans leur conviction, à peine dissimulée, que les Noirs (dénommés eux) sont incapables de diriger un pays. Autant que je m’en souvienne, ils – c’est-à-dire nous – ne faisaient pas beaucoup mieux quand ils (nous) étaient en place. Seigneur, même les pronoms suscitent la confusion dans ce pays.
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