Le sourire du clown, Tome 2

La cité des Hauts-Vents est en émoi. Nombre de tragédies humaines et sociales sont venues perturber ce quartier pourtant si calme en temps normal. Après l'assassinat du clown Clock pendant une émeute, on a retrouvé le jeune Rachid pendu au toit de l'immeuble. Malheureusement, tout accuse Djin, les deux amis venant juste de se disputer. Toujours muet depuis le terrible accident au cours duquel sa maman a tué le clown Groko, celui-ci ne peut guère se défendre. Pourtant, le réveillon de Noël approche et tout le monde aspire à la tranquillité. Djin, quant à lui, s'est réfugié dans la roulotte des clowns, laissée dans la cité. Mais la police a vite fait de mettre la main sur lui. Malgré la présence de nombreux agents, les jeunes de la cité sont venus en renfort pour défendre leur ami. A coup de bombes lacrymogène et de riposte de part et d'autre, c'est la cohue. le commissaire est brûlé et Djin en profite pour s'enfuir. La situation s'envenime encore, de nombreuses barricades bloquent tout véhicule voulant entrer ou sortir... le curé, quant à lui, semble toujours avoir la mainmise sur les gens...

Avec une multitude de personnages énigmatiques, notamment le curé, touchants ou inquiétants, Luc Brunschwig nous plonge en plein dans cette cité où les esprits chauffent. Et pour cause... le curé n'est visiblement pas revenu pour de nobles causes, sauf celle qui le sert. Un véritable complot armé prend racine, incluant de nombreuses personnes. le mal et la violence règnent dans ce climat oppressant et alarmant. L'on ressort de ce deuxième tome avec tout autant de questions que lors de la lecture du premier. Avec cette chronique sociale et urbaine, à la fois passionnante et riche en rebondissements, l'auteur dépeint une société mal en point. Les couleurs directes aux tons pastel sont du plus bel effet. le dessin de Laurent Hirn est saisissant et les décors neigeux glacials.

Le sourire du clown... contagieux?

J'ai un drôle de sentiment vis-à-vis de ce deuxième tome, qui est pour moi le moins bon des trois.

J'ai adoré la mise en place du premier volet et la conclusion du dernier, mais celui-ci me laisse une impression bizarre. Il y a tout d'abord cette guérilla urbaine qui isole totalement la cité des Hauts-Vents et modifie radicalement le ton de cette chronique sociale. Mais il y a surtout cette impression que l'auteur veut dévoiler des choses, mais se retient pour le tome suivant. On a un peu le sentiment que l'auteur a oublié d'enlever le frein à main au moment de prendre la route. Et même si on en apprend plus sur les origines des évènements, sur les liens qui unissent les personnages et sur le passé du petit Djin, cette retenue laisse le lecteur sur sa faim. de plus, malgré la maîtrise narrative de Brunschwig ("Vauriens", "L'esprit de Warren", "Le pouvoir des innocents", "Makabi", ...), les sauts temporels fréquents demeurent assez perturbants et demandent beaucoup de concentration de la part du lecteur.

Mais, malgré ces quelques défauts, le scénario reste de qualité, tout comme le graphisme envoûtant de Hirn. Un dessin à l'aquarelle somptueux aux couleurs pâles et alternant lumières et ambiances sur un papier épais qui nous plonge dans l'univers explosif des banlieues.

Un tryptique qui prend place au coeur d'une cité HLM perchée, isolée, crainte et évitée, en banlieue de Strasbourg (s'il est question d'émeutes de cité, d'embrasement et de voitures brûlées, ce n'est que pas un malheureux hasard : le 1e tome sortait au moment des évènements de la fin 2005, quand "Paris brûlait"...). Au fil des tomes, les morceaux des évènements passés et présents se reconstituent, on comprend les trajectoires des personnages, l'histoire de Djin, de sa mère, des anciens employés de l'usine, du père Desternod (aux allures du Corcovado de Rio de Janeiro) et son entourage, un religieux qui manie tout de même les armes à feu...

Il est certes question de sourire et de clown dans le titre de cette trilogie, mais il ne faudrait pas se tromper : l'histoire est sombre. Et complexe. le scenario de Luc Brunschwig impressionne par sa richesse et son originalité. Et quand l'hiver vient, ce sont les couleurs de la neige bleutée éclairée par l'église des Hauts-Vents qui participent de l'ambiance glaciale et feutrée.
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Vivement la suite qu'on comprenne le passé de cet étrange curé qui s'impose dans la cité.
Parfois compliqué avec des allers-retours vers le passé mais l'intensité dramatique du récit est puissante et on ne décroche pas une seconde.

EXTRAIT "Pour ce deuxième tome, Luc Brunschwig met encore plus la pression sur ses personnages. Il est particulièrement doué pour créer des ambiances malsaines, dérangeantes. En l'occurrence, c'est le personnage du curé, qui cristallise ce « mauvais esprit ». Il cache de nombreuses choses, c'est certain, et on ne saurait dire pour l'instant ce que sont ses buts. "
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