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EAN : 9782226468925
304 pages
Albin Michel (17/04/2024)
4.31/5   8 notes
Résumé :
Les Echota, une famille indienne d'Oklahoma, restent profondément marqués par la disparition de Ray-Ray, le fils adolescent tué au cours d'une fusillade avec la police. A l'approche du quinzième anniversaire de sa mort, tous les membres de la famille sont confrontés au monde des esprits.

Il y a quinze ans, victime d’une bavure, un adolescent amérindien mourait sous les tirs d’un policier. Submergée par le chagrin, sa famille se délite. Maria, sa mère... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Voilà un titre bien trouvé pour cette immersion lumineuse dans la vie d'une famille amérindienne de nos jours, un titre explicite qui renvoie à la forme polyphonique de ce premier roman traduit en France de Brandon Hobson, mais aussi sur le fond en faisant écho au lointain et aux ancêtres cherokees de la famille Echota, leur culture et aussi leur malheur.

Et de malheur il en sera question, celui des Echota ayant perdu Ray-Ray en pleine adolescence motorisée un 6 septembre il y a quinze ans – le jour même de la commémoration de « La piste des larmes » pour les cherokee – par simple balle perdue par la police, sans reconnaissance par la justice mais avec des traînées de traumatisme chez les Echota.
Edgar gardera le souvenir flou d'un grand frère avec qui il jouait à construire des châteaux en légo, lui qui aujourd'hui éprouve « une sensation de transparence et d'isolement, une sensation de désir, un étouffement de son âme », sûrement à l'aune de son addiction à la meth. Éloigné de sa famille pour vivre avec Désirée, surnommée Rae en souvenir de son frère, il est attendu pour célébrer les « feux de joie » en souvenir de Ray-Ray.
Sonja avait 16 ans à l'époque et se souvient mieux de son frère imitateur et intrépide, elle qui préférait s'isoler en écoutant Joy Division, qui voudrait aujourd'hui être comme Colette pour ne pas se « soucier du regard d'autrui » en s'intéressant à un garçon plus jeune qu'elle.
Les parents sont sur le point d'accueillir Wyatt, la mère intervenante sociale au foyer local se démène pour ce jeune en instance de décision juridique sur sa vie future, un jeune aux accointances troublantes avec le regretté Ray-Ray, prêt à raviver la mémoire aliénée du père comme s'il lui avait « saupoudré sur la tête quelque chose d'angélique et d'invisible ».
Mais au milieu de ces voix du présent s'inviteront aussi celles du passé comme autant de guides aux fils invisibles mais sensibles, Tsala en particulier, des voix en écho de l'exil communautaire sur « la piste des larmes ».

La collection « Terres d'Amérique » prend ici les accents sensibles d'une culture indienne dans ce magnifique roman sans fioriture ni extravagance et pourtant difficile à lâcher, à la lecture fluide qui fera résonner les échos d'une forme de sagesse. Loin d'être plombé par l'injustice et le racisme larvé, il s'élève au niveau d'une aura cherokee en entremêlant voix actuelles et voix passées, en bousculant nos réflexes binaires de vie et de mort pour y semer des graines de métempsycose ou d'animisme, en ne manquant pas de nous émouvoir, nous attrister et nous éblouir à la fois. On en redemande.
Merci à la collection Terres d'Amérique de nous transmettre ces pépites !
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Le titre de ce roman de Brandon Hobson, « Dans l'écho lointain de nos voix », est à l'image de la beauté de ce texte qui est absolument sublime. le style d'écriture de ce roman choral est à souligner tant il est transcendant, incandescent, il souffle sur les braises encore chaudes, celle du peuple amérindien, de son histoire faite de drames épouvantables commis par les Etats-Unis pour les chasser et s'accaparer leurs terres. Il y a plusieurs voix dans ce texte : la première concerne une famille amérindienne ayant perdu, quinze années plus tôt, un fils, Ray-Ray, assassiné froidement par un policier et dont ils peinent à se remettre. Il y a Maria, la mère confrontée à la maladie d'Alzheimer de son mari et au deuil de son fils; mais aussi Sonja, la soeur, et Edgar le cadet souffrant d'addictions à la drogue. Malgré ce poids difficile à supporter, Brandon Hobson insuffle à son texte énormément d'humanisme et d'amour. La lecture prend une dimension mystique avec les voix des ancêtres amérindiens, cet écho lointain dont parle le titre du roman. Ils sont bien présents et participent par des apparitions animales à procurer des messages de l'au-delà, expliquant ici, la dimension spirituelle de chapitres extrêmement beaux. En creux, la question du racisme et l'ostracisation dont sont victimes encore aujourd'hui les amérindiens. La thématique du deuil est exprimée avec beaucoup de justesse et de tact, tout comme la maladie et la dépendance aux drogues. Rien n'est simple mais Hobson ne tombe jamais dans le pathos, aucun élément de la partition n'est surjoué. L'auteur est en empathie avec ses personnages et cela rend cette lecture profondément mélancolique, mais aussi pleine de sentiments d'affection, d'amour. Un vent d'optimisme souffle, on ne subit pas ici, on réagit même face aux écueils de la vie ou de l'histoire. le parallèle fixé entre les souffrances des peuples amérindiens et la colère légitime de cette famille face au crime raciste dont fût victime leur fils, est extrêmement bien amené. Rien n'est surjoué, tout est juste, dans le bon ton. le cri face aux injustices et ce pouvoir des esprits à travers le personnage de « Tsala » qui transmet les principes philosophiques de la vie des ancêtres amérindiens, qui malgré les souffrances endurées, sont demeurées debout. L'arrivée d'un jeune garçon, Wyatt, chez Maria et son mari, qui sont famille d'accueil, réveille les souvenirs. Wyatt leur rappelle Ray-Ray, leur fils disparu. A son contact, la maison revit à un point tel qu'il en demeure troublant pour Maria. J'ai trouvé ce roman profondément sensible, sublime dans ce qu'il exprime de la nature humaine, de l'histoire d'un peuple, une véritable réflexion métaphysique qui prend le lecteur à témoin afin de ne jamais oublier ce qui fût, et dans un même élan de se projeter dans ce qui sera, sans omettre ce qui est aujourd'hui encore la réalité de la condition amérindienne aux Etats-Unis. Un coup de coeur total. Mon roman préféré de cette année.
Lien : https://thedude524.com/2024/..
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Ce roman DANS L'ECHO LOINTAIN DE NOS VOIX est construit autour de la perte d'un fils dans une famille Cherokee. 

