Bienvenue dans le Périmonde, territoire violent et sanglant où mourir reste douloureux mais aussi banal que de changer de chemise !
Ariel Holzl replonge dans un univers noir et monstrueux avec de l'humour caustique. Fingus et les soeurs Carmines n'ont qu'à bien se tenir. Et si vous êtes un peu froussard, accrochez-vous.
Une couverture macabre, un résumé qui annonce la couleur : rouge sang, une histoire de famille, des clans qui se cherchent des poux… Envie de changer d'ambiance et de frissonner un peu, j'ai tout de suite eu envie de me plonger dans
Temps mort. Titre qui prend d'ailleurs tout son sens au fil de la lecture. Dès le départ, l'ambiance est donnée même si l'on ne plonge pas tout de suite dans l'horreur. Notre jeune héros Léo me rappelle Fingus avec son côté décalé et sa façon désabusée de voir le monde. Pour sa défense, l'adolescent en a sacrément bavé et se voir catapulter chez son grand-oncle en plein Paris, ville qu'il ne connait pas… cela fait beaucoup à digérer. Mais très vite, Léo va se rendre compte que Théobald n'est pas qu'un excentrique doux-dingue.
Dès que l'élément déclencheur arrive, c'est comme monter dans des montagnes russes. Avec dynamisme et humour noir,
Ariel Holzl nous embarque dans le Périmonde, sorte de Paris souterrain où les habitants sont quelques peu létaux… Et Léo va l'apprendre rapidement à ses dépens. Mais le jeune homme, loin du héros classique, n'a pas grand-chose à perdre, et il décide de prendre cette nouvelle aventure à bras le corps. Pas de
temps mort, justement. L'action et les révélations s'enchaînent nous bombardant d'informations, entre deux morts douloureuses. Mais on y prend goût. L'adrénaline et ce monde étrange sont fascinants, même si on a conscient de l'horreur de la situation. Les secondes chances ont parfois un goût amer… mais on se prend au jeu sans mal, le côté décalé aidant beaucoup.
J'avoue, par contre, avoir eu un peu de mal avec Léo au départ, son côté caustique n'étant pas très sympathique. Et puis on apprend peu à peu à le connaître, et on voit en lui un jeune homme qui a subi beaucoup de pertes, qui essayent de vivre avec la maladie et qui s'est forgé une armure. Il est loin du héros typique mais on le voit rapidement prendre les choses en main avec ses petits moyens, et faire avec ses défauts. Son duo avec Alma a aussi quelque chose de charmant. Pas de faux semblants et une complicité que j'aime particulièrement.
On rencontre également de nombreux autres personnages, tous habitants du Périmonde. Une brochette intéressante, qui malgré un récit assez court, est très bien exploitée. On voit à travers eux toute la complexité et la noirceur de ce monde souterrain. Combien il les a affectés et pervertis d'une certaine façon. L'univers est original et étrange, et parfois digne de vos pires cauchemars.
La narration a quelque chose de déroutant par certains moments, cependant. Puis on saisit les enjeux mais j'avoue que ce choix, surtout à la fin m'a quelque peu rendue perplexe. J'ai un peu de mal à m'imaginer ce que les dernières phrases de Léo impliquent et ce détail mêlé à la rapidité du récit font que j'ai l'impression d'être passée à côté de quelque chose. Cette course contre la montre était à double tranchant pour moi, et c'est en grand partie ce qui explique ma note.
Temps mort m'a remémoré mon adolescence et ces romans horrifiques que je pouvais lire à l'époque comme ceux de Christopher Pike. J'aurais aimé y passer plus de temps au final car il y a tellement à explorer et je n'ai eu l'impression que d'effleurer le Périmonde. J'adorerai avoir une suite, même si clairement le roman clôture très bien le périple de Léo. Encore une fois
Ariel Holzl joue avec le sarcasme et son univers si particulier pour mon plus grand plaisir.