Soeur Monika /E.T.A.Hoffmann (1776-1822)
Soeur Monika est une jeune femme retirée dans un couvent probablement suite à un chagrin d'amour ou un problème familial et dans cette première partie, elle raconte à ses amies rassemblées autour d'elle, la vie amoureuse de Louise, sa mère, et de son père le colonel von Halden.
Louise avait le chapelain frère Gerhard pour précepteur, un homme qui assurait ad unguem l'éducation de cette fleur virginale qu'était alors la jeune fille, une ravissante élève qui dans la solitude nocturne de son lit avait déjà la plus grande peine du monde à apaiser de ses doigts les ardeurs éveillées en son être encore impubère par le charme persuasif de ce beau jeune homme de trente ans, lequel n'hésitait pas au besoin à glisser une main sous les jupes de la mère de Louise qui assistait aux séances, raconte Monika. Et la petite Louise, congédiée par le frère Gerhard ne perdait rien des ébats alvins et peccamineux de celui-ci avec sa mère, restant collée au trou de la serrure. Après quoi, bien échauffée, elle courait rejoindre Adolph, le jardinier au thyrse ravageur !
Ainsi Louise, ab initio, fut élevée sans aucun préjugé et vécut de même. Elle entra ensuite chez les soeurs Ursulines jusqu'à l'âge de 14 ans lorsque soudain sa mère mourut. Riche héritière elle subit les hommages assidus de tous les coureurs de dot et autres oisifs de la contrée.
Mariée au colonel von Halden, Louise mena sa vie à sa guise sous le regard bienveillant du colonel qui appréciait la venue d'un lieutenant français pour participer et agrémenter les folles priapées du couple.
Ils eurent une fille, Amalia, future
soeur Monika.
Dans la seconde partie, Monika toute jeunette encore appelée à l'époque Amalia ou Malchen, le diminutif, se voit conduite par sa mère, chez sa tante qui connait une institution pour jeunes filles un peu délurées comme est Amalia. L'institution Chandeluze est ainsi réputée pour offrir tous les déplaisirs. Et la pauvre Malchen ne va pas être déçue du séjour quand tout commence par une séance de flagellation orchestrée par le serviteur Piano mini d'une verge de bouleau redoutablement flexible. Dans la foulée, une fois la fessée administrée, celui-ci relève les jupes de la mère en extase et promène ses doigts de musicien sur le plus beau clavier qu'offre la nature humaine… avant de mettre en action le mâle héritier de sa force ithyphallique devant une assemblée de jeunes filles baissant les yeux pudiquement mais usant sous leur jupe, de leurs doigts avec frénésie… Parmi elles un intrus travesti…Fredegunde , dont plus loin, le récit des aventures amatoires, flamberge au vent, est un grand moment du discours de Monika devant ses soeurs. Au fil du temps, elle apprendra que chaque fois qu'elle s'abandonne à la sensualité, qu'elle s'y prépare ou qu'elle se s'y fait surprendre, il convient de ne jamais renoncer à la décence ni à la grâce. Quoiqu'il en soit, « abusus non tollit usum » !
Ainsi firent connaissance tous les participant à cette entrée en matière et notamment Eulalia et Amalia, deux compagnes de chambre.
Deux années passèrent au cours desquelles les bonnes habitudes perdurèrent notamment au cours de fêtes comme celle des Noces de Cana avec la visite de moines Capucins survoltés.
Plus loin, c'est véritable plaidoyer philosophique que nous offre l'auteur pour défendre la beauté de la femme et disserter sur ce qui est bien et ce qui est mal quand on cède à la séduction et à fortiori au plaisir.
Un petit bijou de deux cents pages écrit dans un style métaphorique et parabolique et une langue du XVIIIe siècle admirable de périphrases délicieuses pour évoquer ces lieux du corps que l'on ne saurait nommer, avec de nombreuses références littéraires, latines, historiques et mythologiques, le tout dans une ambiance de bonheur et d'humour.