Au travers des pensées de Maria la mère, Sonja la soeur et Edgar le frère, chacun leur tour, l'auteur BRANDON HOBSON, évoque par les souvenirs d'un peuple meurtri dans son histoire une difficile mais très digne intégration de cette famille dans le monde d'aujourd'hui.

 Un personnage central , Wyatt, jeune orphelin, lui même Cherokee, et porteur d'un extraordinaire optimisme, est accueilli dans cette famille et va bouleverser Maria et son mari, tant il leur rappelle leur fils disparu. Porteur de l'instinct du bonheur et formidable raconteur d'histoire, il convoquera au coeur du récit les esprits de tout un peuple fier et en fort lien avec la nature omniprésente. 

Un texte subtil, d'une grande force évocatrice, provoquant un sentiment d'harmonie exceptionnel en de telles circonstances. 

L'écriture, tout en finesse fait de ce roman un petit joyau poignant et rare.

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Avant ce roman, Brandon Hobson en a déjà écrit trois autres qui n'ont pas été traduits en français ; et c'est bien dommage puisque "Where the Dead Sit Talking" (2018), basé sur ses sept années comme travailleur social auprès des jeunes défavorisés, a été finaliste du National Book Award. Je ne peux donc que saluer, une fois de plus, l'exceptionnel travail de la collection Terres d'Amérique (Albin Michel) qui permet à la littérature autochtone d'être mise en lumière dans toute sa richesse auprès du public français ! Et qui, en l'occurrence, nous propose un roman émouvant qui porte un regard sans concession sur les problèmes de son époque mais sans jamais perdre espoir.

Le 6 septembre est un jour de fête pour la Nation Cherokee qui célèbre l'anniversaire de la ratification de sa Constitution par l'Oklahoma et commémore le Trail of Tears (1831-1838) qui désigne le déplacement forcé des Premières Nations à travers les Etats-Unis, contraintes d'abandonner leurs terres à des colons blancs. Mais le 6 septembre qui nous est raconté est terni par la mort d'un adolescent, Ray-Ray Echota, abattu par un policier. Quinze ans plus tard, sa famille cherche encore à se reconstruire, et l'arrivée du jeune Wyatt en son sein pourrait bien lui offrir l'apaisement qu'elle mérite tant.

Ce livre me paraît essentiel parce qu'il nous rappelle que le racisme systémique de la société américaine touche toutes les communautés de couleur. le meurtre de Ray-Ray, le jugement qui qualifie le tir du policier de "légitime", le surnom "Chef" dont est affublé Edgar pendant ses études, la violence des hommes envers Sonja résonnent comme un grand cri à nos oreilles ; un cri auxquelles se joignent les voix de tout un peuple, génération après génération, pour dire stop aux injustices, à la brutalité et à la haine.
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MAGNIFIQUE
Alors qu'ils ont perdu Ray-Ray, leur fils adolescent victime d'une bavure policière il y a quinze ans, un couple amérindien accepte d'accueillir pour quelques jours en tant que famille d'accueil le jeune Wyatt.
L'esprit de leur fils perdu semble alors de retour dans leur foyer, si bien que Maria et Ernest renouent avec le fil rompu de leur vie, sans chercher à comprendre ce miracle à l'oeuvre.
Sonja et Edgard, la grande soeur et le petit frère de Ray-Ray, cherchent eux toujours leur place dans une existence amputée dès l'enfance, se raccrochant aux signes qu'ils croient percevoir, entre espoir et tristesse.
Un magnifique roman choral à la frontière entre songe et réalité, où leurs ancêtres Cherokee guident les vivants dans la brume de douleur qui les entoure.
Un coup de coeur



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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
On peut apprecier un arbre pour la pureté de sa beauté et n'en attendre rien d'autre. Un arbre peut vivre cent ans sans cesser d'être authentique.
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Le soir du 5 septembre, le dernier de sa courte vie, Ray-Ray s'allongea par terre à côté d'Edgar pour jouer aux Lego. ‘On devrait construire un château, lui dit-il. On pourrait en faire un beau, petit frère.
- Je construis un monstre’, lui répondit Edgar tout excité. Il brandit sa créature et rugit.
‘Petit frère, lui dit Ray-Ray, il y en a déjà assez comme ça dans ce monde.’ (p. 14)
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